Les 24 astronautes ayant vu la Terre depuis la Lune ont été profondément marqués par cette vision, tel Edgar Mitchell, le pilote du module lunaire d’Apollo 14 :
« Vous développez instantanément une conscience globale, une fraternité avec tous les terriens, un intense mécontentement quant à la manière dont fonctionne le Monde et l’état de la Terre, et une compulsion à agir et changer les choses.»
« Là-bas sur la Lune, la politique parait si dérisoire. Tout ce que vous avez envie de faire, c’est choper les politiciens par le colback, les traîner à 400 000 km de la Terre, et leur dire : « Regardez ça, espèces de fils de p… ! »
Alan Shepard ayant joué au golf sur la Lune, le président Nixon, qui a découvert ce sport sur le tard, à 40 ans passés, saisit cette belle occasion pour faire un peu d’humour.
Ainsi lors du dîner donné en l’honneur de la mission Apollo 14 à la Maison Blanche, le lundi 1er mars 1971, devant quelque 150 invités, le Président Nixon demande aux trois astronautes et au vice-président Spiro Agnew, reconnu comme le plus piètre joueur de golf du pays, de s’avancer vers lui. Richard Nixon lit alors la déclaration suivante :
« Considérant que le Capitaine Alan Shepard de l’US Navy fut le premier homme à emmener une balle de golf dans l’espace, qu’il a utilisé la Lune en guise de tee* et que lors de son troisième ou quatrième swing il a envoyé la balle susmentionnée beaucoup plus loin qu’un tel objet n’avait jamais été lancé auparavant, et compte tenu du fait, qu’il existe une forte probabilité pour qu’elle soit tombée dans un petit cratère, et qu’il ait ainsi réalisé le premier hole-in-one** céleste, pour ces raisons, toutes les personnes ici présentes et toutes celles qui dans les années à venir, verront ce diplôme, sauront que le récipiendaire a été solennellement promu à l’Ordre Distingué du Golfeur Lunaire Débutant » (Distinguished Order of Lunar Duffer).
Pour taquiner un peu son vice-président, Nixon ajouta que ce dernier avait contresigné le certificat et que ce faisant il avait fait remarquer que le Capitaine Shepard avait raté ses deux premiers swings. « Qui mieux que lui sait ce que l’on peut ressentir à ce moment-là !***» plaisanta Nixon
Spiro Agnew : « J’aimerai que tout le monde sache que je suis un excellent golfeur, qui a eu quelques premiers trous difficiles »
Le vice-président ajoute : « Je sais de source sûre que la balle de Shepard a été tapée si fort qu’elle a fait le tour de la Lune et est retombée à une distance compatible avec mes possibilités sur Terre »
Nixon offre ensuite des balles de golf frappée du sceau présidentiel signées de sa main aux trois astronautes, ainsi qu’au vice-président, à qui il fait la recommandation suivante : « S’il te plaît, ne les utilise que pour les putts**** »
Puis, ce fut au tour de Shepard de s’exprimer, il expliqua que la vrai raison qui l’avait poussé à jouer au golf sur la Lune était de réaliser une sorte d’expérience scientifique. « Etant un fervent patriote avant tout, je voulais faire quelque chose dans l’intérêt du pays. Ayant observé le vice-président en action sur les parcours de golf, j’ai pensé que la seule façon de lui venir en aide était de faire quelques expériences. C’est ce que j’ai fait sur la Lune. Je suis heureux de vous rendre compte, M. Le Vice Président, qu’en raison de l’absence d’atmosphère, même si vous les tapez mal, les balles suivent une trajectoire rectiligne ».
Siro Agnew et toute l’assemblée éclatent de rire !
* Petit support de bois ou de plastique sur lequel on pose la balle, et que les joueurs peuvent utiliser au départ de chaque trou. Ici le tee est l’aire de départ, la Lune. Shepard n’ayant pas utilisé de tee.
** Fait de rentrer la balle en un seul coup dans le trou
*** Lors du « Bob Hope Desert Golf Classic », un tournoi annuel qui s’est déroulé quelques semaines avant la présente cérémonie, en janvier, Spiro Agnew avait touché trois spectateurs lors de ses deux premiers drive, dont une certaine Madame Decker qui fut légèrement blessée au poignet par la balle de golf (1). Le tout a été retransmis en direct à la télévision, et cet épisode à fait l’objet d’innombrables articles dans la presse écrite. Agnew était un passionné de Golf mais jouait horriblement mal, il a d’ailleurs reçu le titre du plus mauvais golfeur de ce tournoi. L’année précédente il avait touché avec sa balle son partenaire et ami, le golfeur professionnel Doug Sanders. Avec beaucoup d’humour Agnew disait : « Lorsque je demande un driver à mon caddy, il appelle un prêtre » (Le driver est le club qui permet d’envoyer la balle à une longue distance lors d’un départ). Le comédien Bob Hope qui a joué au golf dans le Bureau Ovale avec Nixon en 1973, avait ironisé lors d’une réception à la Maison Blanche en affirmant : « Le problème c’est que lorsque M. Agnew participe à un tournoi tous les spectateurs se mettent à prier, ce qui bien évidemment le déconcentre et explique ses contre performances. »
**** Putt : C’est l’action de faire rentrer la balle dans le trou en la frappant avec un putter, qui est le club utilisé lorsque la balle est proche du trou. (Coup qui ne présente aucun « danger » pour les personnes présentes.)
(1) La station de radio WSB d’Atlanta, et la compagnie Eastern Air Lines, avaient organisé un sondage pour déterminer le pire coup de golf de tous les temps. C’est bien sûr Spiro Agnew avec ses balles dans le public, qui fut très largement plébiscité. Fair-play, il offrit son premier prix, des billets d’avion pour le tournoi de golf de Doral en Floride, à M. et Mme Decker, grands amateurs de golf, qui vivaient en Oregon.
Lors du dîner donné en l’honneur de la mission Apollo 14, le lundi 1er mars 1971, dans la Salle Est de la Maison Blanche, le président Nixon rend hommage au docteur en physique Anthony Calio, 41 ans, le directeur du département sciences et applications au Centre Spatial Johnson.
On lui avait rapporté que Anthony Calio avait avancé la date de son mariage afin que sa femme Cheryll puisse assister à cette cérémonie.
Le couple a convolé en justes noces la veille.
Nixon demande aux jeunes mariés de se lever pour les féliciter et déclare devant l’assistance : « Et dire qu’il a sacrifié quelques jours de liberté supplémentaires ! »