Etron libre

Une conversation entre les astronautes d’Apollo 10, révèle sans la moindre équivoque les problèmes d’hygiène auxquels ils furent confrontés lors de leur mission…

Problèmes récurrents lors des vols spatiaux de longue durée des programmes Gemini et Apollo.

En guise de wc, les astronautes utilisaient un sac en plastique. En microgravité ce n’est pas évident…

Ainsi au sixième jour :

Thomas STAFFORD : Oh ! Qui a fait ça ?

John YOUNG : Qui a fait quoi ?

Eugene CERNAN : Quoi ?

STAFFORD : Qui a fait ça ? (Rires)

CERNAN : D’où ça sort ?

STAFFORD : Passez-moi une serviette, vite. Il y a un étron qui dérive

YOUNG : C’est pas moi. Ce n’est pas à moi.

CERNAN : Je ne pense pas que ce soit à moi.

STAFFORD : Le mien était un peu plus compact que ça. Balancez-moi ça.

Quelque huit minutes plus tard…

CERNAN : Voilà encore un autre putain de colombin. Qu’est-ce que vous avez les gars? Passez moi un…

STAFFORD et YOUNG sont hilares

CERNAN : Croyez-moi, si j’avais chié par terre, je m’en serais rendu compte !

STAFFORD : Le truc était juste en train de flotter autour de nous ?

CERNAN : oui

STAFFORD (Rigolant) : Le mien était plus compact que ça !

YOUNG : Le mien également. Il est entré dans le sac. Quand j’ai touché le mien avec les doigts il était mou. M… Zut alors ! (Les astronautes s’aident de leurs doigts à travers le sac en plastique et une fois ce dernier rempli, ils doivent malaxer les matières fécales afin de les imprégner de germicide)

STAFFORD est hilare

CERNAN mort de rire : Je ne sais pas à qui ça appartient. Je ne peux ni affirmer que cela m’appartient, ni décliner toute responsabilité.

Ce dialogue est une vraie… pépite ! Il n’y a rien à ajouter.

Les dialogues originaux figurent dans cette retranscription, à  05 05 22 30.

http://www.jsc.nasa.gov/history/mission_trans/AS10_CM.PDF

Orange ô désespoir

Outre les problèmes gastriques de John Young liés à l’ingestion de jus d’orange enrichi en potassium, les astronautes d’Apollo 16  ont rencontré d’autres déboires avec cette mixture, notamment lors des sorties sur la surface de la Lune.

Lors des opérations en orbite lunaire, après la séparation du module lunaire d’avec le module de commande, Charles Duke, s’est retrouvé avec plus de 15 cl de jus d’orange dans son casque, en raison d’un dysfonctionnement de l’embout servant à distribuer la boisson.

Tirer l’embout, fixé au casque, vers la droite, permettait d’ouvrir un opercule et aspirer la boisson par un petit tuyau relié à une poche en plastique. Le contact intermittent entre le micro gauche et l’embout provoqua des fuites. L’absence de gravité aggrava encore le phénomène.

L’atterrissage sur la lune ayant été différé de quelque six heures, en raison d’un problème technique affectant le module de commande, le volume de jus d’orange accumulé sur sa visière finit, au bout de quelques temps, par grandement handicaper Charlie Duke, sa vision est gênée, il en a dans le nez, sur les cheveux…

Il essai d’aspirer une partie du liquide mais sans succès. Cela devient insupportable. Il est même obligé de souffler sur son micro gauche pour qu’il fonctionne. De peur que le liquide finisse par s’insinuer dans le système de ventilation et d’oxygénation. Duke est obligé d’enlever son casque pour le nettoyer et le sécher avant d’y appliquer une solution antibuée.

Il en profite pour faire une petite toilette, sa figure et ses cheveux étant maculés par le jus d’orange devenu très collant du fait de l’évaporation. Il n’oublie pas, bien évidemment, de boucher l’embout récalcitrant avant de remettre son casque.

Peu après l’atterrissage sur la Lune, Charlie Duke fera, à 106:48:05, la remarque suivante à Tony England, le capcom : « Je ne donnerai pas un kopeck pour ce jus d’orange comme fortifiant pour les cheveux, ça les plaque complètement  ! »

Lors du débriefing technique, les astronautes ont longuement évoqués les problèmes rencontrés avec le système d’hydratation et le jus d’orange.

John Young fit la remarque suivante : « On aurait dit que Charlie s’est fait un shampoing au jus d’orange ».

 

16 dollars pour aller de la Terre à la Lune

Il ne faut pas croire que le fait d’aller sur la Lune ait permis aux astronautes concernés d’augmenter significativement leur salaire.

Ils n’auront même pas droit à une prime de risque !

Ainsi John Young par exemple, lors de la mission Apollo 16, se rappelle avoir touché une prime d’environ 32 dollars (1972), soit 165 USD actuellement, en guise d’indemnité de déplacement, alors qu’il a parcouru la bagatelle de 790 000 km, rien que pour parcourir la distance Terre Lune aller-retour.

Ce décompte n’incluant pas la révolution et demie autour de la Terre, et les révolutions autour de la Lune, 64 pour le pilote du CSM Ken Mattingly, 11 pour John Young et Charlie Duke.

Mais comme il le précise, non sans humour, l’hébergement et les repas étaient pris en charge par le gouvernement !