Fers de lance de la propagande soviétique, les cosmonautes avaient une lourde responsabilité.
Tiraillés entre les impératifs liés à cette propagande et ceux dictés par une culture du secret poussée à son paroxysme, ils devaient se sentir particulièrement inconfortables lors de leurs apparitions publiques. De peur de dévoiler un « secret d’état », les réponses aux interviews sont toujours générales et d’une très regrettable vacuité !
Comme on peut le constater à l’occasion de la première conférence de presse de Youri Gagarine donnée après son vol historique :
Journaliste : « Quand vous a-t-on annoncé votre sélection pour ce premier vol ? »
Youri Gagarine : « On m’a informé au moment opportun. J’ai eu largement le temps de me préparer et de m’entrainer pour ce vol. »
– Vous avez dit hier que vos compagnons pilotes-cosmonautes sont prêts à réaliser de nouveaux vols cosmiques. Combien sont-ils ? Plus d’une douzaine ?
– Conformément à notre plan de conquête de l’espace cosmique, notre pays forme des pilotes-cosmonautes. Je pense qu’ils sont suffisamment nombreux pour réaliser une série de vols dans l’espace.
– Quand le prochain vol spatial doit-il avoir lieu ?
– Je crois que nos scientifiques et cosmonautes effectueront le prochain vol spatial lorsque cela s’avèrera nécessaire.
– Quel est le montant de votre salaire ?
– Comme tous les soviétiques, mon salaire permet de couvrir tous mes besoins.
Le grand journaliste russe Iaroslav Golovanov, qui était présent à cette conférence nota dans son journal intime que Gagarine était sur le qui-vive, terrifié à l’idée de dire quelque chose d’interdit, il cherchait constamment du regard l’académicien Evgenii Konstantinovich Fedorov, nommé porte-parole pour la circonstance, qui lui aussi devait faire croire qu’il avait une quelconque responsabilité dans ce premier vol !
Galovanov révèle, que l’information la plus intéressante qu’il ait apprise lors de cette conférence de presse, est le poids de Gagarine : 69,5 kg !