Apollo 13, la solidarité internationale

L’ accident survenu lors de la mission Apollo 13 a soudainement ravivé l’intérêt des médias et du public. Et pour cause, la survie des trois astronautes était en jeu. Mais a également démontré une certaine solidarité internationale…

AU PRESIDENT NIXON : Je souhaite vous informer que le gouvernement soviétique a donné des ordres à tous les citoyens et membres des forces armées afin d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour porter assistance lors du sauvetage des astronautes américains. PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES ALEKSEI N. KOSYGIN

AU PRESIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES  ALEKSEI KOSYGIN : Je vous ferai très rapidement savoir si nous avons besoin de l’aide de votre gouvernement. PRESIDENT RICHARD NIXON

A l’EQUIPAGE DU VAISSEAU SPATIAL AMERICAIN « APOLLO 13 » J.LOVELL, J.SWIGERT, F.HAISE : Nous, cosmonautes soviétiques, suivons votre vol avec grand intérêt et anxiété. Nous souhaitons de tout cœur votre retour sain et sauf sur notre Terre Mère. AU NOM DE TOUS LES PILOTES COSMONAUTES DE l’URSS. V. SHATALOV

(Victor Shatalov est alors le chef du corps des cosmonautes.)

4 navires soviétiques feront route vers le lieu supposé de l’amerrissage, dont un bateau de pêche et un porte hélicoptère, le Chumikan.

La France, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, la RFA, l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Uruguay et l’Australie mettront leur marine de guerre en état d’alerte.

Apollo 13 ou vos pellicules risquent de ne jamais être développées

Le mardi 14 avril 1970, les astronautes d’ Apollo 13 survolent la face cachée de la Lune, Jack Swigert et Fred Haise ont le nez collé sur le hublot.

Emerveillés par le spectacle, ils en profitent pour prendre des photos…James Lovell un peu tendu marmonne alors : « Si le moteur ne fonctionne pas, vos pellicules ne seront jamais développées ».
Haise : « Du calme Jim, tu as déjà fait un vol autour de la Lune, pas nous ! » James Lovell avait fait partie de la mission Apollo 8 du 21 au 27 décembre 1968.

Si James Lovell est un peu nerveux, c’est qu’il doit bientôt allumer le moteur de descente de module lunaire au « PC+2 ».*

Si le moteur fonctionne correctement cela augmentera leur vitesse et leur permettra de gagner environ 9 précieuses heures, et, qui plus est, d’amerrir dans le Pacifique Sud, où se trouve déjà la flotte de récupération. Dans le cas contraire, l’amerrissage est prévu dans l’Océan Indien, mais beaucoup plus important, les réserves d’eau qui permettent de refroidir les systèmes électroniques du LM seront épuisées quelque 5 heures avant l’entrée dans l’atmosphère…

Même si Lovell savait que l’électronique du LM d’Apollo 11, après avoir été « abandonné » en orbite lunaire, avait fonctionné encore 8 heures après l’épuisement du « liquide de refroidissement », il préférait ne pas avoir à courir ce risque supplémentaire !

* PériCynthe + deux heures – le péricynthe – terme utilisé uniquement pour un satellite de la Lune – ou périgée, indique dans le cas présent le moment où le vaisseau spatial est au plus près de la Lune.

Apollo 13, des bourgeons sur les arbres

Avant le vol, James Lovell et les CapComs de la mission Apollo 13 s’étaient entendus sur un langage « codé », qui n’a dupé personne.

L’équipage voulait pouvoir s’informer en toute « discrétion », de l’état de santé de Ken Mattingly. Ce dernier soupçonné d’avoir contracté la rubéole, fut interdit de vol, et remplacé trois jours avant le décollage par Jack Swigert.

On assiste donc à cet échange bucolique :

James Lovell :  « Les arbres ont des bourgeons à Houston ? »
Vance Brand, le capcom :  « Pas encore, on se croirait toujours en hiver »
Lovell : « C’est bien ce que je pensais ! »
Brand :  « Je crois qu’il n’y aura toujours pas de bourgeons samedi, lorsque vous serez de retour ».

Effectivement, Mattingly, soupçonné d’avoir été contaminé par Charlie Duke, qui lui a bien eu la rougeole, ne développera pas la maladie… Encore une de ces ironies de la vie !