En février 1984, la NASA a utilisé un nouveau système pour identifier les vols de sa navette spatiale, une codification plutôt déroutante pour le profane… Ainsi, après la mission STS-9, nous avons la mission… STS-41B.
D’aucuns prétendent que le syndrome Apollo 13 est passé par là, certains crédules auraient vu approcher avec une certaine anxiété le vol STS-13, un peu comme dans les maternités où il n’y a pas de chambre 13 mais une 12 bis !
Cette nouvelle identification conserve bien entendu le sigle STS pour Space Transportation System, qui est la dénomination officielle du « programme navette spatiale », même s’il n’est plus explicité dans le manifeste des missions. On parle désormais de mission 41-B, mission 41-C, etc.
Le premier chiffre représente l’année fiscale au cours de laquelle le lancement est planifié, ou plus précisément, budgétisé. (Aux Etats-Unis l’année fiscale commence le 1er octobre). Il convient de préciser que la première année fiscale correspond à l’année où la navette a effectué son premier vol. Cela simplifie grandement les choses !
Prenons un exemple concret, le 4 de STS-41-B correspond à la quatrième année fiscale depuis le premier vol de la navette, le premier vol ayant eu lieu en 1981 la réponse est 1984. Si le premier vol d’une navette avait eu lieu en 1983 la quatrième année fiscale du programme navette aurait été 1986 !
Le hasard ayant voulu que le premier vol intervienne en 1981, le calcul pour obtenir l’année fiscale réelle, s’en trouve d’autant simplifié, enfin jusqu’à un certain point. Si ce système avait perduré nous aurions pu avoir une mission STS-301A (vol prévu pour la 30ème année fiscale depuis le premier vol en 1981 : soit 2010)
Le deuxième chiffre correspond au site de lancement, 1 pour le Centre Spatial Kennedy et 2 pour le Centre de Lancement de la base aérienne de Vandenberg (Une base militaire située en Californie qui aurait permis à la navette d’atteindre une orbite polaire, nécessaire au déploiement des satellites espions militaires qui ont la taille du télescope Hubble)
La lettre correspond à la séquence chronologique prévue, par rapport au lieu du lancement.
Il y a eu la mission STS-61-A, (le premier vol depuis le Centre Spatial Kennedy, de la sixième année fiscale depuis le début du programme) qui s’est déroulée du 30 octobre au 6 novembre 1985 – (année civile 1985, année fiscale 1986) et il aurait dû y avoir en mars 1986 une mission 62-A (le premier vol depuis le Centre de Vandenberg, de la sixième année fiscale depuis le début du programme).
Après l’accident de Challenger tous les lancements prévus à partir de Vandenberg ont été définitivement annulés.
Ainsi si l’on applique la règle ci-dessus :
STS-41B : 4 = mission prévue pour la quatrième année fiscale depuis le début du programme navette en 1981, soit 1984.
1= Lancement effectué du Centre Spatial Kennedy
B= deuxième vol prévu du Centre Spatial Kennedy cette année
STS-272D : 27 = mission prévue pour la vingt-septième année fiscale depuis le début du programme en 1981, soit 2007
2= Lancement effectué de Vandenberg.
D= quatrième vol de Vandenberg prévu cette année
Ce système de numérotation était parfait pour les comptables de la NASA, mais totalement abscons pour le public, d’autant plus qu’aux Etats-Unis l’année fiscale est décalée par rapport à l’année civile, et puis parce que le calendrier prévisionnel est rarement respecté.
Après l’accident de Challenger la NASA est revenu à l’ancien système qui, s’il permet de connaître le nombre total de vols, ne permet pas non plus de dresser une liste chronologique des missions.
Ainsi par exemple après la mission STS-36 lancée le 28 février 1990, nous avons la mission… STS-31 lancée le 24 avril… Ou encore STS-95, avec John Glenn, du 29 octobre au 7 novembre 1988, suivi par la mission STS-88 (premier module de la Station Spatiale Internationale) du 4 au 15 décembre de la même année.