Max Valier – Mort d’un pionnier

Nous sommes le samedi 17 mai 1930 à Berlin, Max Valier teste un moteur de 100 Kg de poussée avec Walter Riedel et Arthur Rudolph. Riedel commande les valves qui régulent le flux de carburant et Rudolph s’occupe de la pression…

Max Valier est à un mètre du moteur qu’il surveille, à l’affût de tout signe de surchauffe. Il fait signe à Rudolph d’augmenter la pression, qui atteint maintenant 7 atmosphères à l’intérieur de la chambre de combustion, lorsque l’explosion survient. 

Un fragment de métal lui sectionne l’aorte et il perd rapidement conscience, Riedel va chercher de l’aide, lorsqu’il revient, Valier s’est vidé de son sang et est mort dans les bras de Rudolph. Il avait 35 ans.

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Max Valier

Max Valier (9 février 1895 – 17 mai 1930) était un inventeur génial, passionné par la conquête de l’espace, il fut le premier à tester des voitures équipées de moteurs-fusées à ergols liquides…

Walter Riedel () était Directeur du Technische Konstruktionsbüro (Bureau d’études) à Peenemünde. Aux Etats-Unis, il quittera l’équipe de von Braun pour occuper le poste de directeur du département Rocket Engine Research chez Rocketdyne, filiale de la société North American Aviation. (C’est Rocketdyne qui a, entre autre, conçu le moteur F1 de la fusée Saturne V)

Arthur Rudolph (9 novembre 1906 – 1 janvier 1996) était responsable de la production de la fusée A4 (V2) à Peenemünde puis à Mittelwerk I. Aux Etats-Unis il sera directeur technique du projet Redstone, directeur du projet de missile Pershing… Au sein de la NASA, au Marshall Space Flight Center, il sera le directeur du projet Saturn V. Le premier vol d’une Saturn V a lieu le 9 novembre 1967… Le jour de son anniversaire, il fêtait ses 61 ans !

V = Versuchsmuster

Joseph Goebbels, ministre, entre autre de la propagande, sous le Troisième Reich, avait donné à la fusée A4 (Aggregat 4) l’appellation pompeuse, mais ô combien efficace, puisque c’est sous ce nom qu’elle est la plus connue, d’arme de représailles n°2, en allemand V2 pour « Vergeltungswaffe 2 ».

La bombe volante Fi-103, de la société allemande Fieseler, étant l’arme de représailles N°1.

 Ces « wunderwaffen » (armes miracle) devaient changer le cours de la guerre.
 
A Peenemünde la lettre V n’a pas la même signification, V veut dire « Versuchsmuster » ce qui signifie modèle expérimental ou engin d’essai.

Le V1 se rapporte au premier exemplaire fabriqué, utilisé pour l’entrainement des équipes de transport et de lancement. L’engin explosera lors d’un test statique. Le V2 sera utilisé pour la première tentative de lancement, le 13 juin 1942, un échec, l’engin se crashe après l’extinction prématurée des moteurs à T+36 secondes. Le V3 quant à lui se désintègre en vol le 16 août, après avoir atteint l’altitude de 8 600 mètres.

 
Le V4 sera lancé le 3 octobre… « Ce vol réussi marque le début d’une nouvelle ère… »
Décollage d'une A4

Un canon digne de Jules Verne… ou presque !

Avant le record d’altitude établi par la fusée A4 le 3 octobre 1942, (environ 90 km) le record était détenu depuis le 30 janvier 1918, par les boulets de 105 Kg lancés à une distance de plus de 120 km par le canon allemand « Wilhelmgeschutze » [l’arme de Guilhaume ou « Parisgeschütz » (canon de Paris) qu’il ne faut pas confondre avec la Grosse Bertha]…

Ces boulets atteignaient, à leur apogée, 40 km d’altitude ! 

C’est le capitaine Karl Emil Becker, ingénieur en balistique, qui était responsable des calculs préliminaires relatifs à la balistique, lors du développement de cette arme, celui-là même qui sera à l’origine du programme des fusées en Allemagne dès 1930.