Henri Landwirth avait 13 ans lorsqu’il fut déporté avec ses parents. Ces derniers mourront dans un camp de concentration, son père exécuté d’une balle dans la tête.
Il émigra aux Etats-Unis en 1947 avec 20 dollars en poche, et devint le gérant du Starlight Hôtel qui était en 1957, le seul hôtel de Cocoa Beach.
Très vite cet établissement, dans lequel il y avait également une boulangerie et un café devint le « centre social » de ce qui n’était qu’une toute petite ville à l’époque, environ 6 000 âmes.
Même en été, il porte des t-shirts à manches longues, intrigué John Glenn lui demande pourquoi, il remonte alors sa manche et découvre un numéro tatoué sur son avant-bras gauche: B4343.
Il s’agit du numéro d’identification que les tortionnaires nazis tatouaient sur les déportés qui entraient à Auschwitz… Lui n’était qu’un enfant à l’époque !
John Glenn lui dit alors « Tu devrais en être fier. Si j’avais ce tatouage, je le montrerai, un peu comme une Médaille d’Honneur du Congrès ! ».
A compter de ce jour, il porta des t-shirts manches courtes, et considéra ce numéro non comme une infamie mais comme une sacrée revanche sur la vie !
Au début, lorsque les astronautes venaient au cap, ils logeaient dans le Hangar S, un bâtiment de trois étages, en béton, dans lequel on avait aménagé quelques chambres austères.
Au rez-de-chaussée, il y avait les cages des « astrochimps » Ham, Enos etc… Dur pour un astronaute de regagner sa chambre en passant devant les singes qui iraient dans l’espace avant lui !
A force de mette la pression, les astronautes finirent par obtenir l’autorisation de la NASA de loger au Starlight.
Lorsque quelques années plus tard Landwirth prit la direction du Holiday Inn, tous les astronautes le suivirent.
Peu après, le Starlight fut détruit par un incendie. Landwirth fut soupçonné un instant, mais très vite les experts conclurent qu’un câble électrique défectueux était à l’origine du sinistre…
Plusieurs chambres étaient réservées pour les astronautes, à l’année, au prix ridiculement bas de 1 dollar la nuit ! Mais quelle publicité pour l’établissement, le Holiday Inn devint très vite l’endroit à la mode, l’endroit où il fallait être.
Landwirth eut toujours des relations très privilégiées avec les astronautes, car il protégeait leur vie privée et était aux petits soins… il était leur ami !
Henri Landwirth et son nouveau « tableau d’affichage » quelques jours avant le vol d’Alan Shepard
L’hôtel et sa piscine devinrent le théâtre de blagues mémorables…
– Pour lui faire une petite farce, John Glenn avait fait un scandale à la réception, devant des clients ahuris, car il n’y avait soit disant aucune serviette de bain dans sa chambre… Landwirth lui rendit la monnaie de sa pièce, lors de son séjour suivant, il avait mis tellement de serviettes dans la chambre de Glenn, qu’il put à peine y entrer…
– Un jour Gordon Cooper mis quelques poissons dans la piscine, s’est assis sur le plongeoir, une canne à pêche à la main, Landwirth était hilare jusqu’à ce que les poissons, tués par le chlore, sont remontés à la surface le ventre à l’air !
– Une autre fois, Shepard, qui était allé à la chasse aux alligators, en jeta un vivant dans la piscine, en hurlant dans l’hôtel « Il y a un alligator dans la piscine ! »…
– Un officiel de la NASA qui voulait « baptiser » son nouveau voilier, ne put le faire ce jour là, en raison des conditions météo, peu importe dit Shepard, on va le mettre dans la piscine et on le baptisera là-bas… ce qui fut fait !