Gérald CARR – Edward GIBSON – William POGUE
Le 19 avril 1974, le directeur de la CIA (Central Intelligence Agency – Agence Centrale de Renseignement), William Colby, reçoit un mémorandum de l’un de ses collaborateurs, qui lui fait part d’un « petit problème » impliquant les astronautes de la mission Skylab 4. Ces derniers ont, par inadvertance, photographié une « zone interdite », alors qu’ils ont été dûment informés, comme en principe l’ensemble du corps des astronautes* que c’est formellement proscrit.
Plus de 19 400 photos de la Terre ont été prises lors de cette ultime mission à bord de la station spatiale Skylab, qui a duré 84 jours, du 16 novembre 1973 au 8 février 1974.
Pour la CIA et les instances militaires, ce n’est rien moins que la sécurité des Etats-Unis qui se trouve ainsi menacée.
Ce dont il est question, est une zone militaire ultra protégée qui officiellement n’existe pas**, crée en 1955 pour le programme U2, qui se trouve au Nevada, plus connue sous le nom de « Groom Lake » ou « Zone 51 » (On l’appelle également « The Box », « Paradise Ranch », « Watertown Strip », « Dreamland »…)
Ce lieu maintes fois évoqué dans la culture populaire depuis le début des années 1990, notamment dans des séries télévisées et des films, fait l’objet de tous les fantasmes. Inutile de revenir ici sur les élucubrations des adeptes des théories « conspirationnistes ». La vacuité de leur propos est affligeante, une insulte à l’intelligence.
En réalité Groom Lake est une base militaire où l’on développe et teste les prototypes et avions militaires à la pointe de la technologie (ainsi que missiles, radars etc.). C’est là que furent mis au point l’avion espion U2, le Blackbird, le F-117, le F-22 Raptor… et que furent évalués les avions de chasse soviétiques récupérés tout au long de la guerre froide (MiG 17, MiG 21…)
La NASA et les « services secrets » avaient un accord, qui date du début du programme Gemini, qui stipulait que toutes les photos de la Terre prises par les astronautes doivent d’abord passer par le Centre National d’Interprétation Photographique du bâtiment 213 du Navy Yard*** à Washington D.C. (NPIC – National Photographic Interpretation Center – On prononce N-pic), un service dirigé par la CIA qui vérifie et interprète toutes les photos aériennes et satellites.
La raison pour laquelle les astronautes ont désobéi et ont pris cette photo est obscure, très certainement une simple erreur ! Toujours est-il que la photo est là, et elle embarrasse tout le monde !
La question est de savoir s’il est légalement possible de soustraire une photo prise par un engin civil non classé secret défense. La NASA et le Département d’Etat (ministère de l’intérieur) sont pour la publication de la photo, les services secrets et le Département de la défense sont contre. Quel que fut l’imbroglio juridique auxquels les protagonistes furent confrontés, contre toute attente, la NASA eut gain de cause et la photo, comme toutes les autres, fut ajoutée aux archives photographiques Skylab, de l’agence spatiale, ainsi qu’au dépôt national des photos aériennes et satellites à Sioux Falls dans le Dakota du Sud. [Center for Earth Resources Observation and Science (EROS)]
Beaucoup d’émoi pour pas grand chose, puisqu’il existait deux photos haute résolution de la « Zone 51 » disponibles dans les archives publiques de l’US Geological Survey, la première a été prise en 1959 et l’autre en 1968.
Quant aux soviétiques, il y a belle lurette que leurs missions spatiales et satellites espions «surveillent» la zone.
La photo de Skylab qui a mis la CIA en émoi !!!
La photo haute résolution datant de1968 disponible dans les archives publiques de l’US Geological Survey