On l’a échappé belle !

Alors qu’ Apollo 11 est sur le point d’amerrir, Richard Underwood, le responsable du département photographie de la NASA (NASA Chief of Photography) ordonne un dernier test de la machine qui servira à développer les pellicules photographiques de la mission.

La machine avait déjà été vérifiée une bonne centaine de fois, ce dernier test était tout à fait inopiné !

Lorsque les techniciens récupèrent la pellicule test, elle a littéralement fondu. Une fuite d’oxyde d’éthylène dans le bac de décontamination en est la cause. Sachant que les premières « photos » prises sur un autre monde n’allaient pas tarder à leur parvenir, l’équipe se dépêcha de changer le bac défaillant.

Comme l’a dit Richard Underwood : 

« It was just pure dumb luck that we decided to do one more test on that processor. Had Armstrong’s film been put in there without that last test, it would’ve eaten up. It would have been the greatest photographic catastrophe in the history of the planet. Thank God it didn’t happen ! »

« Ce fut vraiment un sacré coup de bol d’avoir refait un test sur cette machine. Si les pellicules d’Armstrong avaient été insérées là-dedans elles auraient été dissoutes. C’eut été  la plus grosse catastrophe photographique de l’histoire de notre planète. Dieu merci ce n’est pas arrivé ! »

(NdT : L’oxyde d’éthylène, était « chauffé », pour être utilisé sous forme de gaz et devait permettre  de « stériliser » la pellicule, tuant les agents pathogènes lunaires susceptibles de s’y trouver.)

Richard UnderwoodJ’ai publié cette anecdote sur mon premier blog Live Spaces en 2007.  Richard Underwood est décédé à l’age de 83 ans le 25 avril 2011.

.

Apollo 13, facture de remorquage !

Finalement la mission Apollo 13 est un échec réussi, comme l’a définie James Lovell lui-même.

Les astronautes sont sains et saufs car ils ont pu trouver refuge dans le Module Lunaire (LM) qui n’était pas prévu pour cela.

La mission se termina donc dans la joie et avec une note d’humour…

La société Grumman Aerospace Corp, qui a construit le LM enverra le 17 avril au bureau de Houston de la société North American Rockwell le contractant principal du CSM, une facture portant le numéro A 441066 d’un montant de 312 421,24 $ en date du 13 avril 1970, qui se décompose comme suit :

 
1 – Remorquage sur 400 000 miles (640 000 km – 1 mile = 1,6 km) – 4 dollars le premier mile, 1 dollar par mile supplémentaire :  400 004 dollars.
2 – Recharge de la Batterie + appel d’urgence :  4,05 dollars
3 – 50 lbs d’oxygène à 10 dollars le lb : 500 dollars. [Une livre (lb) = 0.453 kg]
4 – Logement pour deux personnes (sans TV, avec électricité, radio, cartes touristiques modifiées, vue imprenable).(Contrat NAS-9-1100). Prépayé
5 – Personne supplémentaire 8,00 dollars la nuit. Les lieux devront être libérés au plus tard le 17 avril car au-delà le séjour n’est plus assuré : 32 dollars.
6- Eau : gratuite
7 – Service personnalisé + transfert des personnes + prise en charge des bagages : gratuit
Sous total : 400 540, 05 $
Remise de 20% (remise commerciale) + 2% (cash discount) : – 88 118, 81 $
Total à payer : 312 421,24 $
(Aucune facilité de paiement – Contrat gouvernemental)
Payable à 30 jours
 

La facture est signée par Llewellyn « Lew » J. Evans président de Grumman, sur une idée de Sam Greenberg. Ce dernier était ingénieur au FCI Lab (Flight Control Integration Laboratory) de l’usine n° 5 de Grumman à Bethpage, New-York. Ce laboratoire faisait partie du Full Mission Engineering Simulator. Dans ce « labo » il y avait une réplique exacte du LM qui connecté aux simulateurs a permis de tester les procédures qui ont sauvé Apollo 13.

La facture concerne également les sociétés Pratt et Whitney et Beech Aircraft, contractants secondaires.

La réponse malicieuse de North American Rockwell se fera par son directeur des relations publiques de la Division Espace, Earl Blount, qui rappellera à Grumman que North American ne leur a jamais facturé les frais de remorquage du LM lors des missions précédentes !

 Les deux sociétés ont fait preuve d’un humour ravageur et salvateur après les dramatiques heures vécues par tous les protagonistes responsables du sauvetage…  Une légende affirme qu’au moment de signer, Lew Evans ait ajouté un numéro 8 : retour sain et sauf : Inestimable ! (Getting home alive : priceless)

Il existe au moins cinq versions de cette facture, avec des présentations, des libellés ou des montants différents ! Dont celle ci-dessous, signée par James Lovell et Fred Haise.

Au final la forme importe peu, c’est d’avoir eu l’idée de cette facture qui est génial !

Celle-ci avec les signatures de James Lovell et Fred Haise a été vendue 4 060,50 dollars en 2014.
A gauche :  » She was a good ship !  » (Ce fut un grand vaisseau !) James Lovell « CDR Apollo 13 » et « Thanks for the lift, Grumman » (Merci pour la balade, Grumman) Fred Haise « LMP Apollo 13 » (Crédit photo : Heritage Auctions)

La dernière ligne, « Charges for keeping this invoice confidential » (Coût pour assurer la confidentialité de cette facture) à 100 000 dollars est excellente.

Une canne pour le vieux

A 47 ans, Alan Shepard est le plus âgé des astronautes ayant marché sur la lune (moyenne d’âge des moonwalkers, 39 ans).

Lorsqu’il entre dans la White Room, le jour du lancement, Guenter Wendt lui offre une canne blanche sur laquelle il a inscrit « Equipement de Soutien pour Explorateur Lunaire » (Lunar Explorer Support Equipment).