Le 17 juillet 1975, lors de la mission Apollo-Soyouz, américains et soviétiques portent un toast dans l’espace…
En 1965, à l’occasion du XVI° Congrès International d’Astronautique, qui s’est déroulé à Athènes du 12 au 18 septembre, les astronautes Charles Conrad, Gordon Cooper et Donald Slayton rencontrent les cosmonautes Alexeï Leonov et Pavel Belyayev.
Des entrevues qui s’avèrent extrêmement cordiales.
Lors d’une réception, Slayton confie à Leonov qu’une coopération spatiale est nécessaire entre les deux pays. Quant à Leonov, lors d’un discours prononcé un peu plus tard, il émet le souhait : « … qu’un jour dans le futur, nous trinquions ensemble à bord d’un vaisseau spatial soviéto-américain… »
Ce qui semblait n’être qu’un vœu pieux se réalise dix ans plus tard.
Lors des préparatifs de la mission Apollo-Soyouz, astronautes et cosmonautes ont eu l’occasion de trinquer en de nombreuses occasions, lors de leurs multiples visites respectives en URSS et aux Etats-Unis, et ils plaisantaient souvent sur le fait de savoir s’ils pourraient ou non porter un vrai toast russe dans l’espace.
Le 17 juillet 1975, alors que Thomas Stafford et « Deke » Slayton sont à bord de Soyouz (Vance Brand surveille les systèmes d’Apollo), Alexeï Leonov propose de porter un toast avant le repas, Slayton lance alors : « Alexeï, il y a 10 ans tu m’as promis une vodka à bord de notre vaisseau international ! »
N’attendant que ça, Leonov propose à ses convives des tubes sur lesquels ont peu lire « Vodka Russe », « Vodka Stolichnaya », (la marque de vodka la plus célèbre en Russie) à la grande stupéfaction des astronautes.
Stafford et Slayton commencent par refuser, l’alcool est strictement interdit, mais devant l’insistance de Leonov, pour qui il est impensable de déroger à cette coutume ancestrale, ils finissent par capituler.
Chacun lève donc son tube à la santé des autres ; « Cheers ! », « Za vas ! », « Za tvoyo zdorovie ! »…
Mais, déception, le breuvage attendu n’est pas celui qualifié de « don de Dieu au peuple russe, le seul à même de réchauffer l’âme russe au cœur des hivers les plus rudes » mais du « borchtch », un potage traditionnel slave (fabriqué en Estonie pour le programme spatial soviétique).
Le facétieux Leonov avait recouvert les étiquettes de quelques tubes de soupes, et de jus de cassis, pour cette très sympathique plaisanterie…
Pas de vodka, mais qu’importe, car comme le rappelle malicieusement et très justement Alexeï Leonov : « C’est l’intention qui compte ! »