Pour Wernher von Braun, les ouvriers d’abord

Alors que Robert Seamans et Wernher von Braun arrivent pour prendre l’ascenseur de la tour de lancement, car ils veulent jeter un coup d’œil sur une fusée, des ouvriers qui attendent, se reculent pour les laisser passer.

Prenant l’un des ouvriers par l’épaule, Wernher von Braun leur dit : « C’est vous qui faites le boulot, c’est vous qui entrez les premiers. »

De la déférence à l’amicale familiarité

En octobre 1960, lors d’une réunion de management qui se déroule à Williamsburg en Virginie, le Dr Robert Seamans qui vient de prendre les fonctions d’Administrateur Associé de la NASA, fait un petit discours.

Il raconte notamment, que lorsqu’il travaillait à la RCA (Radio Corporation of America), tout le monde s’appelait par son prénom, voire même par son surnom. Il prend l’exemple de l’un des vice-présidents de la société, que l’on surnommait « Pinky ». Il précise qu’il a eu du mal au début, mais a fini par s’y habituer.

Il ajoute ensuite qu’il fut impressionné, en faisant le tour des centres de la NASA, de constater qu’ici les choses étaient beaucoup plus formelles, chacun s’adressant à l’autre, en particulier à son supérieur, en l’appelant Docteur untel ou Monsieur un tel !

Lors du cocktail de clôture de cette réunion, quelques heures plus tard, tout le monde l’appelle Bob.

Eberhard Rees, l’un des « cardinaux »* de Wernher von Braun, lui confie alors :

« Bob, vous seriez peut-être intéressé de savoir, qu’il y a quelques jours Wernher m’a dit que je pouvais l’appeler par son prénom.

– Vous voulez dire que vous travaillez avec lui depuis, disons, vingt ans, et que depuis tout ce temps vous l’appeliez Dr von Braun ?

– Oh non ! Je l’ai toujours appelé Herr Doktor von Braun . »

*A prendre au sens premier : « quelque chose sur lequel on peut s’appuyer ». Eberhard Rees était le directeur adjoint du Centre Spatial Marshall.

Wernher von Braun, en fuséologie, il ne faut pas être pressé

Wernher von Braun savait mieux que quiconque, que le développement des fusées est un travail de longue haleine qui demande beaucoup de patience, et ne produit pas rapidement des résultats spectaculaires.

Vouloir accélérer les choses ne peut être que contre productif ! Ainsi il citait souvent ce scientifique à qui l’on avait posé la question de savoir combien de temps il lui faudrait pour achever son projet : « Deux ans, mais si vous me pressez, il se pourrait bien qu’il m’en faille trois ! »