Wernher von Braun, programme spatial et dépenses sociales

Dans une interview accordée en 1972 au National Enquirer, qui est un journal people américain, voici ce que Wernher von Braun, alors administrateur associé adjoint pour la planification à la NASA, a déclaré sur la légitimité du programme spatial :

« Les Etats-Unis manquent de zones inexplorées sur la carte et ont besoin de la dernière frontière, l’espace, pour conserver leur esprit pionnier. Les défis énormes lancés à l’industrie informatique par le programme Apollo ont fait que les bénéfices de cette dernière qui s’élevaient à 1 milliard d’euros en 1969 (6,5 milliards en dollars constants) sont passés à 8 milliards en 1972 (47 milliards en dollars constants). L’industrie aérospatiale à elle seule pèse 27 milliards de dollars (158 milliards en dollars constants). Ce secteur et les industries que le programme spatial stimule payent des impôts, or, si ce moteur que constitue le programme spatial ralenti, vous constaterez très vite que l’on aura de plus en plus de mal à financer les programmes sociaux. »

Wernher von Braun s’exprime après le premier atterrissage sur la Lune

Lors du dîner célébrant le premier atterrissage sur la Lune, qui s’est tenu à Huntsville en Alabama, le directeur du Centre Spatial Marshall, Wernher von Braun, fit ce petit discours :

« Nous avons travaillé ensemble, et ensemble nous avons accompli notre part de la mission. La Lune est désormais accessible.

Un jour, grâce à ce que nous venons d’entreprendre, les planètes et les étoiles appartiendront à l’humanité. Atteindre le ciel, les étoiles, pourrait permettre à l’espèce humaine de s’affranchir de son confinement terrestre, peut-être même du système solaire, lui conférant ainsi l’immortalité dans cet espace immense et infini.

Pour la première fois, la vie a quitté son berceau planétaire et la destinée ultime de l’humanité n’est plus liée à celle de la Terre.

Lorsque le Mayflower a accosté les rivages de l’Amérique, les Pères pèlerins ne savaient pas ce que deviendrait cette nation.

De la même manière nous ne pouvons pas entrevoir ce qu’engendreront ces empreintes de pieds autour de la base de la Tranquillité. »

Hélas, si Apollo a probablement été la plus grande réalisation technologique de l’Histoire de l’humanité, pour ce qui est d’ouvrir à l’Homme les portes du système solaire, ce fut un magnifique désastre. En effet, contrairement à une idée communément admise Apollo n’a jamais été une étape dans la conquête de l’espace, mais bien une fin en soi. Une réponse ponctuelle à une situation ponctuelle dans le cadre bien particulier de la « guerre froide »…

Wernher von Braun membre étudiant de l’AAS

Wernher von Braun était bien évidemment membre de l’American Astronautical Society (AAS fondée en 1954), avec le statut le plus important que l’on puisse y avoir, Fellow (Membre élu).

Lorsque début 1964, il reçoit sa carte d’adhésion annuelle, il s’aperçoit que cette dernière lui octroie un rang très inférieur, il envoie donc un petit courrier : « Je suis tout à fait d’accord avec le fait que nous en apprenions tous les jours, mais qu’ai-je donc pu faire pour que vous me considériez comme un membre étudiant de l’AAS ?

Une carte de membre rectifiée lui parvint par retour de courrier.