Après avoir posé sa candidature pour devenir astronaute, le fabuleux John Young (1930 – ) est convoqué à Houston en juin 1962 pour des entretiens.
Lorsqu’on lui demande son avis sur ce qu’un astronaute devrait étudier avant d’aller sur la Lune, il répond : « la géologie ».
Une excellente réponse, puisqu’il passera environ 800 jours à étudier cette science, entre les cours théoriques et les sorties in situ… Les astronautes d’Apollo 15, 16, et 17 avaient en effet l’équivalent d’un Master (bac + 5) en géologie lorsqu’ils sont allés sur la Lune !
38 millions de téléspectateurs ont regardé le décollage d’Apollo 16, et plus de 500 000 personnes ont assisté au lancement, dont le poète soviétique Evguéni Evtouchenko.
Parmi les hôtes de marque, il faut mentionner le vice président des Etats-Unis Spiro Agnew, le président du Costa Rica José Figueres Ferrer, le roi Hussein de Jordanie, les deux filles du Président Nixon, Tricia et Julie, et leurs maris (Julie a épousé David Eisenhower, petit-fils du 34ème Président des Etats-Unis), ainsi donc que le poète et militant soviétique Evguéni Evtouchenko.
Evguéni Evtouchenko, a incarné lors du « dégel » des années 1956-1963, l’aspiration à la liberté des soviétiques, après la terreur et les excès engendrés par le stalinisme. Il est le premier dignitaire soviétique à assister à un lancement Apollo.
L’ambassadeur de l’Union Soviétique à Washington, Anatoli Dobrynine avait accepté, puis décliné, une invitation pour assister au lancement d’Apollo 11 !
L’astronaute David Scott est chargé de faire visiter à l’illustre poète, le Centre Spatial Kennedy. Evguéni Evtouchenko rencontrera également le Dr Kurt Debus.
La visite nocturne du pas de tir, à moins de 200 mètres, la veille du lancement, avec la gigantesque Saturn V illuminée par des projecteurs est une expérience saisissante :
« Une grande émotion… C’est vraiment un spectacle magnifique, le corps blanc et délicat de la fusée, soutenue par les bras patauds mais parfois tendres de la tour de lancement de couleur rouge. J’ai eu l’impression de voir un grand frère, prenant sa sœur dans les bras et la serrant très fort avant un long voyage, une longue route. C’était extraordinaire. Le silence, pas de brouhaha. Pas de journalistes. Rien. Le ciel, le sol, la fusée. C’était si beau. Cette impression d’infinité. J’avais apporté une bouteille de Champagne, mais je l’ai oubliée. Je n’en avais pas besoin pour être enivré. »
Après le lancement, il déclara : « C’était magnifique, c’était de la poésie. »
Evguéni Evtouchenko confia aux journalistes qu’il n’avait jamais assisté au lancement d’un vol habité soviétique. « Mais vous américains, vous faites naître en moi plus de curiosité pour le programme spatial. »
Peu avant le décollage de la mission Apollo 16, le New York Times rapporte que le Dr Kenneth Jacobs, l’un des anciens professeurs de John Young, à l’Institut de Technologie de Géorgie (Georgia Tech), avouant avoir fait une erreur de jugement, a demandé aux instances de l’université d’annuler un D qu’il lui avait donné 20 ans auparavant et le remplacer par un A.
Son raisonnement est le suivant : il avait d’excellentes notes dans toutes les autres matières, et tout ce qu’il a accompli à la NASA prouve amplement qu’il sait parfaitement appréhender le fonctionnement de systèmes complexes.
De retour sur Terre après avoir passé 71 heures sur la surface de la Lune, John Young touché par l’initiative, mais pas d’accord du tout, envoie un courrier à son ancien prof :
« Merci pour avoir envisagé de modifier ma note en mécanique appliquée. Malheureusement je peux vous assurer que ce D était amplement mérité. Je souhaiterais donc que vous ne changiez rien. Cela me peinerait beaucoup de penser que Georgia Tech se ramollit, ou que ses professeurs admettent publiquement avoir fait des erreurs de jugement. Car Georgia Tech est une extraordinaire, mais difficile, université d’ingénierie. Merci de faire en sorte que cela ne change pas. Meilleurs sentiments, John Young. »