Si le fait, qu’ Apollo 11 fut la première mission à avoir tenté et réussi un atterrissage sur la Lune, est dû au hasard, il n’en va pas de même en ce qui concerne la désignation du premier homme à poser son pied dessus… Armstrong ou Aldrin ?
Comme tout le monde le sait, c’est toujours le pilote qui effectuait les sorties dans l’espace et non le commandant, pour une raison toute simple, le « CDR » avait un planning beaucoup plus chargé. Lorsque Aldrin, qui dès le début pensait qu’il serait le premier, comme toute la presse d’ailleurs, à appris que la NASA n’avait encore rien décidé, et qu’il se pourrait bien que ce soit Armstrong le premier, en raison de son ancienneté, (Armstrong est du groupe 2, Aldrin du groupe 3) il a commencé à poser beaucoup de questions, notamment à Donald Slayton, chef du bureau des astronautes, et George Low, Directeur du Apollo Spacecraft Program Office (ASPO), n’hésitant pas à prendre à partie certains de ces collègues astronautes, et à leur mettre diagrammes et graphiques sous le nez afin de faire valoir son point de vue… Même Eugene Aldrin, son père, s’y est mis, il connaissait des gens influents en relation avec la NASA et le Pentagone… Ce faisant Aldrin Junior s’est mis à dos une bonne partie des astronautes et des responsables de la NASA !
Neil Armstrong au contraire est toujours resté au-dessus de la polémique… Aldrin a eu beaucoup de chance car s’il était tombé sur un commandant avec le caractère d’un Borman par exemple, il y aurait certainement eu un clash ! Slayton n’attendait que ça pour le remplacer !
Neil Armstrong a toujours dit que cette histoire avait pris des proportions démesurées, ils ont atterri ensemble sur la lune et c’est tout ce qui compte…
Afin que cesse la polémique, (un dessin humoristique sur un journal, montrait Armstrong et Aldrin sur le porche du LM se faisant des politesses « Après toi ! » , «Non après toi…» mais chacun essayant de passer devant l’autre…), la NASA a demandé une « étude », et certains spécialistes ont préconisé que le commandant étant le plus près de la sortie, c’est lui qui devrait sortir le premier, d’autant qu’une fois leur combinaison revêtue, ils risquaient de casser quelque chose s’il fallait que l’un laisse passer l’autre… (C’est d’ailleurs ce qui est arrivé quand même !)
C’est cette recommandation que les responsables s’empresseront de retenir et qui sera transmise à la presse en guise d’argument pour justifier la sortie du commandant en premier… Une fois la décision officiellement arrêtée, il semble qu’ Aldrin ait accusé le coup et n’en ait plus fait cas, du moins jusqu’à la fin de la mission… Par la suite, et jusqu’en 1972, il a continué à « harceler » les responsables pour connaître la vrai raison…
Car effectivement, après l’atterrissage les astronautes auraient pu permuter juste avant de s’équiper pour sortir, cela aurait pris un peu plus de temps, mais c’était envisageable… Le problème c’est qu’il fallait trouver une explication plausible pour la presse, et surtout diplomatique, pour ne pas trop heurter la sensibilité d’Aldrin.
En réalité c’est une réunion qui s’est tenue en mars 1969, entre Donald Slayton, Robert Gilruth, George Low, et Christopher Kraft qui scellera le sort d’Aldrin. (C’est dans le bouquin de Kraft que cette réunion est évoquée pour la première fois.)
La NASA voulait absolument que ce soit Armstrong en raison de sa personnalité… Rien à voir avec le fait qu’il soit civil au moment de sa sélection, il a été formé par la Navy, c’était un pilote de l’aéronavale qui a participé à 78 missions de combat en Corée, totalisant quelque 121 heures, du 29 août 1951 au 5 mars 1952… Non, le fait est que Neil Armstrong a toujours eu une attitude exemplaire et professionnelle, jamais un mot plus haut que l’autre, il écoutait plus qu’il ne parlait, et personne ne l’a jamais entendu dire du mal de quelqu’un. Calme, pondéré, sans l’ego démesuré d’un Aldrin, « victime » de l’éducation de son père qui exigeait qu’il soit toujours premier, Armstrong n’a jamais recherché la gloire, les feux de la rampe… Ce qui lui importait c’est de faire son boulot, et bien le faire !
Armstrong était l’homme de la situation et il l’a été…