Armstrong, Collins, Lovell

Le 23 décembre 1968, Donald « Deke » Slayton et Neil Armstrong se trouvent au Centre de Contrôle des Missions près de Houston, pour suivre une retransmission télé, en direct de la mission Apollo 8. (Armstrong en est le commandant suppléant).

A l’issue de la retransmission, Slayton demande à Neil de le suivre dans une des salles adjacentes, pour parler un peu.

Donald Slayton lui demande alors ce qu’il pense de ces co-équipiers, Collins et Aldrin.

Armstrong lui répond que tout va bien, il n’y a aucun souci.

Slayton qui a une idée derrière la tête, lui dit alors qu’il n’est pas facile de travailler avec Buzz, ce à quoi Armstrong répond, que pour l’instant il n’a jamais eu de problème avec lui.

C’est alors que Slayton lui propose de remplacer Aldrin par James Lovell.
S’il le souhaite, il est tout disposé à bouleverser les rotations…

Armstrong lui demande alors un délai de réflexion.

Le lendemain, ayant pris sa décision, il va voir Slayton.

A ce moment très précis, « Jim » Lovell, pilote du CM, se trouve autour de la Lune.
Il n’a jamais eu vent de cette conversation… Armstrong n’en a jamais parlé à personne.

Il n’a jamais su, il le saura en lisant la magistrale biographie d’Armstrong « First Man » de James Hansen, que si la réponse de Neil Armstrong avait été différente, il aurait fait partie d’Apollo 11. De la même manière, Buzz Aldrin n’était pas au courant non plus, qu’il aurait pu être évincé…

En décembre 1968, Armstrong ne pouvait pas deviner qu’Apollo 11 serait la première mission à se poser sur la Lune.

Neil Armstrong souhaite garder Aldrin dans son équipe, pour deux raisons :

– Lovell avait commandé la mission Gemini XII, et il lui revenait de commander sa propre mission Apollo.
– Collins est le meilleur spécialiste du CM, si Lovell intègre son équipe, ce ne peut être que comme CMP… Il est déjà CMP sur Apollo 8 ! Collins avait bossé dur sur Apollo 8 avant d’être écarté suite à une excroissance osseuse entre deux vertèbres cervicales ! Il était impensable pour Slayton et Armstrong de le rétrograder en LMP. (Suivant la hiérarchie des vols Apollo, le numéro 1 est le CDR, le numéro 2 c’est le CMP, le 3ème c’est le LMP. Le LMP contrairement à son titre ne pilote rien du tout ! On peut très facilement le remplacer.

Pour la petite histoire, Aldrin ne s’est jamais entraîné ni sur le LLRV ni sur le LLTV – Le record appartient à Armstrong, le perfectionniste, 19 vols sur le LLRV et 8 sur le LLTV. Il est vrai qu’il a participé à la conception de la première version, le LLRV.

Comme chacun sait, James Lovell sera commandant d’Apollo 13…

Quant à Fred Haise, qui faisait partie de l’équipage suppléant d’Apollo 8, avec Armstrong et Aldrin, il aurait dû voler sur Apollo 11. Mais il sera remplacé par Collins, totalement remis de son opération chirurgicale aux vertèbres, qui réintègre les rotations de vol. Haise fera lui aussi, partie de l’équipage d’Apollo 13 !

Encore une de ces ironies du sort !

James Lovell, joyeux anniversaire maman

Alors qu’il a douze ans, le père de James Lovell meurt dans un accident de voiture, Blanche Lovell élèvera son fils unique toute seule avec peu de moyens.

Le dimanche 22 décembre 1968, l’équipage d’Apollo 8 donne sa première conférence de presse, les trois astronautes, Frank Borman, James Lovell, William Anders sont à quelques 222 000 kilomètres de la Terre.

La retransmission ne dure qu’une quinzaine de minutes, les derniers mots seront prononcés par James Lovell : « Joyeux anniversaire maman ! ».

Il savait bien évidemment que sa mère était devant la télé, très émue et très fière, elle dira un peu plus tard : « Je n’en reviens pas, ils avaient tellement de choses à faire dans l’espace et lui a pensé à l’anniversaire de sa mère. »

Peu avant Apollo XIII, Blanche Lovell sera victime d’une attaque d’apoplexie, son état ne lui permettra pas de se rendre compte de la situation dramatique dans laquelle se trouve son fils…

Le Bonnet Snoopy

En novembre 1968, James Lovell, lors des entrainements pour la mission Apollo 8, qui doit avoir lieu fin décembre, rencontre des difficultés avec le casque de communication ultra léger, développé spécialement pour le programme Apollo.

Ce dernier est tellement léger que lorsque l’astronaute se déplace dans le module de commande, le fil qui relie ledit casque à la boîte Intercom a la fâcheuse tendance à s’accrocher dans les divers éléments de l’habitacle et à le faire sans cesse glisser voire tomber.

Excédé, il demande si quelqu’un a une idée.

Son collègue William Pogue, se rappelle alors des bonnets en tissus, que portent les pilotes de la RAF (Royal Air Force – Armée de l’Air britannique) l’équivalent en tissu des casques en cuir portés par les pilotes des première et deuxième guerres mondiales.

James Lovell lui demande s’il peut lui en procurer un.

Pogue appelle alors un ami au Royaume-Uni, Mavis Lear, avec lequel il avait volé en Angleterre, dans le cadre d’un programme d’échange de pilote de chasse, qui lui en envoie aussitôt un exemplaire en express.

James Lovell le confie immédiatement aux techniciens de la NASA pour qu’ils s’en inspirent…

 C’est ainsi que fut créé le Bonnet Snoopy « Snoopy Cap ».
 
Ravi, James Lovell exprima toute sa reconnaissance, en envoyant à Mavis Lear la photo du premier lever de Terre photographié depuis l’orbite lunaire. Photo signée par les trois astronautes d’Apollo 8, Frank Borman, William Anders et James Lovell.
John Young ajustant son Snoopy Cap

John Young ajustant son « Snoopy Cap »