Le « Grand Prix » sur la Lune de John Young

Lors de la première sortie lunaire John Young décide de tester « un peu » le LRV, (Lunar Roving Vehicle, « jeep lunaire ») le poussant dans ses derniers retranchements, dérapages, virages serrés, accélérations, freinages…

Pendant cette démonstration, ce « Grand Prix », Charlie Duke spectateur admiratif et enthousiaste commente :

« Il n’y a que deux roues qui touchent le sol… Les quatre roues créent d’énormes gerbes de poussière…il dérape comme sur de la neige… Je vous assure, Indianapolis n’a jamais vu un pilote comme ça !”  Pause  « Lorsqu’il se prend un « nid de poule » (Duke emploie le mot « crater ») il rebondit…Il fait des virages serrés. Hé, quel arrêt ! Les roues se sont bloquées net»

124:57:16 Young: « Ok je fais du 10 kilomètres à l’heure »

John-Young-Grand-Prix Apollo 16
John Young LRV Test Apollo 16
Sur ce cliché, on aperçoit très distinctement les gerbes de poussières soulevées par les roues… Celles de devant ne touchent pas le sol !

John Young avait surnommé le Rover « Chitty Chitty Boeing Boeing ».

Clin d’oeil au livre pour enfant de Ian Fleming, publié en 1964 : « Chitty Chitty Bang Bang : The Magical Car« , et au film éponyme sorti en 1968.

La société Boeing est le contractant principal pour le conception du LRV.

En cas de besoin

L’élimination et la gestion des excreta,  fait partie des « humiliations » avec lesquelles les astronautes doivent composer.

Plus particulièrement les résidus de la digestion (fèces), puisque la  procédure sur les vols Apollo prévoit de se déshabiller entièrement, pendant que les autres membres de l’équipage sont priés de se tenir aussi loin que possible de l’action.

Se dénuder entièrement est une question d’hygiène élémentaire, car en impesanteur où tout flotte, il est plus facile d’éliminer toute souillure, avec une lingette antibactérienne, directement sur la peau que sur un vêtement.

Les astronautes d’Apollo 16 ont bien failli manquer de sacs de confinement des matières fécales (fecal containment bag) car le potassium* ajouté à leur menu, a agi comme un laxatif les obligeant à aller à la selle beaucoup plus souvent que la « normale ».

Le fait d’ôter tout objet sur les mains et les doigts, sous lesquels de la matière pourrait s’immiscer, a joué un vilain tour à Kenneth Mattingly. (cf anecdote « Où est passé l’alliance de Ken Mattingly ?« )

* Les astronautes d’Apollo 15 avaient eu quelques problèmes d’arythmie cardiaque que les médecins avaient attribués à une hypokaliémie. Pour éviter cela on avait ajouté du potassium à leur régime alimentaire.
Sac de confinement des matières fécales
Sac de confinement des matières fécales et accessoires (gel antibactérien, serviettes)

Tellement fier

Lorsque l’astronaute Kenneth Mattingly, le pilote du module de commande d’Apollo 16, de retour sur Terre, commence son discours par : « Je suis si fier d’appartenir à un pays qui peut envoyer un homme à 400 000 km de chez lui… »  les personnes présentes redoutent le pire, encore un « speech » patriotique… mais il ajoute : « et je suis encore plus fier d’appartenir à un pays qui peut le ramener ! »