Apollo 12, un « bleu » aux commandes

L’exploration lunaire de la mission Apollo 12 touche à sa fin. Il est temps de remonter dans le LM. Avant de grimper à l’échelle, Charles « Pete » Conrad salue son père, qui est quelque part parmi les étoiles. Son père est décédé quatre mois plus tôt.

Sur le porche, il se retourne une dernière fois, et regarde les montagnes, la sonde Surveyor, le drapeau qu’ils ont planté, ses empreintes de pas et celles de Al…

« A bientôt » murmure-t-il  en entrant…

Au moment du décollage Pete Conrad demande à Alan Bean qui regarde à travers le hublot, perdu dans ses pensées : « Tu veux le faire ? »

Bean : « Faire quoi ? »

Conrad : « Nous faire décoller d’ici. Tu es le pilote du LM ! »

Bean : « Certes, mais tu es le commandant ! »

Conrad : « Tu préfères que je t’en donne l’ordre ? »

Lorsque le compte à rebours arrive à zéro, Alan Bean presse le bouton de mise à feu du moteur de remontée, qui les propulse en silence vers Dick Gordon, qui les attend en orbite lunaire à bord du module de commande « Yankee Clipper ».

Alan Bean n’oubliera jamais ce geste de Pete Conrad, ce fût la seule et unique fois durant tout le programme Apollo qu’un commandant laissa les commandes à un « bleu » !

Apollo 12, une mère inspirée

Le lundi 17 novembre après-midi, les astronautes d’ Apollo 12, Charles Conrad, Alan Bean, Richard Gordon sont en route vers la Lune.

Ils viennent de se réveiller.

Le Centre de Contrôle de Houston, leur donne quelques nouvelles de l’actualité sur Terre.

Un bébé né à Baltimore, Maryland, au moment du décollage, a été prénommé, Charles Richard Alan, en leur honneur.

Le capcom Paul Weitz ajoute: « Son nom de famille, est Wilson« 

« Personne n’est parfait ! » répondent les astronautes.

Apollo 12, quels indicatifs choisir ?

Lorsque les astronautes d’ Apollo 12, Charles Conrad, Alan Bean et Richard Gordon ont commencé à recueillir des suggestions d’indicatifs pour leur LM et leur CM, quelqu’un a suggéré, le plus sérieusement du monde, « Lem et Abner ».

D’après le titre d’un célébrissime feuilleton radiophonique humoristique créé par Chester Lauck et Norris Goff, intitulé « Lum et Abner » qui a été diffusé de 1932 à 1954. Chester Lauck jouait le rôle de Columbus « Lum » Edwards et Norris Goff celui d’Abner Peabody, les copropriétaires d’un magasin, le « Jot’em Down Store » (astuce avec shoot them down).  Une « série » qui est devenue une véritable institution aux Etats-Unis.

Conrad rejeta d’emblée cette proposition farfelue, basée sur le jeu de mot entre « Lum » et « LM » que l’on prononce « Lem ».  Il voulait quelque chose de résolument plus digne.

Quelqu’un d’autre proposa Vénus… Conrad, séduit, alla consulter une encyclopédie : « Non ça ne va pas ! »

En effet, il découvrit que la Vénus pompéienne, la divinité protectrice de Pompéi, a quelquefois été associée à la prostitution.

Il s’intéressa alors aux noms que les britanniques donnaient à leur vaisseau, « Intrepid » l’interpella, car il aimait la symbolique véhiculée par ce nom; hardiesse, courage, vaillance. Il vérifia quand même la définition exacte de cet adjectif dans le Webster’s Dictionary, l’équivalent de nos dictionnaires Larousse ou Robert.

C’est ainsi que le choix d’ « Intrepid » fut arrêté pour le LM, quant au CM il s’appellera « Yankee Clipper ». Les Clippers étaient des voiliers très rapides, construits au milieu du XIXe siècle en Nouvelle-Angleterre, les premiers navires américains à faire le tour du monde.

Des noms tout à fait appropriés, pour le seul équipage 100% Navy du programme Apollo.

Pete Conrad et la NASA ne manquèrent pas de recevoir des lettres de protestation, l’argument étant bien entendu que « Intrepid » est un nom habituellement donné à des vaisseaux de guerre, et qu’en la circonstance ce choix était tout à fait déplacé !

Effectivement dans l’Histoire de la marine militaire américaine, au moins 4 navires ont été baptisés ainsi, dont un certain porte-avions, bâtiment principal de la flotte de récupération des missions Mercury/Aurora 7 et Gemini 3 !