En 1923, Walter Elias Disney (5 décembre 1901 – 15 décembre 1966) et son frère Roy Oliver (24 juin 1893 – 20 décembre 1971) créent la compagnie Disney, le premier est le génie créatif, le second est l’homme d’affaire. Dans les années 50 les activités florissantes de la société se diversifient, production d’émissions de télévision, création du premier parc à thèmes (Disneyland Park en Californie, inauguré le 17 juillet 1955)…
Adolf Hitler adorait les films de Walt Disney, lorsque son ministre de la Propagande Joseph Goebbels lui offre 18 dessins animés de Mickey comme cadeau de Noël en 1937, il est enchanté !
Après la fin de la deuxième guerre mondiale, les américains deviennent friands de science-fiction, les années 40 et 50 constituent l’âge d’or de la science-fiction littéraire, et les années 50 celui du cinéma de science-fiction.
Pour Wernher von Braun, les années 50 furent professionnellement très frustrantes, à son grand désarroi la conquête de l’espace ne figure pas dans les préoccupations des responsables politiques américains… Il est écarté du programme d’envoi d’un satellite dans l’espace, dans le cadre de l’Année Géophysique Internationale, puisque désormais l’armée de terre pour laquelle il travaille ne peut plus développer des fusées d’une portée supérieure à 300 km (ce qui était déjà le cas de la A4/V2 à Peenemünde quelque 20 ans plus tôt). Heureusement en octobre 1957, avec Spoutnik, et les échecs du programme Vanguard, tout va changer…
Entre temps, Wernher von Braun a eu l’opportunité d’exposer sa vision de la conquête spatiale habitée ; d’abord dans la revue hebdomadaire Collier’s qui était lue par environ 7 millions d’américains. Entre le 22 mars 1952 et le 30 avril 1954 le magazine Collier’s publie huit articles sur la conquête de l’espace écrits par Wernher von Braun (1912-1977), Fred L. Whipple (1906-2004) Joseph Kaplan (1902-1991), Heinz Haber (1913-1990) et Willy Ley (1906-1969), illustrés par Chesley Bonestell (1888-1986), Fred Freeman (1906-1988) et Rolf Klep (1904-1981). Ces articles vont permettre de faire le lien entre science-fiction et science. Les américains ont employé le terme science factual.
Il se trouve que l’un des principaux collaborateurs de Walt Disney, le génial animateur Ward Kimball (4 mars 1914 – 8 juillet 2002) qui avait une passion pour les objets-volants non identifiés et la vie extra-terrestre, avait lu ces articles et avait été très impressionné. Au même moment, Walt Disney qui avait bien évidemment saisi le formidable potentiel de la télévision, le début des années 50 marque la naissance de l’ère du petit écran, souhaite produire des émissions, au grand dam de l’industrie du cinéma. C’est la toute première fois qu’un studio cinéma se lance dans la télévision. Toujours précurseur, il souhaite divertir, mais également éduquer (ce qu’il appellera edutainment, des mots education, et entertainment qui signifie divertissement) … Ces émissions feront un véritable carton, ce nouveau média permettra à Disney de promouvoir ses produits et ses activités comme jamais… Notamment, bien évidemment, le parc Disneyland.
Le mercredi 27 octobre 1954 à 19:30 la première émission télévisée hebdomadaire conçue par Disney est diffusée sur la chaîne ABC. Le programme s’intitule Disneyland (il changera plusieurs fois de nom ; Walt Disney Presents en 1958, Walt Disney’s Wonderful World of Color en 1961, The Wonderful World of Disney en 1969…). La première d’une très longue série, puisque ce programme, dans sa catégorie, est classé second parmi les plus anciens de la télévision américaine (Après the Hallmark Hall of Fame), le dernier épisode est diffusé le 24 décembre 2008. La genèse de cette émission est l’aboutissement d’un accord entre la société Disney et la chaine ABC, en échange, ABC-Paramount s’engage à participer à hauteur de 500 000 dollars (4 600 000 en monnaie constante) dans la création du parc Disneyland, à se porter caution pour un prêt de 4,5 millions de dollars (41,4 millions en 2018), et à devenir actionnaire à hauteur de 34,48% dans le capital de la société Disneyland Incorporated. Actions que la société Disney rachètera en totalité des années plus tard. Le contrat est signé le 2 avril 1954. (Il s’agit ici de simplifier les choses, les ramifications de cet accord sont en réalité beaucoup plus complexes.)
C’est ainsi que Ward Walrath Kimball, l’un des « 9 sages » des Studios Walt Disney, présent dans la société depuis 1934, propose à son patron de consacrer une émission à l’Homme dans l’espace… Ce dernier est enthousiaste, il lui donne carte blanche (Une première pour Disney, qui voulait toujours tout contrôler). Ce jour là, lorsque furent évoqués les aspects financiers du projet, Walt Disney pliera une feuille blanche au format d’un chèque pour symboliser le chèque en blanc.
Ward Kimball contacte en premier lieu Willy Ley, écrivain, journaliste et vulgarisateur, au savoir encyclopédique, qui fumait cigare sur cigare, ancien de la VfR (Verein für Raumschiffahrt – Association pour le vol spatial), puis Wernher von Braun (ancien membre de la VfR également), le plus grand expert au monde en matière de fusée, et Heinz Haber, spécialiste de la médecine spatiale naissante (tous les trois avaient collaboré aux articles de Collier’s) pour faire office de consultants techniques. Rappelons qu’en 1954 quelque 26 millions de foyers américains, soit 55,7% de la population, (163 millions – 1 ménage était alors composé de 3,34 personnes en moyenne) disposent d’un poste de télévision. L’année de création de la NASA, 1958, ce sont 42 millions de foyers, soit 83,2% de la population, qui possèdent au moins un téléviseur.
Wernher von Braun, le plus grand prosélyte de la conquête de l’espace à ce jour, est d’abord réticent et refuse, d’autant qu’il a été contacté par la chaîne CBS qui souhaite produire 39 épisodes d’un programme intitulé Target for Tomorrow, sur la conquête de l’espace. Le projet n’aboutira pas. Willy Ley insiste en lui présentant une esquisse du projet qui au départ ne prévoyait qu’un épisode intitulé Reaching for the Moon, puis Rockets and Space. Rassuré, il finit par accepter et saisir cette opportunité unique, inespérée, pour « vendre » son rêve au grand public, qui remonte au temps où sa mère lui a offert une lunette astronomique pour sa confirmation, il avait treize ans.
Le 10 juillet 1954 Wernher von Braun rencontre Walt Disney et Ward Kimball dans les Studios Disney à Burbank en Californie. Non seulement von Braun, qui a alors 42 ans, sera l’un des conseillers techniques, à l’origine de nombreuses modifications, mais il présentera également certaines séquences, avec cet accent germanique qui accroît encore sa crédibilité aux yeux des américains.
En effet, la science allemande a dominé le monde de la fin du XIXe jusqu’au début du XXe siècle. De nombreux scientifiques allemands de tout premier plan, ont par ailleurs émigré aux Etats-Unis pour fuir le nazisme, tel Albert Einstein, dont le nom est devenu synonyme de génie. Dans l’imaginaire américain, un savant avec un accent germanique était un gage de grande compétence. A cet égard, Willy Ley et Heinz Haber, qui interviennent aussi dans l’émission, avaient également un accent allemand fort prononcé.
Persuader le grand public que l’exploration de l’espace est possible, fut certainement l’un des plus grands succès de Wernher von Braun, une démarche télévisuelle capitale pour la suite des événements, son influence fut déterminante… Il inculquera aux américains une culture de l’espace, malheureusement toujours inexistante en France à l’heure actuelle… Complètement impliqué dans le projet, il profitait de ses nombreuses visites chez les contractants de la Côte Ouest, fabricants des composants des fusées Redstone et Jupiter, pour se rendre aux Studios Disney, et travailler avec les artistes et les producteurs jusqu’au petit matin. Il ne comptait pas ses heures.
La première émission (au final il y en aura trois) d’une durée de 49 mn (hors publicités), intitulée Man in Space (L’Homme dans l’espace) est diffusée le mercredi 9 mars 1955, (Saison 1 – Episode 20 de l’émission Disneyland), il y a très exactement 63 ans aujourd’hui. A ce moment là, Wernher von Braun est toujours allemand, il sera naturalisé américain le 14 avril suivant. Ce jour là, les téléspectateurs sont « scotchés », pas de Mickey, pas de Donald, pas de Davy Crockett, mais une formidable émission sur le thème de l’Homme dans l’espace.
Plus de 42 millions de personnes verront cette émission, « un score largement au-dessus de nos attentes » confiera Willy Ley. En 1955 les Etats-Unis comptent 166 millions d’habitants ! Programme qui sera rediffusé 3 mois plus tard, le 15 juin, puis à nouveau le 7 septembre, après que le président Eisenhower ait annoncé que les Etats-Unis allaient envoyer un satellite en orbite autour de la Terre.
Une version abrégée en Technicolor de 33 minutes sera même diffusée au cinéma, juste avant la projection du film « Davy Crockett et les pirates de la rivière » (sorti le 18 juillet 1956 aux Etats-Unis – Davy Crockett and the River Pirates) qui fut un énorme succès au box office bien qu’il s’agisse de deux épisodes diffusés sept mois auparavant à la télévision, toujours dans l’émission Disneyland. (Rappelons qu’à l’époque, la télévision était en noir et blanc.) Ce faisant, Disney fait le lien entre la Frontière de la conquête de l’ouest, un concept majeur dans l’histoire des États-Unis, et celle de la conquête de l’espace.
C’est cette version abrégée pour le cinéma, en couleur, qui sera nommée dans la catégorie court-métrage documentaire lors de la 29e cérémonie des Oscars, qui se déroule le mercredi 27 mars 1957. [Pour être sélectionné aux Oscars un film doit bien évidemment être diffusé au cinéma et non pas à la télévision. C’est The True Story of the Civil War de Louis Clyde Stoumen qui sera primé. Jacques Yves Cousteau quant à lui, reçoit l’Oscar du meilleur documentaire pour Le Monde du Silence ! Depuis sa première statuette en 1932, c’est Walt Disney qui détient le record des récompenses aux Oscars, avec 22, auxquels il faut ajouter 4 Oscars d’honneur.]
Au total, ce seront plus de 100 millions de personnes qui verront cet épisode, significatif à plus d’un titre, puisqu’il a également lancé la franchise sur la prospective (futurologie), qui se matérialisera avec le thème Tomorrowland de la série, et des parcs. Des Fantasyland, Frontierland, Adventureland, et Tomorrowland, c’est cette dernière thématique qui posera le plus de problèmes au groupe Disney. Ward Kimball produira également d’autres émissions à succès sur la science et ses applications futures, comme celle sur le thème de l’atome, avec « Our Friend the Atom »…
Le premier opus, présenté par Walt Disney (comme tous les épisodes de la série Disneyland, jusqu’à sa mort), puis par Ward Kimball, aborde l’histoire des fusées avec Willy Ley, et l’explication de certains principes scientifiques de base, avec un buste animé d’Issac Newton. (Principe de la gravité, de l’action et de la réaction…). Heinz Haber évoque ensuite les problèmes physiologiques et pratiques, à l’aide du personnage homo sapiens extra terrestrialis. Il explique entre autres, l’impesanteur, les problèmes liés aux radiations, comment manger et dormir dans l’espace, même la psychologie est très brièvement évoquée.
Wernher von Braun (photo ci-contre) commence son exposé à 31:30, c’est à 35:48 qu’il prononce ces mots : « …Si nous devions entreprendre aujourd’hui, un programme spatial, organisé et pérenne, je pense que l’on pourrait construire une fusée permettant d’emporter un passager d’ici dix ans…»
Wernher von Braun qui portait toujours un costume, sera prié par Ward Kimball de tomber la veste. Faire son exposé en bras de chemise le fera paraître plus abordable.
L’émission est terriblement efficace et didactique, avec beaucoup d’humour, la quintessence du savoir-faire Disney, et, scientifiquement irréprochable. Si l’on en croit Ward Kimball, le Président des Etats-Unis Dwight D. Eisenhower, demandera une copie de l’émission pour la montrer à ses collaborateurs. Le 29 juillet 1955, il annonce que les Etats-Unis lanceront un petit satellite inhabité autour de la Terre dans le cadre de l’Année Géophysique Internationale. Cette déclaration sera à l’origine d’une fête aux studios Disney. Comme le fera remarquer un journal : « Juste pour info : certains membres du Congrès ont affirmé que le film de Walt Disney « L’Homme dans l’espace », diffusé dans l’émission télé d’ABC, Disneyland, a pu exercer une ultime pression sur le gouvernement, pour sortir son programme spatial de plusieurs milliards de dollars du placard. »
Leonid Sedov, le représentant du programme spatial soviétique, sollicitera lui aussi une copie de l’émission, par une lettre en date du 24 septembre 1955 adressée à Frederick C. Durant, qui était alors le président de la Fédération Internationale d’Astronautique… Sergueï Korolev a-t-il vu ce film ?
Courant septembre 1955 la American Rocket Society tient sa réunion annuelle, la plus importante depuis sa création en 1930, à cette occasion, dans la soirée du 19 septembre elle va projeter Man In Space en couleur devant plus 600 personnes.
Le Los Angeles Herald & Express titrera : « Walt Disney pourrait bien être l’arme secrète de l’Amérique pour la conquête de l’espace. »
Tout le monde emballé par l’émission ? Pas tout à fait, Walt Disney confiera à Ward Kimball que son épouse Lillian (15 février 1899 – 16 décembre 1997) s’est quelque peu ennuyée en regardant l’épisode à la télévision !
Au total ce sont 3 épisodes sur la conquête de l’espace qui seront produits par Ward Kimball, qui en fut également officiellement le co-auteur avec William Bosché (1922-1990). (Trois autres épisodes sur l’espace, indépendamment des trois premiers, furent envisagés mais jamais concrétisés, l’un deux sur le programme Vanguard, mais avec le lancement de Spoutnik, le projet, qui avait atteint le stade de la préproduction, fut abandonné…)
Le deuxième volet, Man and The Moon (L’Homme et la Lune) (48:50) diffusé le mercredi 28 décembre 1955 (Saison 2 Episode 14), évoque tout d’abord les mythes et croyances liés à l’influence de la Lune, puis la construction d’une station spatiale, pour finir par un film, avec de vrais acteurs, retraçant un vol circumlunaire habité. C’est Wernher von Braun qui a effectué tous les calculs de trajectoire, travail pour lequel il a touché un bonus de 1 000 dollars (9 600 dollars en monnaie constante). Pour son travail de consultant chez Disney il a perçu 5 500 dollars (53 000 dollars en monnaie constante), somme de laquelle il faut déduire les 10% de son agent.
Le troisième opus, Mars and Beyond (Mars et au-delà) (48:50 mn), diffusé le mercredi 4 décembre 1957 (Saison 4 épisode 12) relate notamment les spéculations concernant la présence de vie intelligente sur Mars, puis décrit une expédition habitée, composée de six vaisseaux spatiaux, à destination de cette planète. A l’origine, cette troisième partie devait être diffusée au printemps 1956, pour coïncider avec le périgée de la planète rouge, le moment où elle se trouve au plus près de la Terre, mais cet ultime épisode a pris beaucoup de retard, en raison de celui consacré à Vanguard, commandé par IBM et l’U.S National Academy of Science. (Ce qui démontre de la meilleure manière possible à quel point le travail effectué sur Man In Space et Man and the Moon a été tenu en haute estime.)
Mars and beyond est donc finalement programmé avec un an et demi de retard, le 4 décembre 1957, soit deux mois après le lancement de Spoutnik , un mois après Laïka, et juste deux jours avant l’échec de Vanguard TV3, le 6 décembre, qui constitue la première tentative américaine de mise en orbite d’un satellite, que certains médias ont qualifié de Flopnik et de Kaputnik !
Dans ce dernier volet, Walt Disney présente le contenu de l’émission avec un robot, « Garco », fabriqué par l’ingénieur Harvey Chapman de la Garrett Supply Company avec des pièces détachées d’avions, la voix est celle de Paul Frees (22 juin 1920 – 2 novembre 1986), acteur et surtout narrateur (voix-off) de légende. Le physicien nucléaire Ernst Stuhlinger, un proche collaborateur de Wernher von Braun au Centre Spatial Marshall, spécialiste de la propulsion ionique, et consultant pour cet épisode, fait une apparition aux côtés de Wernher von Braun, mais sans faire le moindre commentaire…
Au total, les trois épisodes ont coûté 1 million de dollars (soit 9,15 millions en monnaie constante) le premier, 300 000 dollars (soit 2 750 000 USD 2018), le second, 250 000 dollars (soit 2 300 000 USD 2018), le dernier 450 000 dollars (soit 4 100 000 USD 2018). Ce qui était considérable pour une émission télé à l’époque. Les critiques, quant à elles, furent très élogieuses, même celles des scientifiques et professionnels de l’industrie aérospatiale naissante. Ces épisodes rapporteront des dizaines de millions de dollars de l’époque, notamment grâce à la vente des produits dérivés (merchandising) ; livres, maquettes, etc.. (A titre de comparaison la première saison de la série télévisée Davy Crockett, qui comporte trois épisodes, a coûté 800 000 dollars de l’époque, soit 77 millions en monnaie constante.)
Après les succès soviétiques, alors que la NASA semble piétiner, certains n’avaient-ils pas suggéré de laisser Disney s’occuper du programme spatial, lui au moins a un plan et une vision !
En avril 1965, dix ans après Man in Space, Wernher von Braun invite Walt Disney, son frère Roy, William Bosché (18 juillet 1922 – 17 mai 1990), John Kenneth Peterson (5 juin 1909 – 29 mars 2000), John Hench (29 juin 1908 – 5 février 2004), Claude Coats (17 janvier 1913 – 9 janvier 1992), et Kendall O’Connor (7 juin 1908 – 27 mai 1998) à visiter les trois principaux centres spatiaux de la NASA ; le centre des vols spatiaux habités près de Houston au Texas, le centre spatial Kennedy en Floride (à 92 km de là, sera construit DisneyWorld, inauguré en 1971), et le centre spatial Marshall à Huntsville en Alabama dont Wernher von Braun est le directeur, c’est alors le centre de la NASA le plus important en terme de budget et de personnel. L’invitation est lancée par l’intermédiaire de Bill Bosché, dessinateur, scénariste et producteur, avec lequel von Braun avait travaillé en étroite collaboration, c’est ensemble qu’ils avaient conçu le « storyboard » de l’émission, et notamment abordé tous les aspects et détails techniques des épisodes : « Il y a quelques années seulement j’ai eu le plaisir de travailler avec vous sur un projet qui s’est avéré des plus prophétique. Je sais que vous avez gardé un vif intérêt pour notre programme spatial et en particulier pour les vols spatiaux habités, c’est la raison pour laquelle vous pourriez trouver intéressant de venir constater par vous-même à quel point vous fûtes prémonitoire. »
Ward Kimball ne sera pas présent, mais il est inconcevable que von Braun ne l’ait pas invité.
A 63 ans, Walt Disney effectue un rendez-vous dans l’espace dans le simulateur Gemini, et atterrit sur la Lune dans le simulateur du LM… Roy Disney d’habitude si réservé déclara : « J’ai été complètement subjugué par ce que nous avons vu, quiconque le serait s’il voyait ce fantastique effort et l’organisation mise en place pour les vols spatiaux, comme celui effectué brillamment par McDivitt et White lors de leur mission de 4 jours. Il est difficile d’appréhender, de réellement comprendre, à moins d’avoir vu certains aspects, comme nous avons pu le faire juste avant le vol, l’audace nécessaire à une telle entreprise, qui reste pratiquement incompréhensible aux esprits non scientifiques. Ce sont par exemple 300 000 personnes qui sont impliquées dans la conception, la vérification, et la réalisation d’un vol spatial. Avec un réseau de suivi qui couvre l’essentiel de la planète. Ces personnels de la NASA ne peuvent pas commettre la moindre erreur, bien évidemment. Tout doit être prévu avant le vol. Qui plus est, la représentation doit être donnée devant les yeux et les oreilles du monde entier, à la fois les amis et les ennemis. Chaque américain devrait être, doit être fier, de faire partie, quelque part, de l’effort entrepris par notre pays pour conquérir cette fabuleuse nouvelle frontière que constitue l’espace. »
En lançant cette invitation Wernher von Braun avait dans l’idée de renouveler une collaboration avec les Studios Disney pour promouvoir l’après Apollo, malheureusement Walt Disney est pris par d’autres projets, tel EPCOT (Experimental Prototype Community Of Tomorrow – Prototype expérimental d’une communauté du futur) et aucun projet concret ne verra le jour, à sa grande déception. Même si à la une de l’édition du journal The Huntsville Times en date du 13 avril 1965, on peut lire : « Walt Disney s’engage à soutenir le programme spatial » et dans le texte « Si je peux être d’une quelconque utilité avec mes émissions télévisées… sensibiliser les gens sur le fait que nous devons continuer à explorer l’espace, je le ferai. »
Ces trois épisodes, mythiques, ont incontestablement marqué les esprits, et permirent de vendre l’idée du vol spatial aux américains, un jeune garçon de treize ans, de l’Iowa, un certain Steve Bales, fut très marqué par ce programme. Le 20 juillet 1969 il se trouve au centre de contrôle des missions près de Houston et prendra une décision qui « sauvera » la mission Apollo 11… « C’est le dessin animé de Walt Disney devenu réalité » dira t-il.
Avec ces épisodes Wernher von Braun a pris beaucoup de risques, dont il était parfaitement conscient, notamment de crédibilité. S’associer à l’image de Disney aurait pu le desservir. Il devient une célébrité aux Etats-Unis, célébrité qui provoquera beaucoup de jalousies et d’inimitiés, notamment parmi certains de ses futurs collègues à la NASA, et plus tard, d’autres encore (…)
Malheureusement, Walt Disney décède le 15 décembre 1966 d’un cancer du poumon, et ne verra pas le premier vol circumlunaire réalisé par Apollo 8, au contraire de son frère Roy, qui disparaît le 20 décembre 1971, et qui a donc également vu les premiers pas de l’Homme sur la Lune.
Willy Ley, l’autre prosélyte de la conquête de l’espace, est terrassé par une crise cardiaque le 24 juin 1969 à l’âge de 63 ans, 26 jours seulement avant l’atterrissage d’Apollo 11 dans la Mer de la Tranquillité. Il ne verra pas non plus s’accomplir le plus vieux rêve de l’humanité. Il avait déjà acheté son billet d’avion pour assister au décollage.
Juste après la mise en orbite autour de la Lune d’Apollo 8, Ward Kimball reçoit un coup de fil de Wernher von Braun : « Tu as vu Wahd (c’est ainsi qu’il prononçait son prénom), ils ont suivi notre scénario ! ».
– « Oui, point par point ! »
Les épisodes de la série Tomorrowland sont compilés dans ce magnifique coffret de deux DVD.
« When You Wish upon a Star »… You may reach the stars…
Les trois épisodes sont visibles sur YouTube.