Le 13 septembre 1969 le président Richard Nixon, et le vice-président Spiro Agnew qui dirige le Conseil National de l’Aéronautique et de l’Espace, remirent aux astronautes Neil Armstrong, Michael Collins et Edwin Aldrin, la Médaille présidentielle de la Liberté avec distinction (Presidential Medal of Freedom with Distinction), qui est la plus haute décoration civile américaine… Neil Armstrong eut du mal à retenir ses larmes lorsqu’il s’adressa à l’assemblée…
Le président et l’administrateur de la NASA décidèrent de récompenser également toute l’équipe des opérations de la mission (Apollo 11 Mission Operations Team). C’est un certain Steve Bales, contrôleur de vol, GUIDO, spécialiste informatique du LM, qui accepta la Group Achievement Award de la NASA (récompense décernée à un groupe s’étant distingué par sa compétence, son action décisive). C’est Steve Bales qui avait donné le « Go » pour l’atterrissage sur la Lune, en dépit des alarmes 1201 et 1202 qu’affichait l’ordinateur de guidage du LM…
Revenons quelques jours en arrière, le 5 juillet 1969, ce jour-là, Richard H. Koos, le superviseur des simulations (SimSup), du centre de contrôle, responsable de l’entrainement des contrôleurs et directeurs de vols, demande à ses techniciens de « charger » le scénario n° 26 dans les simulateurs.
Il s’agissait de tester « l’équipe blanche », celle de Eugene « Gene » Kranz, celle-là même qui sera à pied d’œuvre lors de l’atterrissage d’Apollo 11.
Avec un petit sourire malicieux il dit à son équipe « Ok, que chacun se tienne prêt, nous n’avons jamais simulé cette éventualité, il faut que nous ayons un timing extrêmement rigoureux »
La simulation commence pour l’équipe de Gene Kranz… à trois minutes du début de la séquence d’atterrissage du LM, le diabolique Richard Koos, abat son Joker… « Voyons voir ce qu’ils savent des alarmes générées par le programme informatique ! »
La première alarme à laquelle l’équipe de Kranz doit réagir a le code 1201… Steve Bales, l’expert informatique de LM, ne connait pas cette alarme, il n’en a jamais entendu parler, Bales consulte son manuel : « 1201 = Executive Overflow », l’ordinateur est saturé d’informations, mais les conséquences de cette surcharge de données que l’ordinateur n’est pas capable de traiter, lui sont inconnues…
Steve Bales n’a aucune instruction quant à la conduite à tenir, il ne comprend pas car en dépit de cette alarme, tout se passe normalement, le LM continue à fonctionner normalement.
Steve Bales appelle alors Jack Garman, un expert informatique spécialisé dans les programmes qui ne lui apprend rien de plus qu’il ne sait déjà. Après moult tergiversations, complètement désemparé il dit à Kranz : « Il faut interrompre, arrêter la mission » (Abort).
Kranz passe le message au CapCom, Charlie Duke, qui dit aux astronautes Scott et Irwin d’interrompre la mission.
Lors du débriefing, Richard Koos ne mâcha pas ces mots, « En aucun cas, il fallait interrompre la mission, vous auriez du continuer », s’adressant à Bales ; « Tu as pris la mauvaise décision, ça m’a désagréablement surpris ! »
Il s’en prit ensuite à Kranz en lui disant qu’il avait outrepassé une règle fondamentale du contrôle de mission, il faut deux avis, avant d’interrompre une mission !
Les jours suivants, Richard Koos, les fit travailler exclusivement sur les alarmes informatiques…
Le 11 juillet, Steve Bales et Jack Garman ajoutèrent une nouvelle règle à leur cahier de procédures, référencée 5-90, article 11 : « La descente propulsée (du LM) sera interrompue si l’ordinateur de guidage affiche les alarmes suivantes, 105, 214, 402, 430, 607, 1103, 1107, 1204, 1206, 1302, 1501 et 1502 »
Les alarmes 1201 et 1202 ne font pas partie de cette liste… Jack Garman ne manquera pas de s’en souvenir… merci monsieur Koos !
Curieusement, Armstrong et Aldrin n’ont pas été mis au courant des résultats de ces simulations, avant leur vol !
Cela leur aurait évité une décharge supplémentaire d’adrénaline dont ils se seraient certainement bien passés !