Charles Conrad, salut nazi pour rire

Un soir, Guenter Wendt  et son épouse se rendent dans leur restaurant préféré de Cocoa Beach, le « Black Forest Inn », un restaurant allemand, dont beaucoup d’astronautes, dont Charles Conrad, devinrent des clients réguliers grâce à lui.

Ils entrent et s’approchent de leur table, lorsque quatre hommes se lèvent et crient, « Sieg Heil », « Sieg Heil », en faisant le salut nazi !

Guenter Wendt est plus qu’embarrassé, devant les clients médusés.

Parmi les quatre hommes… Charles « Pete » Conrad ! Gotcha ! (Je t’ai eu !)

Apollo 12, comme les doigts de la main

Les trois astronautes de la mission Apollo 12, amis de longue date *,  s’étaient arrangés avec leur « pote » Jim Rathman (concessionnaire Chevrolet GM) pour avoir tous les trois une Corvette « Stingray » couleur or (Riverside Gold).

Les astronautes avaient un accord spécial avec Chevrolet General Motors, un programme de « leasing » extrêmement avantageux…1 dollar par an, pour conduire la dernière Corvette ! (Ce privilège a été supprimé en 1971)

Conrad Gordon Bean avaient la même Corvette Stingray

« Pete » Conrad – « Dick » Gordon – « Al » Bean

Les astronautes Apollo 12 avaient fait customiser leur corvette, avec des « ailes » noires  (symbole de leur solidarité) et un logo rouge blanc bleu au dessus des prises d’air sur lequel était inscrit leur fonction. « CDR » (Commander) pour Charles Conrad, « CMP » (Command Module Pilot) pour Richard Gordon et « LMP » (Lunar Module Pilot) pour Alan Bean.

Sans oublier les plaques d’immatriculation CDR XII, CMP XII et LMP XII !

La Stingray du LMP

Plaques d’immatriculation customisées

Les gardes du Centre Spatial Kennedy, étaient habitués à voir les trois Corvettes sortir en formation, et foncer à toute allure en direction de Cocoa Beach !

* Conrad et Gordon étaient dans la même unité et partageaient la même chambre sur le porte avion USS Ranger, et Alan Bean avait été l’un des élèves de Conrad lorsqu’il était instructeur à la « United States Naval Test Pilot School » à Patuxent River.

Raison d’état

Alors que les astronautes de la mission Skylab II sont sur le porte-avions Ticonderoga, le téléphone sonne, le Dr Chuck Ross, médecin responsable de l’équipage répond.

Un officier du Pont est à l’autre bout du fil : « Dr Ross, c’est pour vous, c’est la maison blanche »

« Les astronautes prennent une douche. »

« Le président veut vous parler personnellement. »

« Moi ? »  Le Dr Ross est à la NASA depuis assez longtemps pour savoir que les jours qui suivent la fin d’une mission, les blagues et autres plaisanteries sont monnaie courante.

 Incrédule il dit :« Oui, c’est Chuck Ross »

« Dr Ross, ici le président Nixon » Il y avait pas mal de bons imitateurs, mais là en l’occurrence ce n‘était pas le cas, il s’agissait réellement du Président.

« Oui Mr le président »

« Je sais que les astronautes sont en quarantaine, je voulais juste savoir comment ils vont »

« Très bien, ils se portent à merveille » Chuck Ross s’interroge encore sur la finalité de cet appel et pourquoi le président veut lui parler en particulier.

« Si je vous demande cela, c’est parce que je vais avoir un invité ce week-end qui aimerait beaucoup les rencontrer »

Le Dr Ross ne sait que trop bien de quel invité il s’agit… Leonid Brejnev, le secrétaire général du parti communiste de l’Union Soviétique est en visite officielle aux Etats-Unis.

Normalement les astronautes auraient dû rester en « programme de réadaptation » pendant trois semaines… Ils sont restés 28 jours en impesanteur.

« Bien sûr Monsieur le président, comme il vous plaira. »

Le 30 juin, voilà donc Pete Conrad, Paul Weitz et Joe Kerwin à la « Maison Blanche Occidentale »* devant les deux hommes les plus puissants du monde. 

Contre toute attente le dirigeant « ennemi » se montre très chaleureux et très admiratif. Leonid Brejnev semble apprécier tout particulièrement Pete Conrad. Il lui dit alors par interprète interposé : « Je souhaiterai vous inviter à dîner, vous et votre équipage à Moscou, au Kremlin… C’est vous qui choisissez la date ! »

Ce à quoi Pete Conrad répond : « J’irais n’importe où pour un repas gratuit, monsieur, mais je dois en parler à ma femme, je ne prévois jamais rien sans en discuter d’abord avec elle ! »

Il faudrait trouver une photo de l’événement pour voir la mine de Leonid Brejnev lorsque l’interprète lui a traduit les paroles de Pete Conrad… Sans parler de Richard Nixon !

Skylab-II-Nixon-et-Brezhnev
De g à d : Paul Weitz, Leonid Brejnev, l’interprète, Pete Conrad, Joseph Kerwin, Richard Nixon 

* « Western White House » est le nom générique donné par les médias américains aux résidences privées des Présidents américains. Nixon avait une somptueuse propriété en bord de la mer à San Clemente, Californie : La Casa Pacifica.