John Young, doux euphémisme !

Lors d’une conférence de presse, qui a eu lieu pendant le programme Gemini, John Young évoque le développement d’une baguette télescopique, qui permettra à un astronaute d’atteindre tous les boutons de commande situés face à son co-équipier,  « au cas où ce dernier serait dans l’incapacité de le faire »…

« Dans l’incapacité de le faire », ironisa Young « est un euphémisme utilisé par le gouvernement pour éviter de dire… mort ! »

John Young, blasé ou bradycarde ?

Le 12 avril 1981 Columbia décolle enfin…

Lors du décollage, le rythme cardiaque de Robert Crippen, dont c’est le premier vol spatial, atteint 135 pulsations par minute, alors que celui de John Young s’élève péniblement jusqu’à 85.

Lors de la conférence de presse d’après vol un journaliste lui demande malicieusement si après quatre vols spatiaux il n’était pas un peu blasé.

La réponse du grand John Young : « Ce que vous ne comprenez pas c’est que j’étais tout aussi enthousiaste… mais je n’arrive pas à le faire battre plus vite ! »

 

Sept ? non, six !

Le formidable John Young, astronaute du groupe 2,  (Gemini 3 – Gemini 10 – Apollo 10 – Apollo 16 – STS 1 – STS 9) devait effectuer son septième vol spatial en aout 1986 à bord de la navette Atlantis (mission STS 61J),  qui devait déployer le Télescope Spatial Hubble.

Outre John Young, commandant de la mission, l’équipage était constitué par Charles F. Bolden, pilote, (actuel Administrateur de la NASA) et par, Kathryn Sullivan, Steven Hawley et Bruce McCandless, spécialistes de mission.

Après l’explosion de Challenger, le 28 janvier 1986, rien ne sera plus jamais comme avant, John Young qui était également chef du bureau des astronautes depuis 1974, rédigea un mémo très critique à l’attention des responsables de la NASA, dans lequel il affirme que l’agence spatiale à fait des compromis sur la sécurité des vols de navette, il donne de nombreux exemples. Il finit en ajoutant : « Cette liste prouve qu’ il y a pas mal de gens qui ont eu beaucoup de chance. La sécurité doit devenir une priorité absolue, faute de quoi la NASA disparaîtra ainsi que nos trois navettes et leur équipage »

Ce mémo interne, fut malheureusement rendu public par le Houston Post, à son insu, et fit grand bruit… L’auteur de la fuite savait-il ce qu’il faisait ?

Ainsi le 24 avril 1990 lorsque la navette Discovery décolle avec dans sa soute, le Télescope Spatial Hubble (mission STS-31),  John Young ne fait plus partie de l’équipage, il a été remplacé par Loren Shriver.

Car entre temps, en 1987,  Young est « promu » assistant spécial du Directeur du Centre Spatial Johnson responsable des opérations et de la sécurité… Bien qu’ officiellement il fait toujours partie des astronautes en activité, il ne fera pas un 7ème vol…

Après avoir passé 42 ans à la NASA, une carrière d’une longévité exceptionnelle, un « palmarès » unique, la légende vivante de la conquête spatiale prend sa retraite le 31 décembre 2004.

Je vous recommande vivement l’excellent site de Dana Holland consacré à John Young (en anglais)