Apollo 8, retour à bon port

A bord du porte-avions de récupération U.S.S. Yorktown, l’astronaute James Lovell, de la mission Apollo 8, alors capitaine dans la Navy, fait part de sa grande satisfaction d’être à nouveau en présence de marins :

« J’ai vécu pendant une semaine avec deux gars de l’Air Force, je suis bigrement content d’être à bord de ce bâtiment ! »

William Anders, est lui aussi soulagé et ravi d’être là, sain et sauf, en plein Pacifique, après une mission totalement réussie.

Les spécialistes avaient estimés à 50% seulement, la probabilité d’un succès total de la mission.

Il confie en plaisantant : « Pour être honnête, j’espérais juste que nous allions amerrir…Quel que soit l’océan !».

James Lovell répond en rigolant : « Et dire que c’était le navigateur ! »

La vieille rivalité entre les astronautes diplômés de West Point et ceux d’Annapolis

La plupart des astronautes Mercury, Gemini et Apollo sont diplômés de l’Académie Militaire de West Point, ou de l’Académie Navale d’Annapolis, et en gardent bien évidemment une très grande fierté, et une loyauté à toute épreuve.

Lors des longues missions Apollo, le Capcom donne régulièrement aux astronautes, des nouvelles de ce qui se passe sur Terre.

Ainsi, lors de la mission Apollo 8, le Capcom Michael Collins rapporte les infos, et communique les résultats sportifs…

Pour taquiner un peu James Lovell et William Anders (Naval Academy), il leur rappelle les résultats d’un match inter armées qui s‘est joué des semaines auparavant et où la Navy avait perdu 14 à 21 contre l’Armée…

La réaction de James Lovell : « Il y a des interférences Houston, je ne vous entends pas, je vous rappelle l’année prochaine ».

Toujours sur Apollo 8,  Frank Borman de West Point, le commandant de la mission, n’a pas manqué de se faire chambrer par ses deux collègues de l’Académie Navale, qui lui faisaient de constantes allusions sur son passé de « terrien », qui sont si facilement sujets au mal de mer…

Borman avait été si malade (vomissements, diarrhée) lors des premières heures de la mission, que Houston avait même envisagé d’écourter la mission, de peur qu’il ne s’agisse d’une affection virale susceptible de contaminer le reste de l’équipage !

Apollo 8, le Père Noël existe

Comme pour l’insertion en orbite lunaire, LOI (Lunar Orbit Insertion), les astronautes d’Apollo 8 doivent effectuer l’allumage du SPS (Service Propulsion System) pour l’injection sur une trajectoire qui les ramènera vers la Terre, TEI (Trans Earth Injection) alors que le vaisseau spatial se trouve derrière la Lune.

Le centre de contrôle de Houston ne peut rien faire, si ce n’est attendre avec impatience et anxiété le rétablissement des communications avec le vaisseau spatial. Nous sommes le 25 décembre 1968 vers 1 heure du matin. La tension est à son comble, car si le moteur ne s’allume pas les astronautes resteront en orbite autour de la Lune…

Soudain, 40 minutes après la perte de tout faisceau de communication « loss of signal », James Lovell brise un silence de plomb et pour annoncer le succès de la manœuvre dit : « Houston, Apollo 8, sachez que le Père Noël existe ! » (“Houston, Apollo 8, please be informed there is a Santa Claus”).

Mission Control laisse éclater sa joie et son soulagement. Kenneth Mattingly, le CapCom, leur répond : « Vous êtes mieux placés que nous pour affirmer ça ! »

Cette petite phrase fait référence à un célébrissime éditorial paru dans le New York Sun le 21 septembre 1897. 

Le rédacteur en chef avait reçu une lettre d’une fillette de 8 ans, Virginia O’Hanlon : « Cher Rédacteur en chef, j’ai 8 ans. Certains de mes amis prétendent que le Père Noël n’existe pas. Papa m’a dit que ce qu’on lit dans « Le Sun », c’est la vérité. Alors dites moi la vérité, est ce que le Père Noël existe ? »

L’éditorial de Francis Pharcellus Church est resté dans toutes les mémoires et est l’un, si ce n’est, le plus célèbre éditorial jamais paru aux Etats-Unis, voici ma traduction :

Oui Virginie, le Père Noël existe.

Virginie, tes amis sont dans l’erreur. Ils sont affectés par l’incrédulité d’une ère dominée par les sceptiques. Ils ne croient que ce qu’ils voient. Ils pensent que rien ne peut exister au-delà de la capacité de compréhension de leurs petits esprits.

Tous les esprits, que ce soit ceux des adultes ou des enfants sont limités. Dans notre immense univers, l’homme n’est rien de plus qu’un insecte, avec le cerveau d’une fourmi si on le compare avec l’intelligence qu’il faudrait avoir pour comprendre l’univers infini qui nous entoure.

Oui Virginie, le Père Noël existe. Il existe aussi sûrement qu’existe l’amour, la générosité et la spiritualité, et tu sais bien que ces vertus sont nos raisons de vivre. Comme le monde serait triste sans Père Noël, aussi triste que s’il n’y avait pas de Virginie. Il n’y aurait pas de poésie, pas d’amour pour rendre nos existences plus supportables. Il n’y aurait plus rien pour nous passionner.

Cette lumière que les enfants irradient et qui illumine notre monde  s’éteindrait à jamais. Comment ne pas croire au Père Noël !

Autant ne plus croire aux fées ! Tu pourrais demander à ton papa de faire surveiller toutes les cheminées le jour de Noël, pour que l’on attrape le Père Noël. Même si tu ne le vois pas, qu’est ce que cela prouve ? Personne ne voit le Père Noël, cela signifie-t-il qu’il n’existe pas ?

Les choses les plus réelles ne sont pas forcément visibles par les adultes ou les enfants ! Tu as déjà vu des fées danser dans les jardins ? Bien sûr que non, mais cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas là !

Personne ne peut concevoir ni même imaginer toutes les choses merveilleuses qui existent dans notre monde et que personne ne pourra jamais voir ! On peut casser le hochet d’un bébé pour voir ce qui provoque le bruit à l’intérieur, mais il y a des choses que même l’homme le plus fort, ni même l’union des forces de tous les hommes qui ont vécus ne pourra jamais révéler.

C’est la foi, la poésie, l’amour, qui permet de voir la beauté des choses. Est-ce que tout est réel ? Il y a tellement de choses insaisissables dans ce monde. 

Le Père Noël n’existe pas ! Dieu merci il existe et existera toujours. Dans mille ans, Virginie, que dis-je, dans 10 fois 10 000 ans, il continuera de rendre les enfants heureux.

Francis Pharcellus Church (1839-1906)

Quelques pathétiques illuminés qui croient dur comme fer à la présence d’une base lunaire sur la face cachée de la Lune prétendent que le terme « Santa Claus » est un code secret qui désigne une entité extra-terrestre. Walter Schirra lors de la mission Gemini 6, et James Lovell d’ Apollo 8, auraient de la sorte prévenu le centre de contrôle qu’ils avaient vu quelque chose !