Un peu d’intimité pour Virgil Grissom

Lorsque la NASA décide de construire le « Centre des Vaisseaux Spatiaux Habités« , près de Houston au Texas, l’astronaute Virgil Grissom quitte la Virginie avec sa famille pour s’installer à Timber Cove, dans la banlieue de Seabrook, dans le comté de Harris, à quelques 20 minutes en voiture du MSC.

Grissom fera construire une maison en prenant des mesures drastiques pour protéger sa famille des médias et des curieux.

Ainsi la façade donnant sur la rue ne comportait aucune fenêtre, car il ne voulait pas qu’on  puisse l’espionner. Il a également fait construire une piscine dans le jardin afin de pouvoir se relaxer tranquillement, à l’abri des regards.

Il faut se rappeler qu’après son vol orbital, la maison de John Glenn, le nouvel héros de l’Amérique, avait dû être surveillée jour et nuit par la police, afin de refouler les hordes de curieux, parmi lesquels certains avaient même tenté de s’introduire chez lui !

Les fous du volant

Un matin, début 1963, six bolides flamboyants filent sur l’ « Interstate 45 » en direction de Houston.

Roulant à plus de 150 km/h, les six conducteurs slaloment entre les voitures parmi les automobilistes médusés, deux Corvettes doublent une voiture en même temps, l’une par la gauche, l’autre par la droite.

Ils se frayent un chemin, se faufilant entre les voitures au mépris du danger… En entrant dans la ville, ils ralentissent à peine, la course poursuite n’est pas terminée.

Il s’agit d’arriver le premier au parking situé devant l’immeuble Farnsworth & Chambers où se trouvent les bureaux provisoires de l’ « Astronaut Office ». Le nouveau centre spatial près de Houston n’est pas encore terminé.

Les voitures déboulent dans la parking à peu près en même temps. Les conducteurs en sortent. Que des astronautes, il y a Gus Grissom, Wally Schirra, Gordo Cooper, Deke Slayton, Jim Lovell et Pete Conrad.

Les fous du volant sont hilares. Donald Slayton allume alors un gros cigare et marmonne entre les dents : « P…. de Dieu, on devrait arrêter ces conneries. On va finir par se faire coincer par les flics ! »

Virgil Grissom, pas très loquace

Bien avant le premier vol Mercury, on demanda à Virgil Grissom de faire un discours dans une usine de la General Dynamics à San Diego en Californie.

John « Shorty » Powers (1922-1979), le responsable des relations publiques de la NASA (NASA Public Officer), lui proposa de lui écrire un petit « speech », mais ce dernier déclina l’offre, ce qui rendit Powers quelque peu nerveux.

Ce jour-là, devant les 18 000 personnes qui construisaient la fusée Atlas, Virgil Grissom s’approcha du micro, pris sa respiration et dit :

« Faites du bon travail ! »

Il se rassit… Pendant un moment la foule resta silencieuse… Puis tout le monde se mit à applaudir et à crier…

Plus tard, les techniciens accrocheront un écriteau dans l’usine qui disait : « Faites du bon travail » : Do good work !