Le mardi 12 novembre 1968, se tient une conférence de presse sur la mission Apollo 8, qui se déroule au siège de la NASA, à Washington D.C., en duplex avec les salles de presse des centres spatiaux du Texas et de Floride, et dure un peu plus de trois heures, de 10 h à 13 h 10 très exactement.
Le nouvel administrateur de la NASA, Thomas Paine (1921-1992), qui a succédé à James Webb (1906-1992) le 7 octobre, annonce aux américains l’objectif de la mission Apollo 8, un vol circumlunaire habité.
A ses côtés, Samuel Phillips (1921-1990), directeur du programme Apollo, William Schneider (1923-1999), directeur des missions Apollo, et Alfred Alibrando (1923-2004) du service des relations publiques de la NASA.
Trois jours plus tard, Robert Gilruth (1913-2000), le directeur du Centre des Vaisseaux Spatiaux Habités (Manned Spacecraft Center) près de Houston, reçoit une lettre d’un certain Stewart Atkinson, demeurant dans la petite ville de Darien, dans le Connecticut :
Cher Monsieur,
Je me demande ce qui a bien pu motiver votre décision de vouloir envoyer trois hommes autour de la Lune pendant la période de Noël.
Il ne s’agit en aucune façon d’une entreprise infaillible, et le risque de gâcher les fêtes de Noël de millions d’américains est considérable.
Noël est le moment des insouciantes réunions de famille, où chacun de nous doit pouvoir se raccrocher à ces moments de bonheur qui nous ont tant manqués au cours de cette triste année 1968.
Nous n’avons nul besoin d’un triomphe spatial pour célébrer notre fête préférée, et un échec serait le coup de grâce pour un peuple déjà sonné par les événements de l’année écoulée.
Comme des millions d’américains j’ai été enchanté par les succès du programme spatial… Mais je suis convaincu que les américains préféreraient de loin, que la mission soit reportée d’un mois, si elle s’avère indispensable.
Cordialement,
Stewart Atkinson