James Lovell offre un cadeau à sa femme

James Lovell avait emmené sa femme Marilyn et ses quatre enfants, Barbara, James, Susan et Jeffrey, au Cap, pour qu’ils assistent au lancement d’Apollo 8, bien conscient du caractère hautement historique de cette mission.
La veille de son départ, seul avec sa femme, il lui offre un petit cadeau. Il s’agit d’une photo noir et blanc prise par une sonde lunaire.
« Qu’est ce que c’est ? » demande t-elle.
« Je voulais juste que tu voies la montagne qui porte ton nom ».
James Lovell lui montre alors une structure montagneuse en forme de triangle qui se détache nettement de la surface plus foncée de la Mer de la Tranquillité. Il précise que c’est un point de repère qui sera utilisé par les astronautes de la première mission sur la Lune pour se diriger vers le site d’atterrissage. « J’ai appelé cette montagne le Mont Marilyn, toutefois le nom ne sera pas officiel, car il faudrait qu’il soit approuvé par l’Union Astronomique Internationale…« 
Marilyn s’en fichait, c’était le plus beau cadeau de Noël qu’elle n’avait jamais reçu !

Lors de leur première révolution autour de la Lune les astronautes d’Apollo 11 ont pointé une caméra vers la surface, Armstrong décrit ce qu’il voit, à un moment il dira : « Nous passons au-dessus du Mont Marilyn »

Le Mont Marilyn

Apollo 10 au-dessus du Mont Marilyn

Finalement, cette histoire aura une belle fin, puisque l’Union Astronomique Internationale, 49 ans plus tard, grâce à l’opiniâtreté du Dr Mark Robinson, professeur de géologie spécialiste de la Lune, finira par entériner le nom de Mont Marilyn, le 26 juillet 2017, à la plus grande joie de James et Marilyn Lovell qui avaient respectivement 89 et 87 ans.

« Elle a été stupéfaite », affirme Lovell. « Même dans l’exploration il peut y avoir du romantisme. »

On ne va plus à Acapulco !

Au début de l’été 1968, James Lovell avait fait une promesse à sa femme : toute la famille ira passer une semaine à Acapulco entre Noël et le Jour de l’An.

Ce 12 août, lorsque Jim Lovell rentre à la maison, Marilyn remarque que le visage de son mari a une expression particulière, lorsqu’elle lui demande ce qui ne va pas, ce dernier la prend par le bras et l’emmène dans son bureau, il ferme la porte et dit : « Je suis désolé de te dire ça, mais nous ne passerons pas Noël à Acapulco ».

Le couple avait déjà réservé au Las Brisas Resort.

Ne pouvant cacher sa déception elle s’exclame : « Comment ça nous n’allons pas à Acapulco ? Tu sera où si tu n’es pas avec la famille pour Noël ? »

Marilyn Lovell se rappellera toujours le visage radieux de son mari lorsqu’il lui annonce :

« Tu me crois si je te dis la Lune ? »

Alan Shepard, l’homme au grand coeur

Le temps des Icy Commander et autres sobriquets peu flatteurs est révolu depuis longtemps, Alan Shepard très riche, consacre désormais sa vie à des œuvres caritatives.

 
Henri Landwirth, le directeur de l’Holiday Inn a gravit les échelons de cette chaine d’hôtels, a fait quelques affaires notamment avec John Glenn… Et est devenu riche, très riche lui aussi… Quelle revanche pour ce survivant de l’Holocauste ! Il se consacre lui aussi à des œuvres caritatives…
 
Un jour il propose aux six astronautes survivants des Mercury Seven, ainsi qu’à Betty Grissom, de créer une fondation qui allouerait une bourse à des étudiants défavorisés, dans les disciplines scientifiques.
 
Alan Shepard et les autres se montrent enthousiastes et ce dernier se propose même d’en devenir le président. Shepard et Landwirth montent le projet…
 
En 1984, c’est chose faite, la Mercury Seven Foundation voit le jour. Les deux premières années sont très difficiles, Shepard est encore très pris par ses affaires et la fondation ne récolte que 100 000 dollars.
 
En 1986, avec la tragédie de Challenger, accident qui le marque profondément, il décide de laisser ses affaires de côté et de « sauver » la fondation, il fait lui-même plusieurs dons et organise toutes sortes de manifestations pour récolter de l’argent… Des millions de dollars seront récoltés.
 
En 1990 la fondation change de nom pour devenir l’Astronaut Scholarship Foundation, elle devient si prospère qu’elle construit l’Astronaut Hall of Fame avec sa boutique de souvenirs, adjacent au Centre Spatial Kennedy, dont tous les bénéfices sont reversés à la fondation. Des centaines d’étudiants, issus de milieux sociaux défavorisés pourront faire des études dans les meilleures universités américaines.
 
En 1996 Alan Shepard apprend qu’il a une leucémie…
 
En 1997, il fait coïncider la réunion annuelle de la fondation avec la fin de sa présidence, trop affaibli pour continuer, il a demandé à Jim Lovell de prendre sa succession.
A la fin de la soirée, Don Engen, directeur du National Air And Space Museum de Washington D.C. monte sur le podium et s’adresse à Alan Shepard : « Tu me supplies depuis des années… Ok c’est bon, j’abandonne… Apollo 14 est à toi ! ».
La capsule qui en 1971 l’avait emmené vers la Lune, l’avait protégé pendant ce voyage de 9 jours où il avait parcouru 800 000 kilomètres, atteignant la vitesse de 38 000 km/h allait être à lui. Le Smithsonian fait don du CM d’Apollo 14 au musée de l’Astronaut Hall of Fame.
 
Alan Shepard submergé par l’émotion ne peut prononcer la moindre parole, ses yeux se sont remplis de larmes… sa femme Louise lui prend la main et la serre très fort…
 
Le lendemain, une cérémonie eut lieu au musée où la capsule avait déjà été transférée…
Shepard se tient debout, à côté de « Kitty Hawk », amaigri par la maladie, ses cheveux clairsemés à cause de la chimiothérapie…il tend le bras et touche sa capsule… entouré par ses meilleurs amis, Big Al défaille, son corps se met à trembler et il cache son visage dans ses mains pour pleurer… C’est la dernière image que la plupart de ses amis auront de lui…
 
Alan Bartlett Shepard s’est éteint le 20 juillet 1998, à l’âge de 74 ans.