Nous retrouvons nos deux cosmonautes de la mission Soyouz 18, Oleg Makarov et Vasili Lazarev attendant les secours dans la neige et le froid.
Dire qu’une demi-heure auparavant ils avaient décollé de Baïkonour par une magnifique journée de printemps, le thermomètre affichait 25°C.
Les cosmonautes sont sortis de leur capsule, les conditions météo sont abominables, il fait -7°C, le temps est couvert et un vent cinglant leur glace le sang. Une épaisse couche de neige, les entoure, 1,50 m, rendant toute progression extrêmement difficile.
Les deux hommes sont des miraculés, les parachutes en s’accrochant à des sapins, ont empêchés la capsule de plonger dans un précipice profond de plusieurs centaines de mètres.
Ils sont sains et saufs mais sont inquiets pour leur vaisseau spatial, le vent risque de déchirer les voiles ou de créer des tensions qui risquent à la longue de provoquer la rupture des suspentes, et de libérer la capsule qui se fracassera au bas de la corniche.
S’ils détachent les deux parachutes l’effet sera le même, ils décident donc, fort judicieusement, de ne couper qu’un seul parachute, celui qui a le moins de prise au vent. L’engin spatial encore très chaud fait fondre la neige, la capsule menace de glisser vers le précipice, heureusement le parachute tient bon !
Un autre motif d’inquiétude, et pas des moindre, concerne le lieu d’atterrissage, il y a en effet une possibilité qu’ils soient en Chine, et compte tenu des relations exécrables entre les deux pays il y a de quoi être préoccupé !
Quelques temps auparavant deux hélicoptères soviétiques avaient atterri par erreur sur le territoire de la République Populaire de Chine, non loin de la frontière, et leurs pilotes avaient été capturés.
Lazarev décide en conséquence de brûler des documents relatifs à une expérience militaire top secrète qu’il devait réaliser en orbite, une expérience si secrète que lui-même n’en connaissait pas la finalité !
Manarov et Lazarev rampent dans la neige pour la tasser, se construisent un abri et allument un feu, Lazarev étant né en Sibérie cela n’a rien d’inhabituel pour lui !
La nuit n’allant pas tardé à tomber, les cosmonautes enfilent leur combinaison de survie et comme il fait vraiment très froid, ils mettent également leur combinaison de sauvetage étanche Forel (Truite), que l’on utilise habituellement pour les amerrissages forcés.
Au bout d’une demi-heure l’équipe de récupération se manifeste par radio, lorsqu’on leur communique leur position ils sont soulagés, en effet ils ont atterri en territoire soviétique, non loin de la ville Aleisk, sur le versant d’une montagne appelée Teremok 3, à 1 200 mètres d’altitude.
Le relief très escarpé, le vent, les arbres, la neige, rendent le sauvetage très perilleux. On envisage tout d’abord de larguer des parachutistes, y compris des médecins, au-dessus du site, mais Lazarev qui est un parachutiste émérite, déconseille vivement cette option arguant que c’est beaucoup trop dangereux.
Il vaut mieux attendre le lendemain. Ils passent donc une longue nuit sur la montagne.
Le lendemain matin un hélicoptère muni d’une échelle en corde tente vainement de récupérer les deux hommes, mais à cette altitude et compte tenu de la force du vent, le pilote est dans l’incapacité de stabiliser son appareil !
On « dépose » ensuite un groupe de secours sur une rivière gelée, juste en contrebas de la corniche où sont coincés les deux cosmonautes, les sauveteurs n’ont plus qu’à escalader la montagne jusqu’aux infortunés voyageurs de l’espace.
Malheureusement ce groupe n’est pas constitué d’alpinistes expérimentés, ils provoquent une avalanche sous laquelle ils sont ensevelis !
Il faut maintenant envoyer une équipe de secours au secours de l’équipe de secours !
En fin de journée un hélicoptère MI-4 qui transporte des géologues réussit à « hélitreuiller » un guide forestier auprès des cosmonautes, ces derniers passent une deuxième nuit à la belle étoile…
Ce n’est que le lendemain, le 7 avril, qu’un hélicoptère piloté par un dénommé Sultan-Galiyev réussit à récupérer l’équipage de Soyouz 18 et le guide !