John Young, premier du groupe 2 dans l’espace

A la mi-1963 Deke Slayton annonce qu’ Alan Shepard et Thomas Stafford effectueront le premier vol habité du programme Gemini, avec Virgil Grissom et Frank Borman comme doublures.

Cette affectation fut rapidement bouleversée, en raison des ennuis de santé de Shepard, victime de la maladie de Ménière. Une affection de l’oreille interne, qui provoque notamment des crises de vertige giratoire, des acouphènes, et une hypoacousie. Shepard Interdit de vol, c’est  tout naturellement l’équipage suppléant qui est désigné pour cette mission Gemini III.

Peu après, Grissom appelle Borman pour lui demander de passer chez lui pour discuter. Borman accepte volontiers, l’entretien dure environ 1 heure.  Il ne saura jamais pourquoi, mais quelques temps plus tard on lui annonce qu’en définitive il ne volera pas sur Gemini III mais est nommé  commandant  de réserve sur Gemini IV. 

Grissom a préféré John Young , avec lequel il a sympathisé au cours d’un stage de survie dans la jungle du Panama. Ils étaient en binômes !

Le 13 avril 1964 cette affectation est rendue publique par Robert Gilruth. Les doublures de Virgil Grissom et John Young seront Walter Schirra et Thomas Stafford .

Voilà par quel concours de circonstances John Young fut le premier astronaute du groupe 2 à aller dans l’espace…

Il sera également le dernier du groupe 2 à aller dans l’espace !

 

Donald Slayton, le code de bonne conduite

Lors de la première réunion plénière des neufs astronautes du groupe 2 à Ellington*, en présence notamment de Robert Gilruth, directeur du Centre des Vaisseaux Spatiaux Habités,  Walter Williams, directeur des Opérations en Vol, et Donald Slayton, chef du bureau des astronautes et responsable de leurs affectations… Ce dernier leur tint ces propos :

« Il y aura beaucoup de missions pour vous tous, nous avons prévu 11 missions Gemini, au moins quatre vols Apollo Block I, ainsi qu’un nombre encore indéterminé de vols Apollo Block II, dont celui qui effectuera le premier atterrissage sur la Lune. Vous aurez donc largement de quoi vous occuper.  Une dernière chose, surtout faites bien gaffe aux cadeaux et autres avantages en nature. En tant qu’astronaute vous serez sollicités de toutes parts, notamment par les sociétés en compétition pour remporter les appels d’offres. Ne succombez pas à ces tentations, quelles qu’elles soient ! Si vous n’êtes pas sûrs, avant de faire un faux pas, suivez le crédo des pilotes d’essais : tout ce que vous pouvez manger, boire ou baiser en moins de 24 heures est acceptable, au-delà je vous conseille vivement de vous abstenir ! »

John Young se souvient encore comment Robert Gilruth et Walt Williams ont tressaillis en entendant les paroles un peu crues de Donald Slayton, eux, qui ont pourtant côtoyé bon nombre de pilotes de chasse au cours de leur carrière.

Fort de son expérience acquise avec les « Sept Premiers », Donald Slayton connaissait parfaitement les écueils que ces nouveaux astronautes devront absolument éviter, et les nombreuses tentations auxquelles ils ne devront surtout pas succomber…

Des opportunités, qui pour certains, seront d’ailleurs bien trop belles et trop alléchantes pour les laisser passer !

* Base aérienne d’Ellington – En 1962 le Centre des Vaisseaux Spatiaux Habités près de Houston qui deviendra le Centre Spatial Johnson en 1973 est encore en construction.

John Young, besoin et nécessité

Sélectionné parmi les neuf astronautes du mythique groupe 2, le 17 septembre 1962, John Young, après avoir terminé l’entrainement de base, fut affecté à un domaine de compétences techniques pour aider au développement du vaisseau spatial Gemini.  

Bien que son premier choix fût   « Guidage, Navigation et Contrôle »,  il fut affecté à la partie « Systèmes Environnementaux et de Survie ».

Dans le cadre de ses responsabilités, John Young participa notamment à l’élaboration du système collecteur d’urine et du sac de confinement des matières fécales.

Il a fait un essai du « sac » en zéro-g lors d’un vol parabolique à bord d’un KC-135 et bien évidemment en conditions réelles lors du vol Gemini III.

Le test s’est déroulé très exactement pendant le laps de temps qu’il a fallu au vaisseau spatial pour survoler le Cameroun jusqu’à l’île de Canton, soit environ 12 minutes. Tout a bien fonctionné mais ce fut, salissant.

Heureusement le bactéricide contenu dans le sac, et le charbon du système de filtration de la cabine, a rapidement absorbé l’odeur.

Selon les propres mots de John Young : « L’expérience n’a pas été des plus plaisantes, mais valider le fonctionnement de ce système fut absolument nécessaire avant d’envisager les vols de longue durée. »

Les repas sans résidus, adoptés par les diététiciens de la NASA, permettaient de ne pas aller à la selle pendant trois jours maximum,  mais pas plus, au-delà il fallait bien trouver une solution !

« Etre astronaute apporte son lot d’épreuves et oblige à faire quelques sacrifices, mais nous étions prêts, voire enclins, à payer le prix ! »