Ojai

Personne ne saura jamais ce qu’il s’est passé au dernier virage de l’autoroute 150, juste avant la ville d’Ojai dans la magnifique vallée qui porte le même nom…

Charles Conrad a perdu le contrôle de sa Harley, et est retombé lourdement sur le thorax.

Il avait l’habitude de ces virées à moto avec ses amis et sa femme. Ce jour là, Nancy Conrad pilotait sa propre moto. Ils devaient s’arrêter à Ojai pour déjeuner.

Lorsque l’ambulance l’a emmené à l’hôpital il était conscient, aux urgences les médecins ont diagnostiqué une blessure mineure et l’ont laissé attendre…

Lorsqu’ils se sont rendus compte de leur erreur, il était trop tard.

Vers 15 heures il se plaint d’une forte gêne respiratoire, sa tension baisse.

Les chirurgiens ne trouvent pas l’origine de l’hémorragie. Il est mort deux heures plus tard, à 17:07, en salle d’opération, il n’avait que 69 ans.

Charles « Pete » Conrad Jr, le troisième Homme à avoir marché sur la Lune, a été enterré avec tous les honneurs militaires à Arlington.
Son épitaphe : « An Original »

J’oubliais, en langue indienne Chumash, Ojai signifie Lune !

Charles Conrad, tu paries combien ?

C’est à la suite d’un pari avec la journaliste italienne Oriana Fallaci, au bord d’une piscine, que l’astronaute Charles Conrad, le commandant de la mission Apollo 12, a prononcé cette phrase en posant le pied sur la Lune :

« Youpiiie!  Purée ça en a peut-être été un petit pour Neil,  mais c’en est un grand  pour moi ! » (« Whoopie! Man, that may have been a small one for Neil, but that’s a long one for me ».)

Elle comporte une double allusion :

– A la phrase de Neil Armstrong : « C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité ».

– A sa petite taille, en effet, Charles Conrad avec son mètre soixante-sept, était l’un des plus petits astronautes.

Oriana Fallaci ne voulait tout simplement pas croire, que Neil Armstrong ait pu choisir lui-même ce qu’il allait dire au moment de poser le pied sur la Lune.

« Pete » Conrad a donc parié 500 dollars, qu’il dirait exactement cette phrase. Somme qu’il n’a jamais reçue.

Apollo 12, un « bleu » aux commandes

L’exploration lunaire de la mission Apollo 12 touche à sa fin. Il est temps de remonter dans le LM. Avant de grimper à l’échelle, Charles « Pete » Conrad salue son père, qui est quelque part parmi les étoiles. Son père est décédé quatre mois plus tôt.

Sur le porche, il se retourne une dernière fois, et regarde les montagnes, la sonde Surveyor, le drapeau qu’ils ont planté, ses empreintes de pas et celles de Al…

« A bientôt » murmure-t-il  en entrant…

Au moment du décollage Pete Conrad demande à Alan Bean qui regarde à travers le hublot, perdu dans ses pensées : « Tu veux le faire ? »

Bean : « Faire quoi ? »

Conrad : « Nous faire décoller d’ici. Tu es le pilote du LM ! »

Bean : « Certes, mais tu es le commandant ! »

Conrad : « Tu préfères que je t’en donne l’ordre ? »

Lorsque le compte à rebours arrive à zéro, Alan Bean presse le bouton de mise à feu du moteur de remontée, qui les propulse en silence vers Dick Gordon, qui les attend en orbite lunaire à bord du module de commande « Yankee Clipper ».

Alan Bean n’oubliera jamais ce geste de Pete Conrad, ce fût la seule et unique fois durant tout le programme Apollo qu’un commandant laissa les commandes à un « bleu » !