« Sur les 73 astronautes sélectionnés, il n’en reste que 39.
Trois sont morts dans l’incendie d’Apollo 1, quatre dans des accidents d’avion, et un à la suite d’un accident de voiture. 26 ont démissionné pour passer de la gloire au secteur privé ou retourner dans l’armée.
Certains se comportent de manière excentrique et troublante, il y a dans cela un aspect quasi mythologique, le héros voyageur de retour dans sa tribu, après avoir volé le feu sacré et affronté de terrifiantes créatures.
Les gens considèrent les astronautes comme les Byrd et les Lindbergh de notre temps.
Comme les priorités du programme spatial changent, il se pourrait bien que les astronautes tels qu’on les connaissait, deviennent une espèce en voie de disparition.
Car il semble que l’astronaute, militaire et as du pilotage, est destiné à être remplacé dans les stations spatiales, par des scientifiques dont l’entrainement sera réduit au stricte minimum, juste pour les expériences et les tâches qu’ils auront à accomplir.
Les astronautes furent les héros voyageurs, essayant de nous unir avec leur vision de la Terre, sphère minuscule, flottant dans un univers infini, avec tous les Hommes comme passagers.
Mais les astronautes n’étaient pas des poètes, et ils ont effectué leurs vols spatiaux alors que la Terre était le théâtre de querelles intestines acharnées, et dont beaucoup de ses habitants décriaient le coût exorbitant de leurs odyssées.
Comme la plupart des héros, ils étaient des versions magnifiées de ce que nous sommes, des hommes audacieux et courageux, avec un féroce esprit de compétition, dont la perspective était plutôt corporatiste voire banale, et dont l’ingénuité était quelquefois profonde.
Leur image, de symbole réconfortant de l’Amérique moyenne, leur a causé du tort. »
Cet article date de décembre 1972 !