Au début des années 60, Sergueï Korolev est dans son bureau avec l’une de ces assistantes, Antonina Otrieshka. Après avoir longuement contemplé une photo de Wernher Von Braun, à la une d’un journal américain *, il fait la réflexion suivante : « On devrait être amis »
Voilà une remarque plutôt étonnante…
Il est vrai que l’on peut noter de nombreuses similitudes entre les deux hommes.
Ils ont chacun commencé à s’intéresser aux fusées au début des années 30, ils ont tous les deux été des leaders, ô combien charismatiques, et de fervents avocats de la conquête spatiale habitée, ils ont commencé leur carrière en travaillant sur les applications militaires des fusées.
Même leur fin sera similaire, puisqu’ils décèderont tous les deux, des suites d’un cancer du colon, Korolev à 59 ans, von Braun à 65 !
D’aucuns le considèrent comme l’équivalent soviétique de Wernher von Braun, je ne suis pas tout à fait d’accord, car le rôle de Korolev dans le programme spatial soviétique était très largement supérieur à celui de von Braun aux Etats-Unis, rien de comparable.
Korolev était le véritable maître d’œuvre, l’architecte du programme spatial soviétique, il supervisait tout, du choix de la forme sphérique du premier satellite artificiel, Spoutnik, au choix du premier homme dans l’espace. Il faisait même office de « CapCom » lors du vol de Youri Gagarine. Ses responsabilités étaient autrement plus étendues. Il était omniprésent.
A la différence de von Braun, raisons d’état oblige, Korolev est resté dans l’ombre et l’anonymat jusqu’à sa mort en 1966.
Le nom du mystérieux Constructeur Principal n’a été révélé qu’à ce moment-là. Triste sort pour cet homme exceptionnel !
Ah si Korolev et von Braun avaient pu être amis !
* Korolev avait un service de traduction qui lui traduisait les journaux et publications américaines spécialisées.