Gemini 3, un pied de nez en guise d’indicatif

Les astronautes avaient pris l’habitude de donner un nom à leur vaisseau spatial. Pour la mission Gemini 3, Virgil Grissom avait choisi l’indicatif « Molly Brown » *

Ce, en référence à la comédie musicale de Broadway intitulée « The Unsinkable Molly Brown » (l’insubmersible Molly Brown) et ceci, pour faire un pied de nez à la polémique autour de la perte de sa capsule Mercury « Liberty Bell », qui a sombrée au fond de l’océan Atlantique.

Lorsque la NASA lui a demandé de changer de nom, il a proposé « Titanic »…

C’est bon pour « Molly Brown » lui a-t-on rétorqué !

Peu après, un mémo issu des hautes sphères de la NASA, interdira désormais de donner des noms aux vaisseaux spatiaux, et ce, jusqu’à la mission  Apollo 9, où il fallait faire une distinction entre le CSM et le LM.

Virgil GRISSOM et John YOUNG (au premier plan)

Virgil GRISSOM

*  Margaret Brown (1867-1932) très célèbre au Colorado pour son engagement en faveur des femmes et des plus démunis, acquiert une renommée internationale  en faisant partie des rescapés du Titanic. Sauvée à bord du canot no 6, elle participera  à la création du Comité des Survivants. Ce n’est qu’après sa mort que Hollywood s’empare de son personnage pour un faire un mythe et qu’elle deviendra pour la postérité « L’insubmersible Molly Brown ». Il faut savoir qu’elle a reçu la Légion d’Honneur pour son action au cours de la première guerre mondiale, où, se trouvant en France, elle a aidé à soigner des soldats blessés. Une femme tout à fait exceptionnelle !

Neil Armstrong et David Scott frôlent la catastrophe !

Le 16 mars 1966 à 18:14, Neil Armstrong, qui est commandant de la mission Gemini VIII, pour son premier vol, et David Scott, effectuent le premier amarrage spatial de l’histoire.

Malheureusement, 27 minutes plus tard, un moteur du OAMS (Orbit Attitude and Manoeuver System) de Gemini bloqué en état de marche provoque une rapide rotation de la structure Agena-Gemini.

Pensant qu’il s’agit d’un problème sur l’Agena, Armstrong s’en « détache », mais le problème empire.

Au bord de l’évanouissement, Armstrong désactive tous les systèmes du OAMS, et utilise les moteurs du RCS (Reentry Control System) pour stabiliser le vaisseau spatial, ce faisant, il utilise 75% du carburant de ce système.

Bien que les astronautes souhaitent poursuivre la mission, Mission Control ordonne un retour en urgence (« emergency splashdown ») après la 7 ème révolution, en effet, une règle de sécurité, régissant le volume de carburant minimum nécessaire, dans le RCS, pour la rentrée dans l’atmosphère, a été enfreinte …

Cette mission avortée, laissera à Neil Armstrong un fort sentiment de frustration. C’est l’extraordinaire sang-froid de pilotes exceptionnels qui a sauvé la mission.