Le 6 février 1971, à la fin de la deuxième et dernière EVA (Activité Extra Véhiculaire) de la mission Apollo 14, à 135:08:17, Alan Shepard, dont la passion est le golf, (c’est un bon joueur, de handicap 15), se retourne vers la caméra, et annonce :
« Houston,si vous regardez bien vous devriez reconnaître ce que je tiens dans la main, le manche du collecteur d’échantillon d’urgence, il se trouve qu’il y a un fer numéro 6 à son extrémité. Dans ma main gauche j’ai une petite balle blanche, familière à des millions d’américains. Je laisse tomber la balle sur le sol. Malheureusement la combinaison est trop rigide, je ne peux pas exécuter le mouvement à deux mains, je vais quand même essayer de faire un « sand trap shot » ! (coup qui permet de sortir du bunker, les bunkers sont des obstacle creux remplis de sable qui se trouvent autour des fairways et des greens, que l’on appelle également « pièges de sable »)
Le premier swing est un ratage complet, il ne soulève que de la poussière, une « gratte », dans le jargon des golfeurs.
Au deuxième swing, il fait un « top », c’est-à-dire qu’il touche le haut de la balle qu’il envoie à quelques dizaines de centimètres vers la droite. Le CapCom Fred Haise lance une boutade : « D’ici on aurait dit un slice ! » sauf que la balle n’a pas décollé, et Haise sait pertinemment qu’en l’absence d’atmosphère une balle ne peut « slicer » qu’au sol.
Imperturbable Alan Shepard effectue un troisième swing, cette fois l’impact est franc, la balle décolle et parcoure environ 200 mètres.
Alan Shepard « droppe » sa deuxième balle, se met en position et frappe, pour son dernier coup il envoie la balle de golf à environ 400 mètres, crâneur il s’exclame « A des kilomètres, des kilomètres et des kilomètres » (« Miles and miles and miles »)
Une œuvre d’art « reconstituant » fidèlement l’événement.
Une image composite réalisée à partir du film, publiée pour la première fois dans le livre signé Alan Shepard et Donald Slayton, « Moonshot », dont la traduction française est « Ils voulaient la Lune »
Une légende tenace raconte que Shepard aurait frauduleusement emporté ce fer (Wilson Staff Dyna-Power) numéro 6 modifié, pour qu’il s’emboite sur le manche du collecteur, c’est totalement faux. Alan Shepard en a parlé au responsable de la planification de la mission, qui a immédiatement adhéré.
Quant au marché conclu avec les responsables de la NASA, beaucoup plus réticents (au départ Robert Gilruth était contre), il était le suivant, si les objectifs de la mission sont réalisés il pourra prendre quelques minutes pour frapper ses deux balles de golf, dans le cas contraire il s’abstiendra.
Shepard s’était entrainé sur son temps libre au swing en combinaison spatiale car il avait peur que ce mouvement le déséquilibre et le fasse tomber. Le fer avait été modifié par son ami et golfeur professionnel Jack Harden.
Le manche télescopique du collecteur d’échantillon et le fer 6 ont été ramenés sur Terre, ils sont exposés au musée de l’US Golf Association à Far Hills dans le New Jersey. Alan Shepard voulait récupérer les deux balles, mais il n’avait plus assez de temps, ni d’oxygène.
Certains esprits chagrins ont fortement critiqué cette… frivolité. Dépenser autant d’argent pour jouer au golf sur la Lune… Rappelons simplement que les astronautes ont travaillé plus de 9 heures sur la Lune en deux sorties, la partie de golf a duré une minute (de 135:08:17 à 135:09:20 soit exactement 1 minute et 3 secondes ! )
L’idée de jouer au golf sur la Lune lui vient de son ami, le comédien Bob Hope, qui avait une passion légendaire pour le golf, à tel point qu’il se baladait souvent avec un club dans la main en guise de canne !
Les astronautes reçurent un télégramme plein d’humour du prestigieux Royal and Ancient Golf Club de St Andrews en Ecosse, un des plus anciens clubs de golf au monde, qui a édicté les règles modernes du golf et qui est réputé pour être très à cheval sur l’étiquette : « Nos plus chaleureuses félicitations pour votre exploit et votre retour sain et sauf sur Terre. Veuillez-vous référer aux règles du Golf, section étiquette, paragraphe 6 – Même s’il n’y a pas de râteau à proximité du bunker, vous devez toujours au moment de le quitter niveler le sable et effacer vos traces de club et de pas. » (Il y a une double astuce, d’abord il faut comprendre que le bunker c’est la Lune toute entière, on n’y trouve que du « sable », et, quant à tout remettre en état pour le prochain joueur, est-ce vraiment utile ?)
Quelques mois plus tard, Alan Shepard fit la couverture de Golf Magazine avec ce titre : « Golf’s Man on the Moon »
Alan B. Shepard, le premier américain dans l’espace, est à ce jour le seul Homme à avoir joué au golf sur la Lune. Il devrait le rester quelques années encore !
Peu avant sa disparition, le 21 juillet 1998 à l’âge de 74 ans, il déclarait : « On se souviendra toujours de moi pour avoir joué au golf sur la Lune ! »
Edgar Mitchell, le premier « caddie » sur la lune, tenant le club d’Alan Shepard
Anecdote dans l’anecdote : le site NASA Facts affirme faussement (9ème paragraphe / colonne de gauche) que Shepard s’est servi d’un fer numéro 8 et qu’il a frappé 3 balles !!! [Alan Shepard is the only person to hit a golf ball on the Moon. During the Apollo 14 mission he fitted an 8 iron head to the handle of a lunar sample collection device and launched three golf balls. They are still there!]