Des marins sur l’océan cosmique

Avec trois représentants de l’aéronavale à bord d’Apollo 12, cette deuxième mission lunaire ne peut être que fortement imprégnée de la culture navale.

A commencer bien entendu, par les indicatifs choisis pour le module de commande et le module lunaire, respectivement Yankee Clipper et Intrepid, deux célèbres navires. Ainsi que le badge de la mission aux couleurs de la Navy, or et bleu, sur lequel un gréement trois mâts, un Clipper, vogue vers la Lune.

La vie des marins sur un navire de guerre est rythmée par divers signaux sonores (clairon, sifflet, sirène, klaxon…) Chaque instrument a bien évidemment plusieurs sonneries en fonction de l’information à transmettre.

Ainsi, un matin, les astronautes sont réveillés par la sonnerie du clairon (Reveille bugle call). A l’heure des repas « Mission Control » leur passe l’appel au clairon correspondant (Mess call).

Les astronautes entendront également le son du sifflet, qui donne l’ordre de nettoyer le pont de la proue à la poupe et de se débarrasser des déchets (Sweepers, man your brooms )

En atteignant l’orbite lunaire, Pete Conrad annonce : « Yankee Clipper avec Intrepid en remorque, sont arrivés à bon port ».

Quelques temps plus tard Conrad rapporte : « Nous sommes tous les trois collés aux hublots à admirer la Lune », il ajoute : « Ce n’est pas l’endroit idéal pour passer son temps de repos».

Pete Conrad utilise le terme vernaculaire liberty qui signifie que le marin n’est pas en service, il est en repos, mais  doit rester « disponible » par opposition au terme leave qui correspond à la permission.

 
[U.S.Navy Slang – NAVSpeak]

Une playmate dans l’espace

Alors que Charles « Pete » Conrad et Alan Bean ont exploré la Lune avec sur leur check-list des images de filles dénudées (cf anecdote « Checklist illustrée« ), Richard Gordon, seul dans le module de commande en orbite autour de la Lune, aura lui aussi, l’agréable surprise, en ouvrant un des compartiments de rangement, de découvrir une playmate, la mutine Miss Août 1967, DeDe Lind.

Contrairement à ses collègues, qui n’ont eu que des photocopies noir et blanc, lui, a eu la chance de pouvoir contempler une photo originale du calendrier Playboy 1969, et bien sûr, on avait choisi la page correspondant au mois de novembre *!

 La page a été collée sur du papier cartonné ininflammable, et fixée à l’aide de velcro dans un compartiment du module de commande. 

Miss Novembre 1967 De De Lind dans l'espace

Miss Août 1967 – DeDe Lind. Crédit photo : 1969 Playboy Playmate Calendar

 * La mission Apollo 12 s’est déroulée du 14 au 24 novembre 1969

Pete Conrad en interview

Peu avant le lancement d’Apollo 12, Pete Conrad reçoit la journaliste italienne Oriana Fallaci, (1929-2006) qui prépare un livre sur le monde de demain, tel que sont en train de le fabriquer les scientifiques et astronautes qui se préparent à aller sur la Lune.

Cet ouvrage s’intitulera If the sun dies.

En guise de préambule, celle-ci le prévient qu’il peut lui dire n’importe quoi, excepté les boniments qu’elle a déjà beaucoup trop entendus, du genre qu’il rêve de voler depuis qu’il est enfant etc…  Sinon elle saute par la fenêtre…

Pete Conrad bondit comme un chat, ouvre la fenêtre et lui dit : « sautez ! »
« Oh non pas vous ! »
« Allez sautez, sautez ! »
Puis l’interview a continué, sur la même veine.

 Pete Conrad était un gars génial !
Sa devise : If you can’t be good, be colorful       

Si vous ne pouvez pas être bon, soyez flamboyant !