Le sapin de Noel d’Harrison Schmitt

Le 15 décembre 1970, Harrison Schmitt se rend à la base aérienne de Dover dans un T-38, car il doit effectuer les essayages de sa combinaison spatiale chez le fabricant, ILC. La ville de Dover dans le Delaware se trouve à quelque 2 100 km de Houston à vol d’oiseau.

A ce moment-là, Harrison Schmitt fait partie de l’équipage remplaçant (back-up crew) de la mission Apollo 15, la quatrième mission sur la surface de la Lune, qui s’est déroulée du 26 juillet au 7 août 1971.

La salle qui sert aux essayages est surnommée « Astronaut Heaven » (Le Paradis des astronautes).

En quittant les locaux d’ILC, il demande à brûle-pourpoint si quelqu’un peut l’aider à couper un petit sapin dans la forêt avoisinante, car il est trop tard pour qu’il puisse en trouver un à Houston. Ralph Armstrong va s’acquitter de la tâche, et ramène Harrison Schmitt et son arbre de Noël à la base aérienne.

Il se rappelle avoir eu du mal à faire entrer le conifère dans la soute non pressurisée du T-38.

Harrison Schmitt révèlera que son plan ne s’est pas déroulé comme prévu, car peu après avoir installé le sapin chez lui, ce dernier a perdu toutes ses aiguilles. Le froid extrême en altitude, a certainement été la cause de son dessèchement prématuré.

John Young donne des sueurs froides au fabricant des combinaisons spatiales

John Young, commandant de la mission Apollo 16, avait décidé de ne pas utiliser le collecteur d’échantillons, mais de ramasser les roches lunaires à la main.

Ce faisant, lors des entrainements, il devait souvent se baisser, fléchir les jambes, ce qui exerçait une contrainte continue et inhabituelle sur la combinaison. Il a donc fallu adapter les tests de qualification de cette dernière.

Young adorait tester le matériel jusqu’aux limites de ses performances.

Après de multiples simulations, John Young avait réussi à déterminer la meilleure façon de fléchir les jambes et positionner son corps pour atteindre une pierre avec la main, mais à force de se baisser, le câble de maintien au niveau de la partie inférieure du torse, qui permet à l’ensemble de la combinaison de garder son intégrité, a fini par céder.

Cet incident fit naître de graves inquiétudes à tout le monde ; la NASA, ILC le fabricant de la combinaison, et bien sûr les astronautes…

Des modifications furent apportées à la combinaison, mais au final, les ingénieurs décrétèrent que John Young ne pourrait pas faire subir les mêmes contraintes à la combinaison, dans un environnement à la gravité six fois plus faible que sur Terre.

En définitive, Young se servit presque exclusivement du collecteur d’échantillons.

Donald Slayton amputé accidentellement d’une phalange

Alors qu’il a cinq ans, dans la ferme familiale située à moins de deux kilomètres de la toute petite ville de Leon, dans le comté de Monroe au Wisconsin, Donald Slayton, « Don », suit son père Charles sur sa faucheuse à foin, tirée par deux chevaux.

De temps à autre la barre de coupe, victime de bourrage doit être débloquée, pour ce faire il faut arrêter les chevaux et leur faire faire un pas en arrière, puis enlever l’herbe qui coince le mécanisme. S’agissant d’un modèle mécanique c’est le mouvement des roues qui actionne la scie.

Charles Slayton vient d’arrêter les chevaux lorsque Donald voulant aider, approche la main de la barre, c’est à ce moment-là que les chevaux reculent, et que cette dernière se remet en action, sectionnant net la phalange proximale de son annulaire gauche.

Il s’en sort plutôt bien, le bambin aurait pu se couper tous les doigts de la main !  

Treize ans plus plus tard, en août 1942, à l’âge de 18 ans, il se retrouve à San Antonio au Texas pour subir des examens médicaux afin d’incorporer la formation de pilote d’avion militaire.

Sa santé est parfaite, le seul problème, sa phalange manquante, il va surement être recalé.

Les médecins vérifient la règlementation de l’armée de l’air, et découvrent à leur grande stupéfaction, que l’annulaire de la main gauche si l’on est droitier (ou l’annulaire de la main droite si l’on est gaucher), est le seul doigt amputé qui ne pose aucun problème. L’armée de l’air a décidé qu’il s’agit du seul doigt « inutile » !

Une sacrée veine pour Donald Slayton, qui obtiendra ses ailes de pilote en avril 1943.

Le vendredi 2 avril 1959, il apprend qu’il fait partie du groupe des sept premiers astronautes.

Donald Slayton portera son alliance sur l’auriculaire.

Donald « Deke » Slayton à droite, en compagnie de Thomas Stafford lors de la mission Apollo-Soyouz

Anecdote dans l’anecdote : En 1979, alors que Neil Armstrong travaille dans sa ferme, il s’arrache une phalange, lorsque son alliance se coince dans un élément de la ridelle de la remorque de son tracteur, au moment où il saute à terre. Avec sang-froid, il récupère le bout de son annulaire, le met dans de la glace, et se rend à l’hôpital où les chirurgiens vont pouvoir lui recoudre.