Joseph Fielding Smith, l’Homme n’ira jamais dans l’espace

Dans un article de la série « Answers to Gospel Questions » (Réponses aux questions sur l’Évangile, Salt Lake City, 1953), Joseph Fielding Smith Jr. (19 juillet 1876 – 2 juillet 1972) alors Président du Collège des douze apôtres, qui dirigera l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Mormons) à partir du 23 janvier 1970, avait écrit : 

« Il est très peu probable que l’homme ne puisse jamais fabriquer un instrument ou un vaisseau pour voyager dans l’espace et visiter la Lune ou toute planète lointaine. »

En 1961, lors d’une conférence à Hawaii, il enfonce le clou :

« Nous n’enverrons jamais un homme dans l’espace. Cette Terre est la sphère de l’homme et il n’a jamais été prévu qu’il s’en éloigne. La Lune est une planète au-dessus de la Terre et il n’a jamais été prévu que l’homme s’y rende. Vous pouvez l’écrire dans vos livres, cela n’arrivera jamais. »

Interrogé sur ses affirmations en 1970, il a bien dû admettre qu’il s’était lourdement trompé.

En septembre 1971, dix mois avant sa mort, les astronautes de la mission Apollo 15 lui ont offert un drapeau de l’Utah, le siège de l’église mormone se trouve à Salt Lake City, ayant fait le voyage avec eux, sur la surface de Lune.

Joseph Fielding Smith

Wernher von Braun et Arthur Valentine Cleaver

Arthur Valentine « Val » Cleaver. Circa 1955. Crédit Photo : British Interplanetary Society.

Lors de l’un des très nombreux échanges épistolaires entre Wernher von Braun et Arthur Valentine « Val » Cleaver de la British Interplanetary Society, ce dernier lui envoie une copie de son article pour le magazine Spaceflight, intitulé “Russian Rocketry at Paris Air Show”, consacré au pavillon spatial soviétique du Salon du Bourget de 1967, pour lui demander ce qu’il en pense. Officiellement le 27e Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace, qui s’est tenu du 26 mai au 4 juin 1967.

Les soviétiques avaient notamment exposé une maquette grandeur nature de leur lanceur Vostok.

Maquette grandeur nature du lanceur Vostok au Salon du Bourget 1967. Crédit photo : Patrick Roger-Ravily (1945-2009).

Cleaver ne manque pas de féliciter son ami pour le premier vol de la Saturn V (9 novembre 1967) qu’il qualifie de « Jolly Good Show » ainsi que le 25e anniversaire « d’une date clef dans le chemin vers l’espace », le premier vol d’une fusée A4 (3 octobre 1942).

Les remarques amicales mais très pointues de Wernher von Braun vont tenir sur pas moins que 11 pages.

C’est ainsi par exemple que dans son article, Cleaver mentionne la poussée au décollage de la fusée Vostok.

Le commentaire de Wernher von Braun : « As-tu tenu compte des effets de la température ambiante en Union Soviétique au moment du lancement, sur la poussée au décollage ? Un différentiel de 40°F (NdT : 4,4 °C) réduit la poussée au décollage de la Saturn I américaine de plus de 50 000 lb. » (NdT : 22,6 tonnes. Les 8 moteurs H1 de la Saturn I avaient une poussée combinée au décollage de 680 tonnes. Un différentiel de 3,3 %).

La réponse très franche de Val Cleaver : « Je n’avais pas pris en considération les effets de la température au moment du lancement, sur la poussée au décollage, mais c’est une remarque intéressante. »

Michael Collins seul comme aucun terrien ne l’avait jamais été

Michael Collins, (31 octobre 1930 – 28 avril 2021) seul en orbite autour de la Lune lors de la mission Apollo 11, pendant que Neil Armstrong (5 août 1930 – 25 août 2012) et Buzz Aldrin (né le 20 janvier 1930) sont sur la Lune, reste, à chaque révolution (14), environ 47 minutes sans voir la Terre et sans pouvoir contacter le Contrôle de Mission.

Alors que Michael Collins se trouve en quarantaine avec ses deux coéquipiers, il reçoit une lettre :

« Quelle magnifique expérience ce dut être, seul à contempler un autre corps céleste, tel un dieu de l’espace !  Il existe un degré de solitude, que l’on ne peut pas appréhender si on ne l’a pas vécu. Vous avez fait l’expérience d’une solitude qu’aucun Homme avant vous n’avait jamais connue. Je pense que vous allez vous rendre compte, que cela vous permet désormais de raisonner et de percevoir les choses avec beaucoup plus d’acuité. »

L’auteur de la missive a lui aussi connu une immense et longue solitude physique pendant les 33 heures et trente minutes qu’a duré sa traversée de l’Atlantique, de New-York à Paris, du 20 au 21 mai 1927 ; il sait de quoi il parle. Il s’agit bien évidemment de Charles Lindbergh (4 février 1902 – 26 août 1974).

Charles A. Lindbergh qui écrira la préface de l’éblouissante autobiographie de Michael Collins intitulée « Carrying the Fire », dont la première édition date de 1974 (cinquième anniversaire d’Apollo 11), parue quelques semaines avant son décès.

« Je savais que j’étais seul, comme aucun terrien ne l’avait jamais été. »

« I knew I was alone in a way that no earthling has ever been before »

Michael Collins in « Carrying the Fire ».