Jumeau ou don d’ubiquité

Des dirigeants de la NASA, dont Rocco Petrone, directeur du programme Apollo, prennent  le soleil au bord de la piscine de l’hôtel Holiday Inn, de Cocoa Beach, la veille du lancement d’Apollo 16.

William, le frère jumeau de Charlie Duke, qui ne connaissait pas Rocco Petrone, était descendu dans le même hôtel, rien d’étonnant, tous les astronautes et personnels de la NASA y séjournaient depuis Mercury. 

Lorsque William Duke passe devant lui, puis rebrousse chemin pour retourner dans sa chambre, car il a oublié son portefeuille, Petrone n’en croit pas ses yeux, il appelle immédiatement le quartier des astronautes et demande pourquoi diable Duke n’est pas en quarantaine. Que fait-il au bord de la piscine du Cocoa Beach ?

La secrétaire lui répond qu’elle ne comprend pas, elle vient juste de le voir, il s’entraine. Petrone n’en croit pas un mot.

La secrétaire va voir Charlie Duke, qui lui explique que c’est sûrement son frère jumeau qu’il a vu…

Elle raconte ça à Rocco Petrone qui finit par se laisser convaincre.

Un peu plus tard Rocco Petrone rencontrera William Duke cette histoire les fera bien rire !

Charlie Duke et son frère William (à gauche) lors de leur quatrième anniversaire

Charlie Duke et son frère jumeau William (à gauche) le jour de leur quatrième anniversaire. William sera médecin (gastro-entérologue), Charles marchera sur la Lune.

 

James Lovell, joyeux anniversaire maman

Alors qu’il a douze ans, le père de James Lovell meurt dans un accident de voiture, Blanche Lovell élèvera son fils unique toute seule avec peu de moyens.

Le dimanche 22 décembre 1968, l’équipage d’Apollo 8 donne sa première conférence de presse, les trois astronautes, Frank Borman, James Lovell, William Anders sont à quelques 222 000 kilomètres de la Terre.

La retransmission ne dure qu’une quinzaine de minutes, les derniers mots seront prononcés par James Lovell : « Joyeux anniversaire maman ! ».

Il savait bien évidemment que sa mère était devant la télé, très émue et très fière, elle dira un peu plus tard : « Je n’en reviens pas, ils avaient tellement de choses à faire dans l’espace et lui a pensé à l’anniversaire de sa mère. »

Peu avant Apollo XIII, Blanche Lovell sera victime d’une attaque d’apoplexie, son état ne lui permettra pas de se rendre compte de la situation dramatique dans laquelle se trouve son fils…

Charles Conrad, je boirais bien un petit coup

Lors de la deuxième « sortie » sur la Lune de la mission Apollo 12, Charles Conrad fit une petite remarque : «Je boirais bien un bon coup d’eau glacée».

A compter d’Apollo 13, les astronautes seront équipés d’un IDB (In-Suit Drink Bag ou In-Suit Drinking Device – IDD), une poche amovible d’une contenance d’environ 1 litre, fixée sur le collier d’ancrage du casque et reposant sur la poitrine, muni d’un « tuyau » et d’un embout, telle une paille.

L’astronaute peut aspirer le liquide (en l’occurrence de l’eau légèrement sucrée) et se désaltérer.

Apollo 13 n’atteindra malheureusement pas la surface de la Lune, et les astronautes d’Apollo 14 ne signalèrent aucun problème.

En revanche, David Scott et James Irwin de la mission suivante, n’arriveront jamais à s’en servir correctement.

Jusque-là les IDB ne contenaient que de l’eau légèrement enrichi en glucose, mais les médecins ayant constaté des irrégularités cardiaques sur Scott et Irwin, dues à une carence en potassium, ont préconisé que les astronautes d’Apollo 16 boivent du jus d’orange (Tang) enrichi avec du gluconate de potassium.

John Young et Charlie Duke viennent de revêtir leur combinaison, pour la première EVA, lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils ont oublié d’installer leur IDB. Cette sortie devant durer plus de sept heures, il est impératif que les astronautes puissent s’hydrater.

Ils arrivent tant bien que mal à placer le dispositif, mais comme cela a été fait dans la hâte, John Young, gêné par le micro gauche, sera dans l’incapacité d’attraper l’embout, et devra attendre le retour au LM pour se réhydrater !

Quant à Charlie Duke, le même problème d’interférence entre le micro gauche et la valve a provoqué des fuites, le liquide est allé se loger dans les interstices du collier d’attache du casque.

Installer le dispositif avant de revêtir la combinaison, n’empêcha pas les astronautes d’avoir des fuites de jus d’orange lors des deux sorties suivantes.

De retour dans le LM, Duke et Young eurent chaque fois beaucoup de mal à enlever leur casque, car le jus d’orange plus ou moins sirupeux, dû à l’ajout de potassium, l’avait pratiquement « scellé » en séchant. Il fallait nettoyer le collier avec de l’eau, pour enlever toute trace de jus d’orange.

Sur Apollo 17, les astronautes boiront à nouveau de l’eau, le potassium sera ajouté à leurs rations ! Permettant d’éviter l’effet colle du jus d’orange en cas de fuite… ainsi que les troubles gastriques (cf anecdote : Flatulences sur la Lune).

Par ailleurs, lors des entrainements, on leur expliquera plus en détail comment positionner correctement l’ IDB  en fonction de leur morphologie.

Pour la dernière mission lunaire du programme Apollo, Eugene Cernan et Harrison Schmitt n’eurent aucun problème  !

A compter d’Apollo 15, les astronautes ont disposé en outre d’une barre énergétique, qu’ils pouvaient tirer de son étui avec les dents pour en croquer une bouchée, apport indispensable pour les longues et exténuantes sorties des trois dernières missions !

James Irwin Apollo 15 vue de l'IDD

On aperçoit clairement sur ce gros plan, l’embout du IDB ainsi que la barre énergétique (4 saveurs disponibles.)