Alan Shepard, touché

Lors du dîner organisé à la Maison Blanche en l’honneur de la mission Apollo 14, Alan Shepard discute avec les invités présents à sa table, et évoque les progrès réalisés depuis les tous premiers voyages spatiaux.

« En 1959, certains scientifiques croyaient encore, qu’un Homme qui voyagerait en fusée et qui resterait en impesanteur pendant quelques minutes, reviendrait sur Terre complètement désorienté et irrationnel. »

Remarque d’un des convives : « Je comprends mieux. Je me demandais ce qu’il vous était arrivé ! »

Alan Shepard, l’homme au grand coeur

Le temps des Icy Commander et autres sobriquets peu flatteurs est révolu depuis longtemps, Alan Shepard très riche, consacre désormais sa vie à des œuvres caritatives.

 
Henri Landwirth, le directeur de l’Holiday Inn a gravit les échelons de cette chaine d’hôtels, a fait quelques affaires notamment avec John Glenn… Et est devenu riche, très riche lui aussi… Quelle revanche pour ce survivant de l’Holocauste ! Il se consacre lui aussi à des œuvres caritatives…
 
Un jour il propose aux six astronautes survivants des Mercury Seven, ainsi qu’à Betty Grissom, de créer une fondation qui allouerait une bourse à des étudiants défavorisés, dans les disciplines scientifiques.
 
Alan Shepard et les autres se montrent enthousiastes et ce dernier se propose même d’en devenir le président. Shepard et Landwirth montent le projet…
 
En 1984, c’est chose faite, la Mercury Seven Foundation voit le jour. Les deux premières années sont très difficiles, Shepard est encore très pris par ses affaires et la fondation ne récolte que 100 000 dollars.
 
En 1986, avec la tragédie de Challenger, accident qui le marque profondément, il décide de laisser ses affaires de côté et de « sauver » la fondation, il fait lui-même plusieurs dons et organise toutes sortes de manifestations pour récolter de l’argent… Des millions de dollars seront récoltés.
 
En 1990 la fondation change de nom pour devenir l’Astronaut Scholarship Foundation, elle devient si prospère qu’elle construit l’Astronaut Hall of Fame avec sa boutique de souvenirs, adjacent au Centre Spatial Kennedy, dont tous les bénéfices sont reversés à la fondation. Des centaines d’étudiants, issus de milieux sociaux défavorisés pourront faire des études dans les meilleures universités américaines.
 
En 1996 Alan Shepard apprend qu’il a une leucémie…
 
En 1997, il fait coïncider la réunion annuelle de la fondation avec la fin de sa présidence, trop affaibli pour continuer, il a demandé à Jim Lovell de prendre sa succession.
A la fin de la soirée, Don Engen, directeur du National Air And Space Museum de Washington D.C. monte sur le podium et s’adresse à Alan Shepard : « Tu me supplies depuis des années… Ok c’est bon, j’abandonne… Apollo 14 est à toi ! ».
La capsule qui en 1971 l’avait emmené vers la Lune, l’avait protégé pendant ce voyage de 9 jours où il avait parcouru 800 000 kilomètres, atteignant la vitesse de 38 000 km/h allait être à lui. Le Smithsonian fait don du CM d’Apollo 14 au musée de l’Astronaut Hall of Fame.
 
Alan Shepard submergé par l’émotion ne peut prononcer la moindre parole, ses yeux se sont remplis de larmes… sa femme Louise lui prend la main et la serre très fort…
 
Le lendemain, une cérémonie eut lieu au musée où la capsule avait déjà été transférée…
Shepard se tient debout, à côté de « Kitty Hawk », amaigri par la maladie, ses cheveux clairsemés à cause de la chimiothérapie…il tend le bras et touche sa capsule… entouré par ses meilleurs amis, Big Al défaille, son corps se met à trembler et il cache son visage dans ses mains pour pleurer… C’est la dernière image que la plupart de ses amis auront de lui…
 
Alan Bartlett Shepard s’est éteint le 20 juillet 1998, à l’âge de 74 ans.

Apollo 14, Colonel Guenter Klink

Casque de Guenter Wendt Apollo 14

Selon une coutume bien établie, lorsqu’ Alan Shepard, le commandant de la mission Apollo 14 qui doit décoller dans quelques heures, entre dans la White Room, il offre à Guenter Wendt, le responsable du pas de tir, un petit cadeau.

Il s’agit en l’occurrence d’un casque allemand, sur lequel est inscrit   « Col. Guenter Klink », en référence à la série télévisée qui passe à ce moment là, « Hogan’s Heroes » (Papa Shultz ou Stalag 13 en France) et flanqué de deux croix gammées  rouges, dessinées à la main.

L’intégralité de la scène est passée en direct à la télévision. Kurt Debus, furax, convoquera Guenter Wendt pour lui passer un savon.

Kurt Debus, le directeur du Centre Spatial Kennedy est un ancien de Peenemünde où il avait notamment été responsable du fameux Pas de tir n°7. Il a fait partie des 118 premiers savants allemands, spécialistes des fusées, à émigrer aux Etats-Unis après la deuxième guerre mondiale dans le cadre de l’opération Paperclip.

On comprendra aisément qu’il n’ait pas du tout apprécié « le coup » des croix gammées !

Au départ, les astronautes avaient voulu se procurer auprès des producteurs de la série, le même casque prussien à pointe (Pickelhaube) que celui qu’arbore le colonel Klink sur son bureau, cela n’ayant pu se faire, il se sont procurés à Miami une réplique en plastique du Stahlhelm M 1935, le casque allemand de la deuxième guerre mondiale, comme celui porté par le Sergent Schultz.

Le casque du colonel Klink - Guenter Wendt