Pourquoi faut-il aller sur la Lune ?

Au début des années 60, le physicien Edward Teller, qui avait réussi à convaincre les Etats-Unis de mettre au point la bombe à hydrogène, posa cette question à des sénateurs : « Dois je vous dire pourquoi il faut que nous allions sur la Lune ? »

– En réalité, je ne sais pas vraiment, je suis juste curieux…  Si vous m’aviez demandé en 1945 ou 1946 s’il faut développer les missiles balistiques, j’aurais répondu « Faisons- le et  rapidement », vous m’auriez alors certainement rétorqué : « Comment exactement allez-vous utiliser cette nouvelle arme lors d’une guerre ? » Je vous aurais dit : « Je ne sais pas, mais lorsque nous aurons ces missiles nous trouverons bien un moyen de nous en servir ». Pour la Lune je pense que c’est exactement la même chose… Il y aura des retombées à la fois inattendues, étonnantes, pratiques et militaires… Il en va ainsi de toutes les découvertes au monde !

Robert Oppenheimer a dit un jour qu’une découverte scientifique n’est pas faite parce qu’elle est utile mais parce qu’elle est devenu possible. Kennedy et Johnson, adopteront ce principe  pour justifier leur politique. L’Amérique ira dans l’espace et sur la Lune tout simplement parce que désormais elle peut le faire !

Anecdote dans l’anecdote :  il est intéressant de constater que Robert Oppenheimer (1904-1967)  le père de la bombe nucléaire dite A (à fission) et Edward Teller (1908-2003) le père de la bombe H (à fusion) ont tous les deux obtenu leur doctorat en physique en Allemagne, le premier en 1927 à l’Université de Göttingen avec Max Born comme directeur de thèse, le second en 1930 à l’Université de Leipzig avec rien moins que Werner Heisenberg comme directeur de thèse !

Tous ces milliards gaspillés sur la Lune

Contrairement à une idée largement répandue, la majorité des américains pensaient que le programme Apollo était trop cher…

Ainsi à la question  « Le programme Apollo justifie-t-il son coût ? » les américains n’ont répondu par l’affirmative qu’à 41 % (Moyenne sur dix ans. Cf détail du sondage ci-dessous).

Wernher von Braun s’insurgeait contre la vision simpliste de ces « milliards gaspillés sur la Lune ».  Il avait coutume de rappeler : « Vous savez, nous ne dépensons pas cet argent sur la Lune, il est donné aux industries, aux centres de recherche, aux universités… Cet argent est dépensé ici aux Etats-Unis ! »

A la question : « Le programme Apollo justifie-t-il son coût ? » , voici le pourcentage des réponses affirmatives :

1963 : 38%
1964 : 40%
1965 : 45%
1966 : 40%
1967 : 35%
1968 : 37%
1969 : 53% (juste après Apollo 11)
1970 : 48%
1971 : 38%
1972 : 40%

Un aide mémoire pour Brainerd Holmes

Brainerd Holmes

Le Dr Brainerd Holmes, directeur du Bureau des Vols Spatiaux Habités au quartier général de la NASA, en charge notamment du budget faramineux du programme Apollo, avait sur son bureau une tirelire en forme de fusée, qui avait une particularité peu commune : toute pièce de monnaie introduite par le nez ressortait par une ouverture béante au niveau de la base.

Les explications de Brainerd Holmes : « C’est un ami qui m’a offert ça pour bien me rappeler qu’il s’agit de l’argent du contribuable, et que je dois le dépenser avec parcimonie ! »