Voici quelques unes des déclarations du président Nixon après le retour sain et sauf des astronautes d’Apollo 13…
» Depuis le début, le danger est un élément omniprésent dans les incursions de l’Homme dans l’espace. Apollo 13 nous rappelle à quel point ces dangers sont patents, à quel point ces Hommes qui osent braver les périls de l’espace ont des qualités hors du commun. Cela atteste également, de l’extraordinaire degré de compétence à la fois dans l’espace et au sol, qui sont indispensables pour une mission lunaire. Une nation soulagée souhaite aux astronautes la bienvenue à la maison « .
« A eux, et à ceux au sol, qui ont fait un si fantastique travail en permettant le retour sain et sauf d’Apollo 13 des confins de l’éternité, une nation reconnaissante s’exclame « bien joué. «
Après avoir déclaré la journée du 19 avril, un jour national de prières et d’actions de grâce pour le retour sain et sauf des astronautes, le président ajoute :
« Le vaisseau spatial en perdition, puis le retour sain et sauf de l’équipage d’Apollo 13, ont été des événements qui ont touché et inspiré les gens du monde entier.
Nous avons été émus par le fait que dans cette étape de l’exploration humaine de l’espace, un retour sur terre indemne, d’une mission en péril, est d’une certaine façon un succès équivalent à un atterrissage et un retour de la surface de la Lune. Nous avons été frappés par le courage des astronautes, le dévouement et la compétence des équipes au sol de la NASA, et par les nations du monde qui ont proposé leur assistance. »
« Ce que ces Hommes ont accompli est une leçon pour nous tous. Je pense qu’il en va de même pour les équipes au sol. La manière dont les Hommes réagissent face à l’adversité déterminent leur vraie grandeur, ces Hommes ont démontré à quel point le tempérament des américains est fort et dynamique, capable de retourner une situation désespérée en un succès. En reconnaissance de ce qui a été accompli au sol, je remettrai la Médaille de la Liberté aux équipes au sol qui ont pris les décisions cruciales sur le vif, des décisions qui devaient être les bonnes. »
Le président qui se trouvait à la Maison-Blanche s’est entretenu avec les astronautes par téléphone sur le USS Iwo Jima dans le Pacifique. Il leur a annoncé qu’il allait leur remettre la Médaille Présidentielle de la Liberté, à Hawaii.
Lors d’un briefing avec la presse, le président a précisé qu’il se rendrait tout d’abord à Houston, pour remettre la Médaille de la Liberté à l’équipe des opérations de la mission Apollo 13, en profiter pour passer prendre les épouses et les enfants, ainsi que les parents de John Swigert, qui est célibataire, avant de se rendre à Hawaii. C’est bien évidemment l’avion présidentiel qui sera utilisé, et un médecin obstétricien est même prévu à bord car Mary Haise est enceinte de sept mois… Thomas Jesse, le quatrième enfant des Haise ne naîtra que dix semaines plus tard, le 6 juillet 1970…
La médaille de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine est tout d’abord remise à l’équipe des opérations de la mission Apollo 13 (Apollo 13 Mission Operations Team), le 18 avril 1970 en fin de matinée, c’est Sigurd A. Sjoberg (1919-2000), le directeur des opérations de vol, qui reçoit la récompense au nom de toute l’équipe. Les directeurs de vol, Glynn Lunney (Equipe Noire), Milton Windler (Equipe Marron), Gerald Griffin (Equipe Or), et le directeur de vol en chef de cette mission (Lead Flight Director) Eugene Kranz (Equipe Blanche) sont à ses côtés. Une seule médaille est octroyée pour l’ensemble des personnes composant l’équipe des opérations…
Il s’agit d’une occurrence unique dans les annales de cette distinction, puisque c’est la seule fois où elle fut remise à un groupe, les récipiendaires ne détiennent donc pas physiquement la médaille, mais uniquement une copie de la citation…
« Nous parlons souvent de miracles scientifiques – en oubliant qu’il ne s’agit pas du tout de miracles, mais sont le fruit de longues heures de travail acharné, et d’intelligence.
Les hommes et les femmes de l’équipe des opérations de la mission Apollo 13 ont réalisé un tel miracle, transformant une tragédie potentielle en un des sauvetages les plus extraordinaires de tous les temps. Des années d’intense préparation ont rendu possible ce sauvetage. La compétence, la coordination et les performances sous une intense pression, de cette équipe, ont permis cet exploit. Trois braves astronautes sont en vie, et de retour sur Terre, grâce à leur dévouement, et parce qu’aux moments critiques, les personnes constituant cette équipe ont eu les connaissances et les qualités intrinsèques pour prendre les bonnes décisions. Leur exploit extraordinaire est un hommage à l’ingéniosité de l’Homme, sa débrouillardise, et sa vaillance. »
La Maison-Blanche
18 avril 1970
Richard M. Nixon
Dans l’après-midi, à Hawaii, (Hickam Air Force Base, Honolulu), chacun des astronautes d’Apollo 13 reçoit à son tour la Médaille de la Liberté (sans distinction).
Il faut savoir que les premiers astronautes à recevoir cette médaille sont ceux de la mission Apollo 11 (le 13 août 1969), et ce, avec distinction, ce qui est très rare, vingt-six fois depuis 1963 sur 582 récipiendaires (d’après US News), soit 4,5%.
Dans le cadre du programme spatial américain et de la NASA, seuls James Webb (1968), George Low (1985, à titre posthume), John Glenn (2012) et Sally Ride (2013, à titre posthume) ont reçu cette médaille. De même que la mathématicienne afro-américaine Catherine Johnson, en 2015, ce, après la parution du livre « Hidden figures » (« Les figures de l’ombre »), et Margaret Hamilton en 2016. (Toutes sans distinction.)
Anecdote dans l’anecdote : un mémorandum confidentiel émanant du secrétaire de Richard Nixon, Dwight Chapin (1940 – ), adressé au chef de cabinet de la Maison-Blanche, Harry Robbins « Bob » Haldeman (1926-1993) en date du 15 avril 1970, stipule notamment, suite aux recommandations de Frank Borman, (l’ancien astronaute, conseiller spécial du président Nixon), qu’en cas de décès des trois astronautes, la Médaille Présidentielle de la Liberté leur serait remise à titre posthume, en présence des familles, à la Maison-Blanche.