Entre le décollage et l’amerrissage

Lorsque des journalistes demandaient à Virgil « Gus » Grissom quelle partie de la mission est la plus dangereuse, il répondait invariablement :

« Celle entre le décollage et l’amerrissage ! »

Par une de ces cruelles ironies du sort, il a failli périr noyé lorsque la trappe explosive de sa capsule Liberty Bell, (deuxième vol suborbital américain) s’est intempestivement déclenchée après l’amerrissage, causant la perte de la capsule qui s’est remplie d’eau, et a sombré au fond de l’Atlantique. Virgil Grissom fut sauvé in extremis.

Virgil Grissom, tragique ironie

Virgil Grissom a failli se noyer, lorsque le système pyrotechnique qui permet l’ouverture instantanée de l’écoutille de sa capsule Mercury (Liberty Bell 7, deuxième vol suborbital américain), s’est intempestivement déclenché juste après l’amerrissage.

Virgil « Gus’ Grissom

Il fut forcé de sortir de la capsule, qui se remplissait d’eau. Elle était en train de sombrer.

Alan Shepard, lors du vol suborbital précédent, avait une écoutille conventionnelle qui s’ouvrait manuellement.

Cette tragédie évitée de justesse, a fortement pesé sur le choix de la NASA lorsqu’il fut question de choisir le mode de fermeture de la « trappe d’accès » du module de commande Apollo. 

La NASA opta pour une écoutille à ouverture-fermeture manuelle.

Le 27 janvier 1967, Virgil Grissom, ainsi qu’ Edward White et Roger Chaffee, sont morts asphyxié, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans le module Apollo, lors d’un test au sol (Plugs-Out Integrated Test) au Cap Canaveral, jugé non dangereux.

La cabine était « baignée » dans une atmosphère 100% oxygène et sous pression. La différence de pression entre l’extérieur et l’intérieur, a empêché les astronautes d’ouvrir l’écoutille. Avec une trappe explosive, ils auraient pu être sauvés*.

L’astronaute Virgil Ivan Grissom  a été victime du plus malheureux concours de circonstance de l’histoire de la conquête spatiale, cruelle et tragique ironie, il n’a jamais eu la bonne écoutille au bon moment, lors de ses deux accidents.

* Cela dit, Rocco Petrone, le Directeur des Lancements, affirma qu’il n’aurait certainement pas accepté que la « trappe » soit armée lors de ce test, compte tenu du danger potentiel qu’un tel système aurait fait courir au personnel du pas de tir.

Virgil Grissom, pas très loquace

Bien avant le premier vol Mercury, on demanda à Virgil Grissom de faire un discours dans une usine de la General Dynamics à San Diego en Californie.

John « Shorty » Powers (1922-1979), le responsable des relations publiques de la NASA (NASA Public Officer), lui proposa de lui écrire un petit « speech », mais ce dernier déclina l’offre, ce qui rendit Powers quelque peu nerveux.

Ce jour-là, devant les 18 000 personnes qui construisaient la fusée Atlas, Virgil Grissom s’approcha du micro, pris sa respiration et dit :

« Faites du bon travail ! »

Il se rassit… Pendant un moment la foule resta silencieuse… Puis tout le monde se mit à applaudir et à crier…

Plus tard, les techniciens accrocheront un écriteau dans l’usine qui disait : « Faites du bon travail » : Do good work !