Le formidable intérêt des médias pour le programme spatial, a extrêmement surpris le Dr Robert Seamans.
De par ses fonctions, d’abord comme Administrateur Associé, puis comme Administrateur Adjoint de la NASA, il devait régulièrement côtoyer et travailler avec la presse, ce qui n’était pas forcément désagréable.
Robert Seamans fit de son mieux pour entretenir de bonnes relations avec les journalistes. Il lui arrivait même d’apprécier et de trouver intéressantes les discussions qu’il pouvait avoir avec certains d’entre eux, même s’il devait toujours rester très circonspect.
L’éditorialiste du Washington Star, William Hines*, qui avait surnommé Robert Seamans, le « Tsar de la Lune » était particulièrement critique envers la NASA.
Lors des conférences de presse, il se levait et posait systématiquement ses questions sur un ton agressif. Pourquoi la NASA est-elle si timorée ? Pourquoi les choses n’avancent-elles pas plus vite ? Pourquoi la NASA n’est-elle pas plus imaginative ?
Quand Robert Seamans rentrait chez lui, sa femme Eugenia « Gene » lui interdisait de lire les articles de Bill Hines avant le dîner, ou alors, elle lui servait d’abord un Martini !
De même, il demanda un jour à John Finney du New York Times pourquoi il n’écrivait jamais d’article positif ou optimiste sur la NASA ?
Sa réponse : « Si j’écris un article positif il sera publié en page 33, alors que si j’écris un texte sujet à controverse j’ai une bonne chance de le voir publier en première page. C’est aussi simple que ça. Plus mes articles sont proches de la première page, mieux je suis payé !
* William Hines (1916-2005) était surnommé le « parrain des journalistes spatiaux ».
C’est une légende parmi les journalistes ayant couvert le programme spatial.
Assis sur sa chaise tel un cobra lové, attendant sa proie, il jaillissait pour poser des questions incisives et embarrassantes, qui laissaient souvent les représentants des relations publiques de la NASA sans voix, incapables de répondre.
Extrêmement critique lors de l’incendie d’ Apollo 1, il contribua notamment à ce que l’enquête soit scrupuleusement suivie par une commission du Congrès.