En 1976, le président américain Gérald Ford (1913-2006) et son administration, sous la houlette du Conseil des distinctions honorifiques du service civil (Distinguished Civilian Service Awards Board), envisagent d’attribuer à Wernher von Braun, dont le cancer est en phase terminale, la plus haute distinction civile américaine, la Médaille Présidentielle de la Liberté (Presidential Medal of Freedom).
Mais l’un des conseillers du président, le directeur de la communication, David Gergen (1942- ) est contre. A 34 ans, son raisonnement est le suivant : « Désolé, mais je ne peux pas accepter l’idée, de donner la médaille de la Liberté à un ancien nazi, dont les V2 ont été lancés sur plus de 3 000 villes britanniques et belges. »
On passera sur les horribles confusions de Gergen, « …3 000 villes… », les amalgames sur le terme « nazi », et rendre responsable un inventeur, de l’utilisation de son invention. A-t-on accusé Robert Oppenheimer d’avoir tué 150 000 civils à Hiroshima et Nagasaki ? Et que dire de Samuel Colt, Oliver Winchester, Alfred Nobel, Arthur Galston, Louis Fieser, Mikhaïl Kalachnikov etc. ? Sont-ils des criminels ?
En définitive, Gerald Ford, qui est le seul président des Etats-Unis à ne pas avoir été élu à ce poste, il remplace Richard Nixon (dont il était le vice-président) obligé de démissionner le 9 août 1974 pour éviter sa destitution suite à l’affaire du Watergate, qui sera battu aux présidentielles de 1976 par Jimmy Carter, octroie tout de même à Wernher von Braun, la Médaille Nationale de la Science (National Medal of Science).
Pourtant « l’apport » décisif de Wernher von Braun colle parfaitement avec le cadre d’attribution de la Médaille Présidentielle de la Liberté, qui est décernée à toute personne quelle que soit sa nationalité et qui a fait : « une contribution particulièrement méritante pour la sécurité ou les intérêts nationaux des États-Unis, la paix du monde, la culture, ou d’autres actions significatives dans le domaine public ou privé. »