Le drapeau américain planté sur la Lune lors de la mission Apollo 17, était plus grand que les cinq drapeaux précédents ; 1,00 x 1,80 mètres au lieu de 0,90 x 1,50 m.
Une autre particularité, ce drapeau a fait le voyage sur la Lune avec Apollo 11, puis fut accroché dans la Salle de Contrôle de Mission n°2 (MOCR qui se prononce « moh-ker » : Mission Operation Control Room).
C’est Harrison Schmitt, qui a eu l’idée de l’emporter pour le laisser sur la Lune !
118:21:24 (Temps écoulé depuis le décollage h:min:s) : Début du déploiement du drapeau dans la vallée de Taurus-Littrow, qui dure environ une minute et quarante secondes.
118:23:53 Cernan: « …this has got to be one of the most proud moments of my life. I guarantee you. » « Ce doit être l’un des plus grands moments de fierté de ma vie. Je vous le garantis. »
118:24:06 Schmitt: « Houston, je ne sais pas combien de personnes sont au courant, mais ce drapeau était accroché au MOCR depuis Apollo 11. Et c’est avec une extrême fierté que nous le déployons sur la Lune, afin qu’il y reste aussi longtemps que possible, en l’honneur de toutes les personnes qui ont travaillé si dur pour nous permettre d’être ici, ainsi que tous les autres équipages, et de faire que ce pays, les Etats-Unis, et l’humanité, soient un peu différents de ce qu’ils furent.
Eugene Cernan et Harrison Schmitt, ont emporté sur la Lune un drapeau identique, afin de remplacer celui de la salle de contrôle !
Ils le remettront au Directeur de Vol Eugene Kranz, à l’occasion d’une petite cérémonie, qui l’acceptera au nom de tous les contrôleurs de vol.
Le sonnet High Flight écrit par le pilote de chasse John Gillespie Magee Jr. (1922-1941) qui fut tué en vol le 11 décembre 1941, à l’âge de 19 ans, lors d’une colision avec son Supermarine Spitfire et un Airspeed AS.10 Oxford, au-dessus du Lincolnshire en Angleterre, trois mois après avoir écrit ce poème cultissime pour tous les aviateurs, a été de nombreux vols spatiaux américains ; Gemini 10, Apollo 10, Apollo 11, Apollo 15… Un poème qui décrit magistralement l’extase du pilote lorsqu’il vole.
« Ce n’est pas un hasard, si nous, trois astronautes aguerris, avions le poème de John Magee à bord d’Apollo 10, car il y a vraiment eu des moments, où j’ai ressenti que je pouvais tendre la main, comme il le dit, et toucher le visage de Dieu. » Eugene Cernan
High Flight
Oh ! I have slipped the surly bonds of earth And danced the skies on laughter-silvered wings; Sunward I’ve climbed, and joined the tumbling mirth Of sun-split clouds – and done a hundred things You have not dreamed of – wheeled and soared and swung High in the sunlit silence. Hov’ring there I’ve chased the shouting wind along, and flung My eager craft through footless halls of air. Up, up the long delirious, burning blue, I’ve topped the windswept heights with easy grace Where never lark, or even eagle flew – And, while with silent lifting mind I’ve trod The high untresspassed sanctity of space, Put out my hand and touched the face of God.
Toute tentative de traduction d’un poème est vaine car bien évidemment on perd l’essentiel. Le sens d’un poème est inséparable des mots choisis et toutes les résonances qui vibrent dans l’original, toutes les images évoquées, les interprétations possibles, sont perdues… Je vous propose toutefois ma traduction de ce sonnet :
Haut Vol
Oh ! J’ai rompu les liens qui me rattachaient à la Terre Et dansé dans le ciel, sur des ailes riantes et argentées. J’ai grimpé vers le soleil, et partagé l’allégresse Des nuages transpercés par sa lumière – et fait cent choses Dont vous n’avez même jamais rêvé – tournoyé, plané, virevolté Là-haut dans le silence ensoleillé. Alors que je volais là-haut J’ai poursuivi le vent hurlant, et lancé Mon fier aéronef à travers les espaces insondables. Haut, toujours plus haut dans un délire bleu incandescent J’ai survolé les sommets balayés par les vents, avec grâce et aisance Où jamais une alouette ni même un aigle n’ont volé. Et alors qu’en silence mon esprit s’élevait, j’ai atteint Le sanctuaire celeste inviolé, Tendu ma main, et effleuré le visage de Dieu.
Anecdote dans l’anecdote : l’astronaute d’Apollo 15 James Irwin (1930-1991) fondera une association chrétienne qu’il baptisera High Flight d’après ce poème. « Jésus marchant sur Terre est plus important que l’Homme marchant sur la Lune », disait-il.
Les astronautes Eugene Cernan et Harrison Schmitt ont débuté la première des trois activités extravéhiculaires* sur la surface de la Lune de la mission Apollo 17, il y a quatre heures et trente-cinq minutes, et se trouvent alors à la Station 1, à quelque 150 mètres du cratère Steno, à une distance d’environ 1,6 km au sud du LM. Un site d’exploration géologique qu’ils ont rejoint en « jeep lunaire ».
Peu avant de retourner vers le LM le géologue Harrison Schmitt se met à chanter une adaptation circonstancielle du refrain de la chanson « The Fountain in the Park », composée par Robert King (1862-1932) en 1884, qui a utilisé le pseudonyme Ed Haley pour la signer. L’extrait en question a notamment été interprété par Judy Garland dans la comédie musicale « En avant la musique » (Strike Up the Band) sortie en 1940.
While strolling through the park one day In the merry merry month of May I was taken by surprise By a pair of roguish eyes In a moment my poor heart was stole away
C’est ainsi que le 12 décembre 1972, Harrison Schmitt et Eugene Cernan chantent tous les deux sur la Lune…
121:35:45 (Temps écoulé depuis le décollage, h:min:s) Harrison Schmitt commence : « I was strolling on the Moon one day… » (Je me baladais sur la Lune un jour…)
121:35:49 Eugene Cernan entonne : (Les deux chantent en même temps) « …in the merry, merry month of… » (en ce joyeux, joyeux mois de…)
La mission Apollo 17 se déroulant au moins de décembre, Schmitt utilise très justement le mois en cours, alors que Cernan s’en tient à la chanson originale.
121:35:52 Cernan le reprend : « No, May. »
121:35:54 Schmitt rectifie : « May. »
121:35:55 Schmitt poursuit : « When much to my surprise, a pair of bonny eyes.. ». (Quand à ma grande surprise une paire de beaux yeux…) Schmitt ne se souvient plus des paroles…) « …be-doop-doo-doo… »
Il s’interrompt pour ajouter : « Isn’t this a neat way to travel? » (N’est ce pas un moyen sympa de voyager ?) faisant également référence à leur façon de se déplacer sur la Lune ; par bonds, puis continue à chantonner : « …dum du dum du dum… »
A 121:36:05 Robert Parker [Astronaute du groupe 6 (1967)] qui fait office de capcom annonce : « Sorry about that, guys, but today may be December ». [Désolé de vous dire ça les gars, mais aujourd’hui (dans le contexte présent), Décembre serait plus approprié.]
Dans l’Apollo 17 Lunar Surface Journal de Eric M. Jones, la remarque de Robert Parker est retranscrite comme ci-dessus, mais ne s’agit-il pas plutôt d’un jeu de mot ? Et alors il eût fallu la retranscrire ainsi : « Sorry about that, guys, but today May be December » avec un M majuscule pour désigner le mois de Mai, et non l’auxiliaire modal !
La scène en image !
[30 mai 2018– ERRATUM – Depuis le 24 janvier 2017, date de publication de la présente anecdote, c’est cette vidéo que j’utilisais pour l’illustrer, comme notamment, le site : Marshall Space Flight Center History Office à cette adresse: https://history.msfc.nasa.gov/saturn_apollo/videos.html – (cf le huitième clip) , or je viens d’être contacté par M. Michel Ramseyer qui m’indique que les images en question concernent en réalité la mission Apollo 16… Effectivement, il s’agit bien de John Young et Charles Duke se dirigeant vers « House Rock », un rocher d’une douzaine de mètres de haut et de seize à vingt mètres de large (la taille d’une maison, quoi !) et non pas d’Eugene Cernan et Harrison Schmitt ! ]
Voici donc les bonne images !
Mes plus chaleureux remerciements à M. Ramseyer, et mes plus vives félicitations pour sa redoutable perspicacité.
*La première des trois activités/sorties extravéhiculaires, ou EVA (pour Extra Vehicular Activity) a commencé le 11 décembre à 23:54:49 (avec Eugene Cernan qui sort du LM le 12 décembre à 00:01:00) et se termine le 12 décembre à 7:06:42, heure UTC. (De 117:01:35 à 124:13:28 GET – Ground Elapsed Time i.e. le temps écoulé depuis le décollage.)
La deuxième EVA dure 7:36:56, et la troisième 7:15:08. Il y a également une sortie dans l’espace de Ronald Evans lors du trajet retour d’une durée de 1 heure et 7 minutes.
La durée de l’activité extravéhiculaire est calculée à partir de la dépressurisation complète du module lunaire jusqu’à sa re pressurisation.