La fin d’une mission spatiale, lorsque les astronautes sont sains et saufs sur le bâtiment de récupération, donnait toujours lieu à de nombreuses célébrations. La toute première se déroulait sur le navire lui-même… L’apothéose était la découpe du gâteau, le Welcome Back Cake (le gâteau « Heureux de vous revoir parmi nous »), au sabre selon la tradition.
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John Young et le syndrome du commandant de mission
L’astronaute John Young n’a pas eu le « syndrome du commandant » lors de la mission Apollo 16, c’est-à-dire l’astronaute dont la fréquence cardiaque est la plus élevée lors du lancement.
Comme le rappelle le Dr Charles A. Berry, alors directeur des sciences de la vie à la NASA (Director of Life Sciences) : « Le commandant a la plus grande responsabilité et a habituellement le pouls le plus rapide.
Or, lors du lancement d’Apollo 16 c’est le pilote du module lunaire, Charles M. Duke, qui a eu le rythme cardiaque le plus rapide, avec 130 battements par minute, vient ensuite celui du pilote du module de commande, Thomas K. Mattingly, avec 115.
C’est John Young, le commandant de la mission, qui effectuait son quatrième vol spatial, et deuxième mission vers la Lune, qui a eu la fréquence cardiaque la plus basse, avec 108 pulsations par minute.
Le record du rythme cardiaque le plus rapide est détenu par Charles Conrad Jr, dont le pouls a atteint 166 battements par minute juste avant le lancement de Gemini 11, le 12 septembre 1966.
Le pouls de John Young lors du décollage de la première mission de la navette spatiale n’a jamais dépassé 85 !
John Young ne veut pas qu’on le prenne pour une poule mouillée
Lors de la mission Gemini X, du 18 au 21 juillet 1966, dont John Young est le commandant, une expérience consistant à étudier les radiations ultraviolettes émises par les étoiles (expérience S13 UV) doit être effectuée lors de la première EVA de Michael Collins.
Cette première sortie spatiale qui doit se faire de nuit, est ce que les américains appellent une « stand –up » EVA, qui comme son nom l’indique, consiste à se tenir debout dans le vaisseau spatial, sur le siège, l’astronaute n’ayant alors que le buste dans le vide de l’espace.
Collins muni de son appareil photo, un Maurer 70 mm pourvu d’une lentille UV, doit viser le sud de la Voie Lactée et photographier une série d’étoiles, entre Beta Crucis (Mimosa – la seconde plus brillante étoile de la constellation de la Croix du Sud) et Gamma Velorum (« Le Joyaux du ciel austral », dans la constellation des Voiles, à laquelle l’astronaute Virgil Grissom donnera le nom de Regor*).
Il prend 22 photos. Après le lever de soleil, il doit également photographier 9 fois une mire constituée de 4 couleurs (rouge, bleu, jaune et gris), maintenue par une baguette d’un mètre de long, pour déterminer si une pellicule du commerce, enregistre fidèlement les couleurs dans l’espace. (Expérience MSC8)
Si la première expérience se déroule sans anicroche, la dernière est interrompue après la quatrième prise de vue, lorsque les deux astronautes présentent une irritation des yeux entraînant un larmoiement.
John Young : « Il y a une drôle d’odeur, ça irrite les yeux et les fait pleurer ».
Au départ les astronautes suspectent la solution antibuée appliquée sur la visière du casque, puis à cause de l’odeur, une fuite d’hydroxyde de lithium, qui sert à purifier l’air.
Ce sont finalement les ingénieurs au sol qui trouvent la solution : les astronautes ayant enclenché les deux systèmes de ventilation de leur combinaison spatiale, c’est ce double flux d’air qui provoque l’irritation des yeux, la désactivation de l’un d’eux résout le problème.
Sans se départir de son sens de l’humour John Young ajoute : « J’avais déjà les yeux qui pleuraient cette nuit, mais je n’ai rien osé dire, je ne voulais pas que l’on me prenne pour une poule mouillée. »
* cf : https://www.anecdotes-spatiales.com/dnoces-navi-et-regor/
Anecdote dans l’anecdote : C’est le Dr Karl G. Henize qui est à l’origine de l’expérience S13 UV. Mathématicien et docteur en astronomie, il sera sélectionné comme astronaute scientifique en août 1967, groupe 6. Il ne fera qu’un vol spatial en 1985 (Challenger – Mission STS-51F – Spacelab 2 – du 29 juillet au 6 août 85). Il décède le 5 octobre 1993, à 6 400 mètres d’altitude, d’un œdème pulmonaire de haute altitude, alors qu’il tente l’ascension de l’Everest.