Au Centre de Contrôle des Missions, dans la banlieue de Houston, personne n’est surpris lorsque Neil Armstrong et Buzz Aldrin demandent à modifier quelque peu le plan de vol.
En effet, ils sollicitent la permission d’effectuer leur sortie sur la Lune avant leur période de repos et non pas après, arguant que de toute façon ils n’arriveraient pas à dormir.
Tous les astronautes et contrôleurs de vol se précipitent dans le MOCR (Mission Operations Control Room) pour assister à cet événement historique. Chaque console ne possède que 4 prises jack pour connecter un casque audio, et rapidement tous les emplacements sont occupés.
Charles « Pete » Conrad, qui doit commander la prochaine mission lunaire, ne trouve pas de place à la console du CapCom, aussi Jerry C. Bostick le responsable de la section « Dynamique de Vol », qui fait partie de l’équipe blanche de Gene Kranz (celle qui officiait lors de l’atterrissage sur la Lune), lui propose de venir brancher ses écouteurs sur la console FDO (Prononcer FIDO – Flight Dynamics Officer), dans la « tranchée ».
A ce moment-là, c’est Philip C. Shaffer de l’équipe verte de Clifford Charlesworth qui fait office de FDO.
Conrad et Bostick sont assis juste derrière la console, lorsque Neil Armstrong pose le pied sur la Lune et annonce : « C’est un petit pas pour un Homme, un bond de géant pour l’humanité ». Charles Conrad se tourne vers Jerry Bostick et lui demande : « Qu’est ce qu’il a dit ?
– Un grand pas pour l’humanité ! »
Pete Conrad reste pensif quelques secondes, et lance : « C’est bien le genre de Neil de dire un truc aussi profond. Si cela avait été moi, j’aurai probablement dit : nom de Dieu, cette surface* merdique est glissante ! »
*Charles Conrad parle de la « semelle » de 94 cm de diamètre placée à l’extrémité de chaque jambe, qui doit limiter l’enfoncement du Module Lunaire dans le sol et sur laquelle Neil Armstrong doit sauter, du dernier barreau de l’échelle, avant de se stabiliser et poser un pied (le gauche en l’occurrence) sur la surface de la Lune.