Quel est le point commun entre ces cinq dates ? Le 27 novembre 1963, le 24 décembre 1979, le 29 janvier 1984, le 13 août 1986, et le 15 mai 1987 ?
C’est l’hydrogène liquide ! Il s’agit en effet des dates auxquelles, respectivement, les Etats-Unis, l’Europe, la Chine, le Japon et l’Union Soviétique ont lancé avec succès une fusée comportant au moins un étage dont le ou les propulseurs utilisaient de l’hydrogène liquide en guise d’ergol.
Le mélange LOX-LH2 reste à ce jour le plus performant en propulsion chimique puisqu’il fournit entre 35 à 40 % de puissance supplémentaire que toute autre combinaison d’ergols. Mais les moteurs sont coûteux à développer et le stockage du carburant est complexe compte tenu de la température d’ébullition de LH2 : –253°C ! (70 °C de moins que l’oxygène liquide)
En dépit de ces défis techniques les ingénieurs américains ont persévérés, un choix qui s’est avéré gagnant.
Voici un exemple éloquent des performances du couple LH2-LOX.
Le premier missile balistique intercontinental soviétique, la R7 ou Semiorka (dont le code GRAU* est 8K71 et dont le code OTAN est SS-6 Sapwood) avait un premier étage qui développait une poussée au niveau de la mer 67% supérieure au premier ICBM américain, l’Atlas.
Pour en faire leur premier lanceur de satellite (le A1 – ou 8K71PS selon le code GRAU), les soviétiques ont ajouté un étage supplémentaire alimenté en kérosène, les américains quant à eux ont ajouté à l’Atlas un étage « Centaur » propulsé par deux moteurs RL-10 brûlant un mélange d’oxygène et d’hydrogène liquide.
Ainsi, en dépit d’un premier étage n’ayant qu’un tiers de la poussée de son « homologue » soviétique, l’Atlas équipée d’un deuxième étage Centaur avait une capacité de satellisation égale à 94 % de celle de la version A1 de la R7 !
24 ans après les américains, les soviétiques utilisent l’hydrogène liquide sur le lanceur Energia, devenant le cinquième membre de ce club très fermé.
* Code GRAU sur Wikipédia.