Apollo 11, le disque de silicium

Outre les 73 messages de Chefs d’Etat étrangers, le disque de silicium d’ Apollo 11 contient un message du Président des Etats-Unis en exercice, Richard Nixon.

Il renferme également des extraits de discours, bien évidemment en relation avec la conquête de l’espace, prononcés par les anciens Présidents ; Eisenhower, Kennedy (le célébrissime « I believe this nation… ») et Johnson.

Il y a également les listes des leaders du Congrès, des membres des quatre comités et sous-comités de la Chambre des Représentants et du Sénat, de tous les Administrateurs de la NASA depuis sa création.

Et bien sûr, et des principaux responsables de la NASA, Wernher von Braun, Kurt Debus, Robert Gilruth, Samuel Phillips etc.

Tous ces messages ont été photographiés, et la photo ainsi obtenue a été réduite 200 fois.

Cette dernière a été transférée sur du verre qui a été utilisé comme un masque (un pochoir) à travers lequel on a envoyé de la lumière ultra violette afin que le message s’imprime sur une fine pellicule de résine photosensible déposée sur la surface du disque.

Les lettres minuscules ont une épaisseur quatre fois inférieure à celle d’un cheveu humain.

Après un processus ultra secret, connu que par une poignée de personnes, le disque est lavé à l’acide hydrofluorique pour finaliser la gravure. (cf Lithophotographie)

Le brevet déposé pour cette invention réalisée en trois semaines par John Sprague, Robert Pepper, Eugene Donovan, Frederick Howe, porte le numéro 3 607 347 (U.S patent)

Tous les espoirs de l’Humanité sur un minuscule disque de silicium !

En juin 1969, la NASA a l’idée de collecter les messages de bonne volonté, émanant de chefs d’état étrangers, pour les déposer sur la Lune.

Cette suggestion de dernière minute, est un pari plutôt risqué compte tenu de l’hostilité que certains états nourrissent à l’encontre des Etats-Unis, ou de sa politique étrangère.

L’Administrateur de la NASA, Thomas Paine, et le secrétaire adjoint du département d’Etat (l’équivalent de notre ministère des affaires étrangères) Alexis Johnson, en discutent par téléphone le 27 juin (le décollage est prévu pour le 16 juillet !).

Un fait unique dans les annales, la NASA est autorisée à contacter les délégations étrangères, pour demander si leur chef d’état souhaite faire parvenir un message, qui sera déposé sur la surface de la Lune lors de la mission Apollo 11.

Sur les 116 requêtes que la NASA a envoyées, il y a eu 81 réponses dont 73 messages. La France n’en a pas envoyé ou trop tard, Georges Pompidou venait d’être élu Président de la République le 15 juin !

Ces messages sont gravés sur un minuscule disque de silicium de 3,8 cm de diamètre fabriqué en moins de trois semaines par la société Sprague Electric Company * !  Un disque, dont la durée de vie sur la Lune se compte en milliers d’années. Les messages peuvent être lus avec un petit microscope grossissant une centaine de fois.

Un premier disque est livré à la NASA le 6 juillet, mais le 9 la NASA demande si on peut ajouter d’autres messages reçus entre temps, on fait donc graver un deuxième disque que la NASA recevra le 11 juillet, soit seulement 5 jours avant le décollage !

17 exemplaires de ce disque auraient été réalisés pour être offerts à des employés de la société, à des personnalités politiques dont bien évidemment les Présidents Nixon et Johnson et à des astronautes et des dirigeants de la NASA.

*  Déjà contractant de la NASA – environ 53 000 composants du vaisseau Apollo ont été fabriqués par Sprague, une société qui n’existe plus aujourd’hui.

Disque de Silicium Apollo 11

Une pièce de 50 cent (à l’effigie du Président Kennedy !) donne l’échelle du « Apollo 11 Silicon Disc » (3,8 cm de diamètre)

Le disque oublié

Le disque de silicium sur lequel sont gravés, entre autre, les messages de bonne volonté de 73 chefs d’état  qui a été déposé sur la surface de la Lune lors de la mission Apollo 11 a bien failli ne pas l’être…
Le minuscule, mais ô combien symbolique, disque a été placé dans une pochette en « Beta cloth » (tissu ininflammable, qui recouvre notamment les scaphandres spatiaux, développé après la tragédie Apollo 1) laquelle contient également un petit rameau d’olivier en or, symbole universel de paix, un écusson de la mission Apollo 1, deux médailles commémoratives soviétiques à l’effigie des cosmonautes décédés, Youri Gagarine, et Vladimir Komarov, ramenées d’Union Soviétique par Frank Borman.
Aldrin a rangé cette pochette et son contenu dans une poche située au niveau de l’épaule gauche de sa combinaison. (Penlight pocket)
Apollo-11- Disque de Silicium
La première exploration de la surface de la Lune touche à son terme, Buzz Aldrin doit réintégrer le LM, (Mission Elapsed Time 111:36:38), il a déjà gravi la moitié de l’échelle, lorsque Neil Armstrong  lui demande « innocemment » s’il a pensé à déposer le paquet qui se trouve dans une de ses poches.
Comme il s’y attendait, Aldrin répond par la négative. Pressé par le temps, il ne peut redescendre, il extrait donc de sa poche le petit sac et n’a pas d’autre alternative que de le lancer vers son commandant en contrebas.
Sur la Lune la gravité étant six fois moindre que sur Terre, le sac tombe doucement sur le sol, juste à la droite de Neil Armstrong qui, dans l’impossibilité de le ramasser avec la main en raison de la rigidité du scaphandre, le pousse délicatement… du pied, pour le placer un peu plus loin !
Le plan de vol était si dense et tellement  complexe que les astronautes sont passés complètement à côté de cette commémoration décidée, il est vrai, à la dernière minute et pour laquelle il n’y a jamais eu de répétition.
Dommage, le disque et les autres objets auraient mérité d’être déposés sur la Lune avec un peu plus d’égards, c’est le moins que l’on puisse dire !
Protégé par une boite en aluminium sur mesure et la pochette en « Beta cloth », le disque n’a certainement pas été endommagé. (A moins bien sûr qu’en se débarrassant des PLSS, l’un d’eux soit malencontreusement tombé dessus !  Il est par ailleurs fort probable que le petit sac blanc a été recouvert par la poussière soulevée lors du décollage ! )
Même si la manière laisse grandement à désirer, il n’en demeure pas moins que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité,  des Hommes sont allés déposer sur un autre monde, des messages d’espoir et de paix !