Wernher von Braun affectionnait particulièrement les tests statiques des moteurs fusées pour impressionner les visiteurs de son Centre Spatial Marshall.
A l’origine, les visiteurs se rendaient dans des blockhaus sombres et lugubres, dans lesquels ils observaient le spectacle à travers d’épaisses vitres blindées et d’énormes murs qui les entouraient.
Bien que proches du banc d’essai, ils ne pouvaient sentir ni la chaleur ni les vibrations. Von Braun n’aimait pas ça du tout, la démonstration perdait tout son intérêt. Il suggéra alors de construire un bunker semi-ouvert, un peu plus loin.
Ce blockhaus prit le sobriquet de « Promontoire Heimburg » du nom du directeur du laboratoire d’essais, Karl Heimburg.
Certains, moins respectueux envers les VIP, l’appelaient » l’étable « .
Le nouveau blockhaus pour visiteurs de marque, était équipé d’une meurtrière horizontale et était ouvert sur l’arrière. Lors des tests suivants, les personnalités ne furent pas seulement impressionnées, mais littéralement terrifiées.
Le bouche à oreille faisant son effet, on vit soudainement se presser au Marshall toutes sortes de politiciens venus de la Capitale, souhaitant assister à l’un des spectacles-de-feu-et-de-fumée de von Braun.
Postés à 1 800 mètres du banc d’essai, les visiteurs avaient l’occasion de vivre une expérience unique et inoubliable, le choc de leur vie, l’allumage des cinq moteurs F-1 du S-1C, le premier étage de la fusée Saturn V, qui génère une puissance monstrueuse de 160 millions de chevaux.
Le spectateur était aveuglé par l’éclat des flammes, sentait le sol trembler sous ses pieds, avait la cage thoracique oppressée par les vibrations, entendait un grondement sourd, puis un raz de marée de décibels, et pour finir, recevait le souffle et sa chaleur en plein visage.
Une expérience quasi mystique. Il fallait quelques minutes pour s’en remettre physiquement.
Dans l’arsenal des outils de communication dont disposait Wernher von Braun, celui-ci était de très loin le plus efficace.