Une conférence de presse en toute décontraction

La conférence de presse d’avant vol, de la mission Gemini 4, s’est déroulée en présence de James McDivitt et Edward White, « équipage titulaire » et James Lovell et Franck Borman, « équipage de réserve ».

Lorsqu’un journaliste demande s’ils ont choisi un nom pour leur vaisseau spatial, James McDivitt répond: “Je ne sais pas, qu’est-ce qu’on joue à Broadway en ce moment ?” Un clin d’œil à Virgil Grissom, qui avait baptisé Gemini 3 “Molly Brown”, d’après la comédie musicale “The Unsinkable Molly Brown” qui passait à Broadway.

A la question de savoir si l’équipage s’entend bien il répond : « Je pense que j’ai passé plus de temps avec Ed depuis le 1er septembre qu’avec ma femme, on s’entend parfaitement, mais pour ces deux-là » désignant Jim Lovell et Frank Borman, « j’ai des doutes ».

Borman : « Nous formons un excellent groupe, d’ailleurs la nuit dernière Jim et moi avons eu un problème avec nos réservations, du coup nous avons dû passer la nuit ensemble dans la suite nuptiale du Georgetown Inn ».

Lovell : « Vous voyez, on ne peut pas être plus proche ! »

Toute la conférence de presse s’est déroulée ainsi.

La Terre, si précieuse et si fragile

« Voilà, j’ai vu de mes yeux la Terre comme elle est. Petite. Incroyablement petite. Vous mettez votre pouce face au hublot, et elle disparaît derrière. J’aimerais que tous ses habitants aient la chance de la contempler ainsi. Cela leur donnerait sans doute à réfléchir ».  

James Lovell (Gemini 7, Gemini 12, Apollo 8, Apollo 13.)

Apollo 13 ou vos pellicules risquent de ne jamais être développées

Le mardi 14 avril 1970, les astronautes d’ Apollo 13 survolent la face cachée de la Lune, Jack Swigert et Fred Haise ont le nez collé sur le hublot.

Emerveillés par le spectacle, ils en profitent pour prendre des photos…James Lovell un peu tendu marmonne alors : « Si le moteur ne fonctionne pas, vos pellicules ne seront jamais développées ».
Haise : « Du calme Jim, tu as déjà fait un vol autour de la Lune, pas nous ! » James Lovell avait fait partie de la mission Apollo 8 du 21 au 27 décembre 1968.

Si James Lovell est un peu nerveux, c’est qu’il doit bientôt allumer le moteur de descente de module lunaire au « PC+2 ».*

Si le moteur fonctionne correctement cela augmentera leur vitesse et leur permettra de gagner environ 9 précieuses heures, et, qui plus est, d’amerrir dans le Pacifique Sud, où se trouve déjà la flotte de récupération. Dans le cas contraire, l’amerrissage est prévu dans l’Océan Indien, mais beaucoup plus important, les réserves d’eau qui permettent de refroidir les systèmes électroniques du LM seront épuisées quelque 5 heures avant l’entrée dans l’atmosphère…

Même si Lovell savait que l’électronique du LM d’Apollo 11, après avoir été « abandonné » en orbite lunaire, avait fonctionné encore 8 heures après l’épuisement du « liquide de refroidissement », il préférait ne pas avoir à courir ce risque supplémentaire !

* PériCynthe + deux heures – le péricynthe – terme utilisé uniquement pour un satellite de la Lune – ou périgée, indique dans le cas présent le moment où le vaisseau spatial est au plus près de la Lune.