Le drapeau Olympique sur la Lune

La fabuleuse mission Apollo 16, s’est déroulée du 16 au 27 avril 1972, soit 4 mois avant les jeux Olympiques de Munich.

Par un memo en date du 8 mars 1972, signé par Rocco Petrone, le directeur du programme Apollo rend compte à l’Administrateur Associé Adjoint de la NASA qu’un drapeau Olympique de 1,2 m X 1,8 m sera placé dans un container ininflammable à l’intérieur du module de commande en l’honneur des jeux de la XXème Olympiade.

Un drapeau de plus petite taille (10cm x 15cm), en raison de restrictions liées à la masse du LM, fera lui, le voyage jusqu’à la surface de la Lune.

Le petit drapeau sera offert au Président du Comité Organisateur des Jeux Olympiques, Willi Daume, dans un cadre en bois incluant une photo de l’astronaute John Young, le commandant de la mission.

Le cadre fait 30 x 40 cm – (Légende du haut) Au Président du Comité Organisateur des Jeux de la XXème Olympiade – Munich 1972  (Légende du bas)  Drapeau Olympique emmené par la mission Apollo 16 – 16 au 27 avril 1972.

Cette pièce a été vendue aux enchères en 2005. Prix de vente : 900 USD (La mise à prix était de 300 USD)

La famille, c’est important

Elizabeth Mattingly, enceinte de huit mois, n’a pas pu faire le déplacement au Centre Spatial Kennedy pour assister au lancement d’Apollo 16.

Elle a vu le décollage à la télévision depuis sa maison de Nassau Bay, Texas. « C’est tellement impressionnant… Je ne peux exprimer mes sentiments » dira-t-elle aux journalistes.

« Je suis si heureuse, nous avons attendu ça si longtemps. C’est merveilleux. Ken va savourer cette mission et moi également, chaque jour… »

Susy Young et Dorothy Duke ont fait le voyage jusqu’au Cap Canaveral. Si la toute nouvelle Mme Young * s’est refusée à tout commentaire pendant la durée de la mission, Mme Duke et ses deux enfants, Charles III 7 ans et Tom 5 ans, ainsi que les parents de Charlie Duke ont été plus prolixes, et se sont prêtés de bonne grâce aux questions des journalistes.

Toute la famille Duke avait revêtu des vêtements bleus, blancs et rouges, les couleurs du drapeau américain. Lorsqu’un journaliste demande aux enfants si plus tard ils veulent faire le même métier que leur papa, astronaute, Tom répond :

« Non, on veut être des golfeurs ! »  Charles acquiesce.

« Leur papa joue beaucoup au golf, et il les emmène souvent avec lui. » précise la maman.

La mère de Charles Duke portait un sac à main confectionné par sa belle-fille, d’un côté il y avait un écusson de la mission, et de l’autre un CSM et un LM.

Quant au père de Charlie Duke, un assureur à la retraite, il affirma : « Je n’ai pas peur pour mon fils, j’ai même passé une excellente nuit. »

* John Young a divorcé de sa première femme Barbara en juin 1971, à 41 ans, après 16 ans de mariage, et s’est remarié 5 mois plus tard, en octobre 1971 à Acapulco, avec Susy Feldman, une secrétaire de 29 ans qui travaillait pour un important contractant de la NASA, TRW Inc. C’est TRW qui a développé le moteur de descente du Module Lunaire.

Elizabeth Mattingly - Dorothée Duke , Cahrles III et Tom
Elizabeth Mattingly et Casper – Dorothy Duke et ses enfants Charles III et Tom

Apollo 16, jeux Olympiques à Descartes

La dernière sortie de la mission Apollo 16 touche à sa fin, John Young et Charlie Duke déchargent le rover de ses précieux échantillons, avant que John Young aille le garer au site VIP*.

En cette année Olympique, du 25 août au 11 septembre doivent se tenir les jeux olympiques d’été à Munich, John Young a prévu de faire un saut en longueur, et Charlie Duke un saut en hauteur, du moins, si l’emploi du temps le permet.

En avance sur l’horaire, ils commencèrent leur astro actions (nom de code sur la checklist).

Pour ce qui est du saut en longueur, Young se ravisa.

170:21:44 John Young : Nous allons faire quelques exercices, que nous avons intitulés les Jeux Olympiques Lunaires, pour démontrer ce qu’un gars peut faire avec une combinaison et un système de survie portable sur le dos.

Devant la camera du LRV John effectue alors une série de quatre sauts. Les trois premiers en se tenant partiellement au LRV, lors du quatrième il atteint la hauteur de 70 cm.

170:21:57 England: Pour un gars pesant 170 Kg  c’est excellent.

Young s’approche de Duke et fait un cinquième saut.

170:22:08 Duke: Environ 120 centimètres.

A son tour Duke fait un premier saut trop sans forcer puis en effectue un deuxième en donnant toute sa puissance. Il saute un peu plus haut que Young, mais au moment de la réception sur les pieds, trop en arrière de 20 à 30 degrés, il est déséquilibré et tombe sur le dos. Duke raconte qu’il a essayé de se rétablir mais en vain, il a chuté de tout son poids sur le PLSS ( Portable Life Support System – « Sac à dos » qui contient le système de survie de l’astronaute). L’idée qu’il va mourir lui vient à l’esprit, et il est envahi par un sentiment de peur panique, car le PLSS n’a pas été conçu pour supporter une telle chute. Si la combinaison se déchire il mourra instantanément victime d’une décompression rapide et si le PLSS s’arrête de fonctionner il mourra asphyxié !

170:22:08 Duke: (Prenant conscience de son déséquilibre) Wow!

170:22:14 Young: Charlie!

170:22:15 Duke: C’est pas marrant n’est-ce pas ?

170:22:17 Young: C’est pas très intelligent.

170:22:18 Duke: C’est nul (il essaye de se relever) Je suis désolé .

170:22:23 Young: Bon, il nous reste quelques trucs à faire.

170:22:32 Duke: (Incapable de se relever) Argh!  Tu peux me donner un coup de main John?  (John Young lui tend la main pour l’aider à se relever) Ca y est. C’est bon.

Duke garde le silence, le ronronnement des systèmes du PLSS, ainsi que le bruit du flux d’air  le rassurent…  Il a survécu, et son record est toujours d’actualité !

LE FILM :

[youtube_sc url= »http://youtu.be/16D0hmLt-S0″]

* Le site VIP est le dernier lieu de stationnement du LRV, un endroit situé à environ 80 mètres du LM, afin que sa caméra, commandée depuis la Terre, puisse retransmettre le décollage.